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Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent A
* RETRAITE SPIRITUELLE DE L’AVENT *
Isaïe 2,1-5 / Psaume 121 / Romains 13, 11-14a / Matthieu 24, 37-44
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« Attends, j’étais pas prêt ! »
Combien de fois avons-nous prononcé cette phrase jadis, quand nous étions enfants, dans les cours de récréation, quand on faisait la course par exemple, et qu’un camarade partait le premier : « Attends, j’étais pas prêt ! Allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt, on recommence, d’accord ! »
Je vois à certains sourires que ces souvenirs sont encore bien vivants…
Dans nos vies d’adultes, on aimerait bien, parfois, pouvoir redevenir des enfants. Par exemple pour prononcer cette phrase.
Face au bus ou face au train qui part sans nous : « Non, allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? Juste une seconde, rouvrez les portes, s’il vous plaît… »
Face à notre réveil TOUS LES MATINS : « Non, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? Juste encore cinq petites minutes… »
Face à la neige qui débarque un peu plus tôt que prévu : « Non, allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? Juste un jour ou deux, que je puisse aller au garage mettre les pneus d’hiver… »
Et qu’est-ce qu’on aimerait pouvoir dire cette phrase le jour de notre mort, lorsqu’elle viendra nous emporter : « Non, allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? Juste encore quelques années… »
Vous voyez, chers Amis, j’ai fait 17 ans de scoutisme. La devise bien connue des scouts, c’est « Toujours prêt ! » Pourtant, quand j’y repense… force est de constater que – anciens scouts ou non – nous ne sommes pas toujours prêts dans nos vies. Loin de là, même.
Vous me direz, il y a des événements auxquels on peut se préparer et d’autres non. C’est vrai.
La neige qui tombe plus tôt que prévu, c’est imparable. La mort qui survient on ne sait quand dans nos vies, c’est imparable. Pourtant dans les deux cas on SAIT que ça va arriver. La neige comme la mort. Et on peut s’y préparer, si on y réfléchit honnêtement.
C’est imparable, mais ce n’est pas impréparable. C’est prévisible, même. Autant s’y préparer.
Quant au réveil-matin, non seulement c’est prévisible mais c’est NOUS-MÊMES qui l’avons réglé, je vous signale ! Ah oui, on n’imagine pas un réveil qui déciderait, tout seul pendant la nuit, de reculer son alarme d’un quart d’heure juste pour nous embêter. Non, c’est gentil un réveil-matin… Il sonne quand on le lui a demandé.
Le bus ou le train, même chose : ils indiquent leurs horaires, on sait TRES BIEN à quelle heure ils partent – à moins qu’ils ne soient en avance mais c’est plutôt l’inverse en général !
Nous sommes donc un tout petit peu-à-la rigueur-éventuellement-peut-être-quand-même de mauvaise foi quand on dit : « Non, allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? »
Il y a même des habits en vente sur internet, figurez-vous, avec ce slogan appliqué aux vacances : « On peut recommencer les vacances ? J’étais pas prêt. » ! Ça s’applique aussi au week-end, on en trouve aussi, j’en ai vu un récemment : « On peut recommencer le week-end ? J’étais pas prêt. » Magnifique…
Parfois on est même de TRES mauvaise foi. Alors qu’on a demandé quelque chose de façon répétée depuis des mois et des mois – tout en espérant secrètement que cela arrive le plus tard possible – on s’entend dire au moment où cela se produit : « Ah non, je n’ai jamais demandé ça ! J’étais pas prêt ! »
Vous ne me croyez pas ? Pourtant vous avez TOUS un exemple en tête… cherchez bien…
Le retour du Seigneur, chers Amis.
Ah oui, le retour du Seigneur, on le demande, on l’attend, ça habite la plupart de nos prières – « Viens, Seigneur ! », « Ah Seigneur, si tu revenais dans notre monde, que les choses iraient mieux ! » – mais est-ce qu’on attend VRAIMENT qu’il revienne ? S’il arrivait, là, maintenant, qu’est-ce qu’on dirait ?
« Ah Seigneur, que je suis content de vous voir ! Allez donc vous occuper de tout ce qui ne va pas dans notre monde. J’aime mieux vous dire que vous avez du boulot, hein ! »
…et le Seigneur nous dirait : « Mais… c’est pour TOI que je suis venu. Est-ce que tu es prêt à me recevoir ? Toi qui commences aujourd’hui le temps de l’Avent, pour m’attendre… Est-ce que tu es prêt à ce que j’arrive dans ta vie ? Es-tu prêt à discuter avec moi de ta vie ? Es-tu prêt à me rendre compte de la vie que je t’ai confiée ? Comment as-tu aimé, par exemple, dans ta vie ? Aime ton prochain… aimez-vous les uns les autres… tu sais ? Quand tu critiquais ton prochain, l’autre jour dans la rue, à la boulangerie, sur le parvis de l’église en sortant de la messe, je t’ai entendu tu sais… Es-tu VRAIMENT prêt à me recevoir ? »
« Non, allez, Seigneur, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? Repartez, vous reviendrez plus tard… »
Vous voyez, chers Amis, tout le temps de l’Avent essaie de nous préparer à la venue du Seigneur.
C’est sa venue symbolique, bien sûr, à Noël, que nous célébrons chaque année. Mais aussi sa venue réelle, lorsqu’il reviendra dans la gloire. Et ça, ça peut être demain. Aujourd’hui. Ce soir. Là, tout de suite, maintenant ! …[silence]… ben non, c’était pas là.
Mais il faut s’y préparer. Il est tout à fait possible qu’il revienne demain, ou bien dans cent ans… qui peut le dire ? Ça arrivera. Ça va arriver. Isaïe nous le prédit, dans la première lecture. Le Seigneur vient pour arbitrer notre monde, pour rendre justice aux bons. Sommes-nous prêts ?
L’Evangile le disait aussi : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas, nous disait Jésus, que le Fils de l’Homme viendra. » Sommes-nous prêts ?
La deuxième lecture le disait aussi. Paul usait de la même image que moi tout à l’heure avec le réveil-matin. Rappelez-vous, il disait aux Romains, nous l’avons entendu il y a quelques instants, il disait : « C’est le moment ! L’heure est venue de sortir de votre sommeil ! » Sommes-nous prêts ?
Le temps de l’Avent est là pour qu’à Noël, personne de nous ne puisse dire, de mauvaise foi : « Non, allez, c’est pas du jeu, j’étais pas prêt. On recommence, d’accord ? »
Préparons la venue du Seigneur, chers Amis. Pas seulement en décorant nos maisons, nos rues, nos sapins. Mais en décorant nos cœurs pour l’accueillir à nouveau cette année.
Qui sait ? Il reviendra peut-être pour de bon, cette fois ! Ce serait pas mal qu’on soit prêts, non ?
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Les Haudères, samedi 26 novembre 2016, 20.00 (version enregistrée)
Evolène, dimanche 27 novembre 2016, 10.30
Euseigne, dimanche 27 novembre 2016, 18.00
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