De Devos à Kennedy

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Homélie pour le 33e dimanche TO, année C 

 

Malachie 3,19-20a / Psaume 97 / 2Thessaloniciens 3,7-12 / Luc 21,5-19

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

« Vous lisez l’Horoscope, vous ?

Ce matin, je lis dans mon Horoscope: « risque d’accidents« 

Alors tout à l’heure, au volant de ma voiture, j’étais comme ça…

… regardant à droite à gauche.

– Rien, rien !

Je me dis:

– Je me suis peut-être trompé.

Le temps de vérifier dans le journal qui était sur la banquette arrière

paf … ça y était ! »

Ce n’est qu’un sketch, je vous rassure… c’est Raymond Devos. qui a écrit ce que je viens de vous dire, Raymond Devos que j’ai eu la chance d’interpréter jadis et même de rencontrer dans mon passé de comédien. Il avait écrit ce sketch pour se moquer des horoscopes et des personnes qui les lisent…

Arrêtons avec nos prédictions, nos horoscopes, nos Nostradamus, nos prophètes de malheur, chers Amis !

A chaque tremblement de terre, à chaque montée des eaux à Venise – il y en a encore eu récemment – à chaque typhon, à chaque tsunami, on nous ressort la vieille rengaine : « ça va mal, le monde court à sa perte, untel l’avait bien dit d’ailleurs, jadis… »

C’est fatigant à la longue.

Quand ce n’est pas l’inévitable refrain de ceux qui viennent dire que c’est une punition divine.

Ou les autres qui viennent nous dire, avec un petit sourire en coin : « Alors, hein ? S’il est vraiment tout puissant, ton Dieu, et s’il existe vraiment, comment ça se fait qu’il y ait toutes ces catastrophes sur la terre, comment ça se fait qu’il ait laissé mourir toutes ces personnes dans un tremblement de terre, s’il existe vraiment, s’il est vraiment tout puissant ? »

Nous pouvons leur répondre, Chers Amis.

D’abord non, notre Dieu n’est pas un Superman, ce n’est pas un être Tout-Puissant. il est tout puissant en Amour, ce n’est pas la même chose.

Ce n’est pas un grand-maître qui dirigerait tout – et nos vies par la même occasion – comme des marionnettes ! Parce qu’alors ça voudrait dire que nous ne sommes pas libres, or Dieu nous veut libres. Il ne dirige donc pas nos existences comme un marionnettiste. Il nous laisse le libre-arbitre, y compris celui de bousiller notre planète, ce libre-arbitre dont nous ne nous privons pas, malheureusement.

Mais il est tout puisant en amour.

Comme le père voit sa grande fille sortir tard le soir, il fait confiance, et secrètement il se fait beaucoup de souci pour nous. Et si la fille en question rentre la tête basse au petit matin, après avoir fait une bêtise, eh bien ce père l’accueille, d’abord et avant tout, les bras ouverts. C’est ça, un père, tout puissant en amour. Et Dieu est comme ça avec nous.

Alors évidemment, quand on joue avec le feu en polluant notre planète, en déréglant le climat, en laissant des inconscients tripoter des substances toxiques au point d’en empoisonner les océans, Dieu nous laisse faire. il se fait du souci, mais il nous laisse faire.

Il a confiance en l’être humain. Il sait que l’être humain est capable de mieux que cela.

Et quand un tsunami, un tremblement de terre survient, phénomène naturel certes, mais peut-être-éventuellement-à-la-rigueur-quand-même dû à nos énormes bêtises en matière d’écologie, eh bien Dieu ne vient pas nous dire « Voilà ! Je vous l’avais bien dit », il ne vient pas dire « C’était marqué dans votre horoscope » ou bien encore « Nostradamus l’avait prédit ». Non.

il vient nous dire « Je t’aime, toi, ma Créature. Et au travers de cette catastrophe qui était probablement inévitable, vu où en est notre pauvre planète, eh bien je vais te révéler le meilleur de l’être humain »

Parce qu’à travers chaque catastrophe, Chers Amis, le meilleur peut aussi se révéler. Les sauveteurs, la générosité des gens de l’autre bout du monde, parfois, l’amour qui transcende toutes les couleurs de peau, toutes les races, toutes les religions, tous les pays quand il s’agit d’aider un autre être humain, quelque part, qui souffre.

Que de gestes magnifiques à chaque catastrophe, chers Amis ! Que de solidarité entre nous ! Et de là haut, notre Dieu tout puissant en Amour nous dit : « C’est comme ça que je t’aime ! C’est comme ça que j’aime l’être humain que j’ai formé. C’est cet Amour-là, cet Amour de son frère, de sa sœur, que j’ai mis en lui, c’est ça qui me fait espérer encore, envers et contre tout ! »

Et vous voyez, Chers Amis, dans l’Evangile de ce matin, Jésus nous dit qu’on entendra parler de ces catastrophes, de guerres, de tremblements de terre, de grands signes dans le ciel.

Et certains, en lisant cet Evangile, du coup, notent qu’effectivement on vit ces signes, actuellement, dans les temps présents. Et ils se disent : « ça y est !  c’est l’Apocalypse ! »

Et en fait on se le redit à chaque catastrophe naturelle depuis 2000 ans. Alors que ces signes reviennent, régulièrement.

Mais on oublie de lire la phrase suivante …que vous avez pourtant entendue, ce matin. Elle passe comme ça, sans qu’on l’entende vraiment. Cette phrase de Jésus qui dit : oui, il y aura tout cela… « mais ce ne sera pas encore la fin. »

Elle était dans l’Evangile, cette phrase ! Ce ne sera pas encore la fin.

Par contre, et c’est dit aussi dans l’Evangile de ce matin, tout cela nous donnera « l’occasion de rendre témoignage.»

Une catastrophe, une guerre, un grand malheur peuvent provoquer des choses immondes, mais tout cela peut aussi révéler le meilleur de l’être humain, le plus beau de son coeur : la fraternité, la solidarité, le sentiment que « nous habitons tous la même petite planète, que nous respirons tous le même air, que nous chérissons tous le bonheur de nos enfants, et que nous sommes tous mortels. »

Cette dernière phrase n’est pas de moi mais d’un homme dont nous ferons mémoire de l’assassinat dans quelques jours,  il y a 56 ans, le président Kennedy.

Laissez-moi vous redire cette belle phrase qu’il nous avait dite : « nous habitons tous la même petite planète, nous respirons tous le même air, nous chérissons tous le bonheur de nos enfants, et nous sommes tous mortels. »

A travers les problèmes de ce monde, Chers Amis, l’important ce n’est pas tellement ce que nous disent les horoscopes, les prophètes d’aujourd’hui, là où à l’époque de Jésus on avait aussi les prophètes de l’Ecriture, comme Malachie que nous avons entendu en première lecture.

L’important, ce n’est pas tellement d’annoncer des malheurs. L’important, ce n’est pas non plus d’en chercher l’auteur, encore moins de croire que ce serait Dieu qui en serait la cause. L’important, ce n’est pas d’imaginer ce qu’ils annoncent, éventuellement, ces malheurs.

L’important quand on est Chrétien, comme vous et moi, quand on est Humain tout simplement, c’est de se demander comment on va les traverser, ces malheurs. Avec notre foi, avec la fraternité que Dieu a mis en nous. Comment, d’une situation catastrophique, on va pouvoir tirer un petit supplément d’humanité, de solidarité, de fraternité.

« Vous savez bien ce qu’il faut faire », disait Paul dans la deuxième lecture. Vous savez bien ce qu’il faut faire… Chacun travaille pour manger son pain quotidien, chacun oeuvre à sa manière à ce que notre monde aille mieux. Vous et moi.

Chacun à sa place, chacun à sa façon. Chacun sait donner un peu de ce qu’il a – quelques sous, du temps, du talent…

Ce n’est pas une catastrophe naturelle qui va nous faire perdre espérance dans le genre humain, tout de même !

Ce n’est pas parce qu’on lit un horoscope qui nous prédit un accident de voiture qu’il faut être sur ses gardes toute la journée, comme dans le sketch de Raymond Devos.

Ce n’est pas parce que des prophètes de malheur nous annoncent la fin du monde que cela nous dispenserait d’être humains, charitables, porteurs d’espérance. « Nous habitons tous la même petite planète, nous respirons tous le même air, nous chérissons tous le bonheur de nos enfants, et – c’est vrai – nous sommes tous mortels. »

Alors œuvrons ensemble pour qu’en ayant conscience de tout cela, nous puissions rendre le monde meilleur en agissant juste autour de nous déjà, à notre petite place à nous, dans notre ville, dans notre communauté, dans notre pays. C’est ainsi qu’ensemble, nous dessinerons peu à peu le visage du Christ, cette humanité que Dieu a tant aimée et en laquelle il continue d’espérer.

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Aigle, dimanche 17 novembre 2019 (version enregistrée)

Euseigne, dimanche 17 novembre 2019

Et, dans une version légèrement différente jadis :

La Sage, samedi 12 novembre 2016, 20.00

Hérémence, dimanche 13 septembre 2016, 9.00

Flanthey, samedi 16 novembre 2013, 17.00

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