Hunger Games – La Révolte 1

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Photo DR : www.metronews.fr

Film américain de Francis Lawrence (sortie le 19 novembre 2014)

Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth…

Voici donc la suite des aventure de Katniss Everdeen.

Attention, tout comme lors du deuxième épisode, pas de résumé de l’histoire au début ! Il est donc conseillé d’avoir bien en tête les deux premiers films – ou de les revoir – avant de se lancer dans celui-ci.

Les bonnes surprises sont au rendez-vous, et c’est étonnant pour un troisième et avant-dernier opus de cette fresque autant pour ados que pour adultes.

De bonnes surprises

D’abord le fait de couper en deux l’adaptation cinématographique du troisième et dernier livre de la trilogie de Suzanne Collins – pour être à la mode, certes (voir le Hobbit par exemple, Harry Potter, etc) – est loin d’être purement commercial comme les mauvaises langues le disent. Ce procédé permet aussi – et avant tout – de coller bien davantage au livre et d’inclure de nombreux moments plus complexes que dans le premier opus – silences, sentiments, etc.

C’est probablement le volet de la série qui nous en dit le plus, d’ailleurs, sur l’héroïne et sur le combat qui se joue en elle. Ce qui est capital lorsqu’on se souvient que le livre est écrit à la première personne du singulier. Jennifer Lawrence est surprenante, encore et toujours. Plus mûre et plus complexe, bien sûr, d’épisode en épisode, mais aussi de plus en plus elle-même semble-t-il.

Autre bonne surprise, la densité et le suspense de l’histoire. Ce n’était pas gagné puisque, contrairement aux deux premiers volets dont ils avaient fait une partie du succès, il n’y a justement PAS de Hunger Games cette fois-ci. Pourtant c’est bien la révolte à laquelle nous ont préparé les deux premiers volets qui s’avère intéressante, et ce d’autant plus qu’elle va nécessairement devoir déboucher sur des compromis que la fougue de la jeunesse accepte mal, en général. Tout comme l’héroïne, le discours du film passe de l’ado à l’adulte.

Guerre juste ?

C’est à partir de là que le regard chrétien se pose avec intérêt sur ce troisième opus. Toute guerre engendre des injustices. Reste à savoir quel est le prix à payer pour quel résultat, sans pour autant n’avoir qu’une vision utilitariste du conflit – de type « le jeu en valait la chandelle », vision hélas fréquente à chaque bruit de bottes dans notre monde actuel.

Le conflit intérieur que vit Katniss est triple. L’amour envers Peeta et/ou Gale d’une part, c’est ce qui sautera d’emblée aux yeux adolescents qui en resteront peut-être là. D’autre part, il y a conflit de loyauté : celle envers son district 12 et celle envers le lieu qui l’a accueillie – le 13 – emprunt de nouvelles règles. Enfin, le conflit classique, mais capital, de l’âme pacifique obligée de passer par une certaine violence – bien moins présente, saluons-le, que dans les précédents épisodes.

De l’interprétation à la photo, entre gris clair et gris foncé

Parce qu’il y a conflit intérieur, il y a complexité. Excepté le président Snow (Donald Sutherland), symbole « blanc » du mal absolu, rien n’est vraiment blanc ou noir, comme nous le suggèrent habilement les vêtements de Katniss, de Gale et surtout l’évolution de ceux de Peeta, aux prises d’un côté avec Snow (flocons et roses blanches suggérés jusque sur son col) et de l’autre avec son amour, le geai moqueur (plumes, reflets moirés de plus en plus visibles eux aussi).

Le gris est omniprésent jusque dans le personnage – habituellement coloré – d’Effie, à nouveau merveilleusement interprété par une Elizabeth Banks tout en nuances ce qui représente un sacré tour de force quand il s’agit de jouer un personnage excentrique.

La peur

Mais le sujet chrétien par excellence, dans cet opus, c’est la mise en garde contre la peur et les gens qui en jouent. Snow est un manipulateur modèle XXL, il gagne en composant avec les peurs des gens. C’était déjà flagrant dans les deux premiers épisodes, c’est beaucoup plus nuancé dans ce troisième opus, passant par le personnage de Buttercap, le chat de Prim, puis par le juge Havensbee, pour révéler à Katniss qu’on est tous esclaves des peurs qui se trouvent en nous si on les laisse prendre le dessus, nous aveugler, et finalement nous contrôler.

Le rôle de Snow est véritablement diabolique en ce qu’il nous fait croire au faux par le vrai : « Ce sont les choses auxquelles nous tenons le plus qui nous détruisent » affirme-t-il. Alors qu’au contraire, c’est l’amour que Katniss porte à Peeta qui va – loin de la détruire – lui donner la force d’avancer encore et toujours, même lorsque les apparences seront violemment contraires.

Prendre le dessus sur nos peurs, jusque dans nos cauchemars, voilà le prix d’une certaine liberté.

Dernier combat – dernier clin d’oeil

Le dernier clin d’oeil est touchant : les dernières phrases de Philip Seymour Hoffman – décédé en février – ne sont pas audibles puisqu’il murmure ses propres mots qui sont en train d’être dits, en discours, par la présidente du 13 (étonnante Julianne Moore). Manière de mettre ses mots, et son rôle, désormais dans la bouche d’une autre qui continue le combat. Le film est d’ailleurs dédié à l’acteur mort à 46 ans – en espérant que cela fasse réfléchir les jeunes et moins jeunes au fléau de la drogue qui l’a emporté.

A vos écrans !

A voir en grand, pas trop loin de l’écran. Il est indispensable de rester jusqu’à la fin du générique pour bénéficier de la chanson a capella de Miss Lawrence…

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