Cloud Atlas

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Photo DR : www.allocine.fr
 

Film germano-américain de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

(sortie 13 mars 2013)

Avec Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbend, Hugo Weaving, Doona Bae…

Performance, dans tous les domaines, « Cloud Atlas » est l’adaptation d’un livre réputé inadaptable de David Mitchell. Inadaptable parce que fait de six histoires, à six époques différentes, de six genres littéraires différents, imbriquées si subtilement les unes dans les autres qu’elles finissent par ne faire plus qu’une.

Il fallait la folie des Wachowski’s pour oser cela, leur talent aussi, et l’association fructueuse de Tom Tykwer.

Six en un

Listons tout d’abord ces six périodes, ces six genres littéraires, ces six histoires:

1849 – historique

Adam Ewing, jeune avocat de San Francisco, se rend sur les îles Chatam (Pacifique) pour des affaires. Il y découvrira l’horreur de l’esclavage, et c’est le trajet du retour qui sera pour lui un véritable chemin de croix au cours duquel les bons et les méchants se révéleront n’être pas forcément ceux que l’on croyait.

1936 – drame

Robert Frobisher, jeune musicien anglais, travaille pour le célèbre compositeur Vyvyan Ayrs. En parallèle, il compose « The Cloud Atlas Sextet », oeuvre maîtresse. Il aime secrètement Rufus Sixsmith, bonheur et drame de sa vie.

1973 – thriller « seventies »

Luisa Rey, journaliste d’investigation, rencontre un scientifique spécialisé dans le nucléaire. Elle enquête sur un sombre complot entre lobbys du nucléaire et du pétrole et prendra tous les risques pour tenter de révéler la vérité et de confondre les coupables.

2012 – comédie

Timothy Cavendish, éditeur retraité, est envoyé contre son gré dans une maison de retraite plutôt musclée. Opposés à l’effroyable infirmière Noakes, Cavendish et quelques autre pensionnaires de la maison de retraite imaginent un plan pour s’évader.

2144 – Science Fiction

Sonmi-451, clone-serveuse dans un fast-food, est interviewée avant son exécution. Elle a découvert avec l’aide d’un rebelle, une vérité qu’elle ne peut plus taire. Mais le consortium « Unanimité » qui dirige ce monde est puissant et met tout en oeuvre pour l’empêcher de témoigner.

106 années après « La Chute » – aventure post-apocalyptique 

Zachry est membre d’une tribu restée sur terre suite à une « apocalypse », revenue à un mode de vie primitif et opposée à une tribu de sauvages cannibales. Ce monde est visité régulièrement par des « prescients », technologiquement très avancés (ironie en forme de renversement de la première des six histoires : les primitifs ont la peau blanche, les prescients sont métissés…). Entre peur et libération, Zachry, aidé d’une presciente, va tenter d’exorciser son passé et de changer son avenir et celui des siens.

Trois en un

Le génie de « Cloud Atlas » est de faire tenir tout cela ensemble, imbriqué, autour d’un fil rouge sans cesse répété : tout est lié, nos actions ont des répercussions dans le temps mais tout peut être repris à frais nouveaux, car rien n’est écrit d’avance.

« Tout est lié »… on connaît. C’est évidemment « 2001, l’Odyssée de l’espace » pour ne citer qu’un film, auquel les Wachowski avouent faire sciemment référence avec « Cloud Atlas ».

« Tout peut être repris à frais nouveaux »… on connaît aussi. « Les Misérables » de Lelouch en sont une des illustrations, la référence au cinéaste français étant faite par beaucoup – pas toujours de manière sympahique – concernant « Cloud Atlas ».

« Rien n’est écrit d’avance », on connaît aussi. Risquons-nous à citer « Avatar » auquel bien des scènes futuristes de « Cloud Atlas » font plus ou moins explicitement référence.

On connaît, oui… Mais les trois postulats posés en même temps dans le même film, c’est intéressant !

Un pour tous

Et c’est là que le regard chrétien se pose indéniablement sur cette oeuvre. Il faudrait revoir le film des dizaines de fois pour y repérer – tout comme dans « Matrix » des mêmes Wachowski – les références bibliques innombrables, les personnages prophétiques (jusqu’au nom du dernier, Zacharie, dernier prophète de l’ancien testament, justement), les figures christiques (se sacrifier pour ses frères, au nom d’une vérité que les puissants ne pourront tout de même pas empêcher de passer), la trame narrative reprenant les grands mythes fondateurs de l’humanité, etc. Des études seront faites sur cet incroyable scénario, à n’en pas douter.

Mais plus que tout, c’est l’idée d’une résurrection finale qui imprègne toute la trame – avec la question « crois-tu en la résurrection ? » posée bien au milieu du film, et ne recevant de réponse que par les actes qui suivront.

Non, les personnages ne se « ré-incarnent » pas, contrairement à ce que certains critiques ont voulu voir dans ce film, le passant faussement à la sauce bouddhiste. Ce sont bien des personnages différents que nous suivons à travers les époques, mais joués par les mêmes acteurs. Le « Rufus Sixsmith » que l’on retrouve en 1936 et en 1973 n’est justement pas le même personnage, et ce nom (six « Smith »), montre qu’en six histoires, on trouve des personnages de la vie courante (Smith est notre Dupont francophone) vécus de six manières différentes.

Tout l’intérêt est là. Ce que j’ai fait dans ma vie marque l’histoire et le temps. Cela sera peut-être repris à frais nouveau par d’autres, plus tard. Et le tout s’inscrit dans une logique qui ne tient pas de l’éternel recommencement mais de l’éternelle évolution.

Tous pour un

Si l’on peut se laisser prendre au jeu permanent du « Où est Charlie ? » auquel le spectateur est confronté, cherchant Tom Hanks derrière les maquillages ébouriffants des différentes époques, il ne faut évidemment pas s’arrêter à cela. Sans quoi « Cloud Atlas » prend des airs de belle performance technique mais sans âme. Il faut aller plus loin, s’identifier à certains personnages des premières époques, oser rêver à nos successeurs des époques suivantes, découvrir qu’ils seront confrontés aux mêmes problèmes (les sept péchés capitaux sont tous parfaitement illustrés, à chaque époque) et aux mêmes efforts pour s’en sortir (idem pour les vertus, notamment les cardinales Foi – Espérance  Charité-Amour).

« Cloud Atlas » est beaucoup plus qu’une performance technique et artistique, c’est une immense fresque, un gigantesque conte, un hallucinant voyage, peut-être l’histoire de l’humanité….

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