3 vérités immaculées

Photo DR : Marie dans « Jésus de Nazareth » de Franco Zefirelli

Homélie pour la Solennité de l’Immaculée Conception

Genèse 3,9-20 / Psaume 97 / Ephésiens 1,3-12 / Luc 1, 26-38

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Chers Amis,

Peut-être que, comme beaucoup d’autres personnes, vous ne comprenez pas tout à fait ce dogme de l’immaculée conception que nous célébrons aujourd’hui.

Si vous avez tout compris… magnifique ! Mais peut-être est-ce un peu plus compliqué que ce que vous croyez avoir compris… Il y en a certainement parmi vous, ceci dit, qui savent déjà tout. Ce sera une répétition pour eux…

Le problème, c’est qu’on n’est pas aidés par la liturgie, à première vue. Eh non ! Parce que l’Evangile qu’on vient de relire nous parle de la conception virginale de Jésus – par Marie et l’Esprit-Saint – et comme cet évangile a été choisi pour la fête de l’immaculée conception qui n’a rien à voir avec ça, 90% des chrétiens sont persuadés que l’immaculée conception c’est la conception virginale de Jésus, l’épisode qu’on vient de réentendre ! Erreur totale ! Que vous ne faites pas, vous, j’espère.

L’immaculée conception c’est la conception immaculée de MARIE par ses parents, Anne et Joachim. Et surtout pas la conception virginale de Jésus, que nous fêtons à l’annonciation le 25 mars chaque année, c’est à dire… 25 mars… 9 mois avant le 25 décembre, la naissance de Jésus.

Alors qu’aujourd’hui on n’est pas du tout neuf mois avant la naissance de Jésus, on est le 8 décembre, c’est-à-dire 9 mois avant le 8 septembre, la naissance de Marie. C’est donc bien la conception de la petite Marie par ses parents dont nous parle ce dogme.

Ne confondons pas ces deux conceptions, ça n’a rien à voir !

La conception de Jésus se fait sans que Marie n’ait de relations charnelles avec un homme, c’est ce que l’on appelle une conception virginale.

Mais la conception de Marie est immaculée ça n’a rien à voir ! Immaculée, ça veut dire qu’elle est sans péché, et tout particulièrement sans le péché originel.

Seulement là aussi, on n’est pas aidés ! Parce qu’il y a un bon 90% des gens qui croient que le péché originel… c’est l’acte de chair. Alors que pas du tout ! Le péché originel, ça n’a rien de sexuel, chers Amis.

Le péché originel, c’est celui d’Adam et Eve, c’est l’orgueil. Avec à la base une tromperie du serpent. C’était notre première lecture, c’est pour ça qu’on la lit aujourd’hui. C’est le serpent qui fait croire à Adam et Eve que Dieu leur cache quelque chose, qu’ils seront plus heureux s’ils savent tout, et qu’en mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance, bien sûr, ils deviendront comme des dieux.

Leur péché, le péché originel, c’est qu’ils se prennent pour des Dieux. C’est l’orgueil, que nous avons tous… à plus ou moins grande échelle, je vous l’accorde… il y a des gens parmi nous qui en ont un tout tout petit peu, et puis il y a des gens comme moi qui en ont beaucoup trop ! On se soigne comme on peut !

C’est pour cela qu’en cette fête, nous avons relu l’histoire d’Adam et Eve en première lecture. Le problème c’est que là non plus on n’est pas aidés ! Par la langue française, cette fois-ci ! Parce que cette histoire a donné bon nombre d’expressions : croquer la pomme, goûter le fruit défendu, commettre le péché originel, autant d’expressions qui éveillent tout de suite dans notre esprit une relation charnelle. Alors que le péché originel, c’est pas ça. C’est juste l’orgueil.

Le péché d’Adam et Eve, c’est l’orgueil, le plus grand de tous les péchés mortels, nous dit l’Eglise. Le capitaine des capitaux. L’orgueil de croire qu’on est comme Dieu. L’orgueil de croire qu’on peut se passer de Dieu. L’orgueil de croire qu’on va gagner tout seul, qu’on va s’en sortir tout seul. L’orgueil de se croire supérieur à ses semblables. L’orgueil d’aller jusqu’à penser que Dieu ne nous aime pas complètement, qu’il nous cache quelque chose. L’orgueil d’oublier qu’il est allé jusqu’à donner son Fils pour nous sauver… de ce péché d’orgueil, justement.

L’orgueil, dont le contraire est… l’humilité et le service. Et qui est le modèle parfait de l’humble servante ? Marie, bien sûr. Il convenait donc que Marie soit préservée de ce péché des origines, l’orgueil.

Sinon, que signifieraient les mots que nous prononçons vous et moi, à la fin du chapelet : « Ô Marie conçue sans péché » ? …c’est bien de cela qu’il s’agit en la fête de l’immaculée conception.

L’immaculée conception, c’est donc Dieu qui prépare un être humain – la petite Marie – qui aura mission de donner naissance à son Fils.

Dieu, par Marie, vient préparer la route pour son Fils, en faisant naître sa future mère sans l’orgueil commun à toutes les autres créatures. C’est donc une bénédiction par avance pour nous aussi, c’est exactement ce que disait la deuxième lecture, la lettre aux Ephésiens: « Il nous a d’avance destinés à devenir des fils adoptifs. » Marie est notre mère aussi, l’Eglise nous le rappelle souvent.

Alors la dernière erreur qu’il ne faut pas commettre, c’est que ça ne fait pas de Marie une créature divine, autre erreur célèbre. Marie n’est pas divine, elle n’est pas l’hypothétique 4e personne de la Trinité. C’est une femme, comme une grande moitié de cette assemblée. C’est une femme. Une femme de Nazareth, petite bourgade de Judée.

Une femme sur laquelle on a plaqué un tel wagon de clichés que ça en devient comique, parfois. On la représente souvent, à chaque fois je m’en amuse, on la représente souvent blonde aux yeux bleus ! J’aime bien les blondes, chers Amis : ma fiancée jadis était blonde. Mais Marie blonde aux yeux bleus, avec la peau digne de Blanche Neige très souvent aussi… il y a un léger bug quelque part, pardonnez-moi… C’est une femme de Palestine, elle était probablement plutôt noiraude ou aux cheveux foncés, avec des yeux probablement sombres eux aussi – encore que certains là-bas ont les yeux bleus – mais avec en tout cas certainement la peau sacrément bronzée, pas blanche comme du lait.

Mais Marie, quelles que soient les représentations qu’on en fait, a bien quelque chose de supérieur à vous Mesdames et à nous Messieurs. Quelque chose qui ne fait pas d’elle une déesse mais quelque chose de supérieur à nous, c’est justement ce péché des origines qu’elle ne connaîtra jamais, l’orgueil.

Et c’est pour cette raison qu’on lit l’Evangile de Luc. Parce qu’on pourrait légitimement se poser la question, se demander pourquoi est-ce qu’on est allé nous embrouiller l’esprit, avec cet évangile qui raconte la conception de Jésus.

Mais c’est à cause des réponses de Marie qui disent son humilité.

L’Evangile nous montre que Marie n’a effectivement pas le péché d’orgueil. C’est ÇA, le rôle de ce texte aujourd’hui.

Il insiste sur un point : la première chose que Marie dit à l’ange… c’est pas « OUI », je vous signale. On en a fait la femme du OUI, moi le premier j’ai écrit jadis un spectacle qui s’appelait OUI, au sujet de Marie… mais ce n’est pas le premier mot qu’elle dit à l’ange. Le premier mot qu’elle dit à l’ange, vous l’avez entendu, c’est  « Comment » ? Comment c’est possible ? Comment ça va se faire ? Je comprends pas… Voilà l’opposé absolu de quelqu’un qui croit tout savoir. Voilà le signe de l’humilité… « Comment c’est possible ?« 

Et la seconde réponse qu’elle donne appuie encore cette démonstration : « Je suis la servante du Seigneur », le contraire absolu de l’orgueil, le contraire absolu d’Adam et Eve qui voulaient se croire à l’égal de Dieu. « Je suis la servante du Seigneur » Raison aussi pour laquelle on appelle Marie « la nouvelle Eve ». Si Eve était « la vivante », Marie est la « plus-que-vivante » !

Je vous rassure chers Amis… le cours de théologie est presque fini… je suis rude avec vous à 10 heures et quart du matin ! Mais à entendre ce que me disent les paroissiens à qui je fais cette homélie chaque année, qui me disent qu’on ne leur a jamais expliqué ça… je me dis que c’était peut-être pas mal de le rappeler… que cette fête, on ne la comprend pas toujours très bien.

Trois textes, aujourd’hui, donc :

1 – Le premier, la lettre aux Ephésiens, qui nous rappelle que cette bénédiction par avance, c’est la conception de la petite Marie.

2 – Le deuxième, la Genèse, qui nous rappelle que le péché des origines, c’est l’orgueil. Pas autre chose.

3 – Le troisième, l’Evangile, qui nous dit que tout cela ne fait pas de Marie une déesse, mais une humble servante. Une humaine comme chacune de vous, Mesdames.

Si vous retenez ces trois choses, chers Amis, et mieux, si vous les redites autour de vous, vous aurez déjà rendu un immense service à votre Dieu. Une façon, aussi, de Le servir humblement, à votre tour à la suite de Marie.

Vous aurez fait reculer ce 90% d’incompréhension, histoire que peu à peu, dans les années qui viennent, on sache toujours mieux ce que l’on célèbre en ce 8 décembre.

Pour ne pas oublier ces trois points, nos deux humbles servantes d’aujourd’hui vont vous distribuer maintenant une petite feuille qui rappelle cela et sur laquelle j’ai mis une image de Marie moins habituelle que les statues blondes aux yeux bleus, celle de Zeffirelli dans Jésus de Nazareth.

Amen.

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Vex, jeudi 7 décembre 2017, 18.30

Evolène, jeudi 8 décembre 2016, 10.00 (version enregistrée)

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Dans une version amplifiée :

Cathédrale de Sion, lundi 8 décembre 2014, 17.00

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Dans une version simplifiée :

La Luette, dimanche 8 décembre 2019, 18.30

Hérémence, lundi 8 décembre 2014, 9.00

Sanctuaire de Crételles, samedi 8 décembre 2012, 10 h. 30

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