Conscients de nos imperfections

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Photo DR : www.lebulletin.com

 

Homélie pour le 31e dimanche TO, année A

 

Malachie 1,14b-2,2b.8-10 / Psaume 130 / 1Thessaloniciens 2,7b-9.13 / Matthieu 23, 1-12

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

 

Chers Amis,

 

Il y a quelques temps, une jeune du village, ici à Evolène, me dit :

 

–      Tu sais, Vincent, moi, tu ne me verras pas souvent à la messe. Le grand bal des hypocrites, très peu pour moi ! Tous ces gens qui se croient de bons chrétiens et qui disent du mal des autres dès qu’ils sont sortis de l’église, je ne veux pas en faire partie…

 

Voilà ce que me disait cette jeune de notre village. Je crois qu’elle se trompe. Et je le lui ai dit.

 

Non pas lorsqu’elle dit qu’en ressortant de l’église il nous arrive de dire du mal des autres, sur ce point-là je crois qu’elle a hélas plutôt raison, soyons honnêtes. En tout cas, à moi ça m’arrive, je me dois d’être honnête.

 

Mais je crois qu’elle se trompe sur un autre point : vous n’êtes pas des hypocrites, chers Amis, vous ne vous croyez pas les meilleurs chrétiens, vous ne vous croyez pas des gens parfaits.

 

« L’Eucharistie, disait le pape François, ce n’est pas l’aliment des parfaits, c’est le remède des pécheurs. » C’est pas tout à fait la même chose !

 

Celui ou celle dans cette église ce matin qui se croit parfait n’a rien à faire ici. L’Eucharistie n’est pas le repas des parfaits, des élus, des gens qui seraient meilleurs que les autres.

 

C’est une assemblée de pécheurs, ici ! Présidée par un pécheur, moi !

 

Eh oui, Jésus n’a pas appelé des gens parfaits pour diriger son Eglise. Pierre est quand même celui qui a renié le Christ, excusez-moi mais on est assez loin de la perfection pour le premier chef de l’Eglise.

 

Le prophète Malachie le rappelait très bien dans la première lecture, les prêtres ne sont hélas pas les meilleurs d’une assemblée, loin de là parfois.

 

Le pape François n’est pas, lui non plus, un homme parfait. Il le dit lui-même. C’était très beau, le lendemain de son élection, un journaliste lui a demandé « Qui êtes-vous ? » et il a répondu : « Un pécheur. »

 

L’Eglise, ce n’est pas l’assemblée des gens parfaits.

 

Et si quelqu’un se croit parfait en venant ici et pense recevoir l’Eucharistie comme un mérite, une couronne à sa perfection, je demande à cette personne de sortir maintenant ! Cette personne n’a rien à faire ici. Rien.

 

L’Eglise, l’assemblée du dimanche, chers Amis, c’est justement le rassemblement de ceux qui ont conscience qu’ils ne sont pas parfaits, qu’effectivement il leur arrive de dire du mal des autres, de ne pas tout faire comme il faudrait.

 

Saint Paul le disait très bien dans un passage de ses lettres : « Je fais parfois le mal que je ne voudrais pas et pas toujours le bien que je voudrais… » Et pourtant c’est Saint Paul !

 

Nous venons à cette table prendre des forces pour le chemin…

 

Nous venons recevoir l’Eucharistie non pas comme la récompense d’une perfection, mais bien comme un médicament qui vient en aide à notre imperfection.

 

L’Eucharistie, c’est d’abord l’aliment de ceux qui reconnaissent qu’ils ont encore à cheminer sur le chemin de la perfection. C’est une preuve d’humilité que d’être assis dans cette église ce matin, chers Amis. C’est une preuve d’humilité que de s’approcher de cette table. Ce n’est pas une preuve d’hypocrisie, au contraire !

 

–      Et toi, ai-je répondu à la jeune fille du village, tu es parfaite, toi ?

–      Moi ? Ah non, sûrement pas ! m’a-t-elle dit.

–      Alors, ai-je continué, tu ne crois pas que ta place serait plutôt justement avec nous à l’église le dimanche matin, avec les gens qui ne sont pas parfaits, comme toi ? Ou bien peut-être penses-tu que tu n’as pas besoin de Dieu ?

 

Un autre signe de votre présence ce matin, chers Amis, c’est que vous, vous savez que vous avez besoin de Dieu. C’est pour ça que vous êtes là, et que je suis là. Nous avons besoin de Dieu.

 

C’est ce que nous sommes venus faire ici.

 

Nous sommes venus prier, soit pour dire merci soit pour implorer, et prier c’est reconnaître que nous avons besoin de Dieu, qu’il y a plus grand que nous.

 

Nous sommes venus nous nourrir de la Parole de Dieu – qui est efficace, c’est pas un simple bouquin ! Elle a un principe actif, comme un médicament, et ça c’est Saint Paul qui le disait dans la deuxième lecture : « vous l’avez accueillie, cette parole, disait-il, pour ce qu’elle est : une parole qui est à l’œuvre en vous. » Comme un médicament. Elle a un principe actif.

 

Et nous sommes aussi venus recevoir Dieu en nous non seulement par sa Parole mais par l’Eucharistie.

 

Non pour nous croire les meilleurs, nous serions alors rabaissés comme le disait l’Evangile. Mais justement parce que nous nous savons petits, nous nous savons faibles, et nous laissons ainsi Dieu agir en nous pour nous élever.

 

Nous sommes, le psaume le disait très bien, comme un petit enfant blotti contre sa mère – ça fait du bien parfois de se blottir dans les bras de sa maman – nous sommes comme un petit enfant blotti dans les bras de sa maman, nous reconnaissons que nous avons besoin de cette présence maternelle de Dieu dans notre vie.

 

Et si par le plus grand des hasards nous reconnaissions quand même en nous un peu de cette hypocrisie que dénonçait Jésus, dans l’Evangile, ou la jeune fille dont je vous parlais, eh bien ayons l’humilité de le confesser, reconnaissons l’Eucharistie comme un remède qui peut nous aider sur ce chemin.

 

Et ça, ça nous pourrions le dire à la sortie tout à l’heure, sur le parvis ! Nous pourrions dire à nos jeunes qui se demandent ce que nous venons faire ici, que sommes venus chercher des forces, chercher de la joie, chercher un remède pour nos imperfections.

 

Parce que nous sommes conscients, justement, de ne pas être les meilleurs…

 

Et Dieu qu’il fait du bien, ce remède ! Et Dieu qu’elle fait du bien, cette prise de conscience !

 

Enfin, je ne sais pas pour vous… mais pour moi en tout cas, c’est certain !

 

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Evolène, dimanche 5 novembre 2017, 10.30

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