Hunger Games II – L’embrasement

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Photo DR : www.fan2.fr

 

Film de Francis Lawrence (sortie le 27 novembre 2013)

Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Donald Sutherland

 

Deuxième épisode de la trilogie des Hunger Games, d’après les trois livres palpitants de Suzanne Collins, « Hunger Games II – L’embrasement » apparaît d’emblée comme un excellent « II »… Histoire plus sombre que celle du premier volet, personnages plus profonds et complexes, rebondissements et monumentale perche tendue vers le troisième et dernier opus…

Il serait très réducteur de ne retenir que cet aspect d’un film qui fait un malheur chez les adolescents, et certains adultes – dont je suis.

Tout d’abord c’est une excellente adaptation du livre – et Dieu sait si la chose est rare au cinéma – ce qui était déjà le cas du premier film de la trilogie. Un livre réputé d’emblée inadaptable puisque écrit à la première personne. Au fil des pages, on est à l’intérieur des pensées et de la vision de l’héroïne, Katniss, ce qui est redoutable à rendre au cinéma.

Ensuite, une fois encore, impossible de ne pas noter la performance des artistes maquilleurs et coiffeurs qui ont travaillé pour ce film. La ville du Capitole est peuplée de personnages au look improbable et fascinant. On aurait très bien pu verser dans le Jean-Paul Gauthier façon Jeunet et Caro, et rendre les personnages laids et incrédibles. Au contraire, Trish Summerville et son incroyable équipe (davantage de maquilleurs que de cascadeurs au générique !) ont créé des costumes et des coiffures qui sont crédibles dans un futur de quelques décennies, et qui offrent aux personnages du Capitole la beauté que leurs coeurs ont définitivement perdue.

Côté acteurs, Jennifer Lawrence est bluffante, une fois de plus. Ses expressions, le moindre de ses regards, ses sourires en demi-teintes, ses attitudes, tout sonne parfaitement juste, tout est parfaitement interprété, vécu. On ne peut en dire autant des acteurs qui lui donnent la réplique, exception faite de l’immense Donald Sutherland qui incarne un président Snow glacial, inquiétant, malsain, une personnification du pouvoir – selon ses propres dires – si on laisse se poursuivre la manière actuelle de gouverner des « grands » de ce monde.

Côté scénario, l’histoire du premier volet se poursuit. Dans un futur de quelques décennies, les gagnants des 74e Hunger Games – Peeta et Katniss – sont rentrés dans leur district mais vont devoir participer à la tournée des vainqueurs, une manière de promener les élus dans les autres districts, ces zones réduites en esclavages par la grande ville du Capitole. La partition écrite par les gouvernants connaît quelques fausses notes, et les héros ne peuvent donner longtemps le change face à des districts révoltés contre le pouvoir en place. Il faut éliminer ces vainqueurs devenus gênants, et le président Snow, en la matière, grâce à son nouveau Juge Suprême, n’est pas en manque d’idées.

Le regard chrétien sur cette oeuvre doit évidemment – pour être complet – attendre le troisième volet. Mais il se pose avec intérêt sur ce deuxième épisode, notamment en ce qui concerne l’espérance. Une vertu qui est utilisée négativement par le pouvoir, et incarnée positivement par l’héroïne – à son corps défendant d’ailleurs. Les artifices, le paraître, le bling-bling sont fortement critiqués au profit de personnages plus simples et moins flamboyants. Les flammes des costumes de Katniss et Peeta en sont l’un des symboles : pour la galerie il faut du spectacle, mais tout cela est vain en rapport avec le coeur et ses raisons que la raison ignore.

Comment ne pas relever la scène du banquet chez le président, où Peeta note à juste titre que les très riches ont inventé des boissons vomitives pour pouvoir se goinfrer toute la soirée là où les gens de son district meurent de faim… tout en étant nourris de valeurs dont les premiers salivent. On est proches de nos « civilisations », de nos régimes dangereux et de nos ados qui se goinfrent, puis se font vomir, approchant paradoxalement l’anorexie dans bien des cas.

Impossible de ne pas penser au régime nazi (les oriflammes verticaux notamment, les méthodes d’endoctrinement des masses, l’aspect impitoyable de la raison d’Etat…), à l’Empire Romain (l’arène de présentation des candidats – qui arrivent sur des chars tirés par des chevaux, et le principe même de cette saga – l’amour et la foi face au pain et aux jeux), à la télé-réalité (Stanley Tucci toujours aussi génial en présentateur télévisé alliant Nikos Aliagas, Jean-Pierre Foucault et Thierry Ardisson en un même insupportable personnage)…

Comme le disait un spectateur près de moi : « Comme Rollerball à l’époque, le scénariste a pris notre époque et tiré des traits sur plusieurs décennies pour montrer ce qui va se passer si l’on continue dans la même direction. » On ne saurait mieux dire.

Un film à voir, après avoir vu le premier volet (pas de résumé en début de film, on est supposés avoir vu le début), et en attendant le troisième avec impatience.

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