La vraie prière… même pour un parking.

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Photo DR : aigle.eerv.ch

 

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques A

 

Actes 1,12-14 / Psaume 26 / 1Pierre 4, 13-16 / Jean 17, 1b-11a

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT : 

 

 

Chers Amis,

 

Vous est-il déjà arrivé d’implorer le Seigneur : « Pitié, Seigneur, pitié réponds-moi ! »

 

Si vous me dites « non », je ne vous croirai pas.

 

Ne serait-ce que jeudi dernier, devant le FC Sion à la 89e minute… Je suis SÛR que certains, parmi vous, ont dit « Pitié, Seigneur ! Pitié ! »

 

Peut-être qu’ils invoquaient Pierre-Marie Pittier, d’ailleurs… l’ancien gardien. Allez savoir.

 

Oui, chers Amis, nous levons souvent les yeux vers le ciel pour prier. Des fois pour des broutilles, faut reconnaître : des fois pour une place de parking par exemple. Des fois pour des choses vraiment essentielles, le deuil, la maladie, la souffrance… La prière fait partie de notre vie de chrétien.

 

Or tout, dans les textes de ce dimanche nous parle de prière. Dans les Actes des Apôtres, la première lecture, d’abord, où juste après l’Ascension de Jésus, vous l’avez entendu, les Onze sont réunis pour prier, précisément. Et ils ne sont pas seuls. Il y a aussi des femmes, nous dit le texte, dont Marie. E ils prient ensemble, on nous dit même : « Ils étaient assidus à la prière. »

 

Dans le psaume également. « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie ». Si ça, ce n’est pas une prière ! Et ça continue, le psaume, je le disais à l’instant : « Ecoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié, réponds-moi ! ». Si ça, c’est pas une prière…

 

La deuxième lecture, aussi, venait appuyer la force de la prière dans la détresse. Si vous souffrez, nous disait Pierre, alors n’ayez pas honte d’appeler Dieu, de rendre grâce à votre Dieu parce que vous portez le nom de Chrétien. N’ayez pas honte de ce nom !

 

Mais bien sûr, tous ces textes déjà très beaux en eux-mêmes n’arrivent pas à la cheville de l’Evangile que nous venons d’entendre, et qui relate peut-être la plus belle des prières de Jésus.

 

Je ne sais pas vous, mais moi j’aimerais bien, parfois, avoir les images de l’époque, avoir le film. Voir Jésus méditer, prier. Eh bien là on a tout !

 

Jésus lève les yeux au ciel et il s’adresse à son Père. Oui, d’ailleurs, à chaque fois que Jésus prie, ça commence par « Père ».

 

Attention, cela n’a rien à voir avec un « Pèèèère » un peu précieux sur les bords d’un fils qui vouvoierait ses parents. Non, rien à voir.

 

Si on regarde le terme araméen que Jésus emploie, ce serait plutôt « Papa ! » « Mon Papa chéri, mon Papa que j’aime ». C’est ça, le mot qu’utilise Jésus, « Papa ».

 

C’est l’appel plein de tendresse d’un enfant qui lève les yeux vers son père en attendant d’être pris dans ses bras.

 

Est-ce que nous nous adressons ainsi à Dieu dans nos prières ? Est-ce que nous le voyons comme un Papa ? Ou plutôt comme un Dieu-Juge, distant, dont il faudrait un peu se méfier parce qu’on ne sait jamais…Alors on prie tout doucement, vous savez, les lèvres serrées, on n’entend même plus ce qu’on dit… C’est pas ça, la prière ! « Papa ! », voilà la prière de Jésus…

 

Jésus indique ensuite, dans cette prière, que l’heure est venue. Et il demande à son Père – vous l’avez entendu – de le glorifier. Alors on pourrait se dire : « Il est gonflé, il demande à son père de le rendre célèbre ! » Oui mais non. Glorifier, ça n’a pas du tout ce sens-là dans la Bible, dans la langue de Jésus.

 

Si l’on essaie de rendre le plus fidèlement possible ce que Jésus a dit, on devrait plutôt traduire : « Père, donne-moi le courage de monter sur cette croix où je serai visible du monde entier, où je te rendrai tout ce que tu m’as donné, en sauvant les Hommes. Fais de moi un signe visible pour que le monde croie ! »

 

C’est tout autre chose que la gloire de nos magazines et de nos émissions de télé, évidemment… Glorifier au sens de Dieu, c’est rendre gloire à Dieu, bien sûr.

 

Ainsi, dans nos prières, nous pourrions demander à Dieu certaines choses pour nous-mêmes. C’est tout à fait légitime, on entend parfois des gens dire : « Faut rien demander pour soi-même ! », non, c’est faux ! On peut tout à fait demander pour soi-même, le Christ lui-même l’a fait.

 

Mais dans un but bien précis : que nous rendions Dieu visible, présent. Que ce que nous demandons pour nous serve la gloire de Dieu. Et il n’a pas toujours les mêmes idées que nous, excusez-moi…

 

Demander une place de parking n’a aucun sens chrétien, à priori. Mais si c’est pour éviter d’être en retard à la messe, en se disant « Seigneur, aide-moi à ne pas être un mauvais exemple aux yeux des autres, aide-moi à ce que mon attitude tout entière montre que je t’aime », alors là d’accord : demander une place de parking, c’est chrétien…

 

Dieu vous répondra peut-être : « T’avais qu’à partir plus tôt ! »… Encore une fois, il n’a pas toujours les mêmes idées que nous…

 

La prière des époux, ce pourrait être, du coup : « Seigneur, donne à notre Amour une telle splendeur, une telle fidélité, que tous ceux qui le verront – et nos enfants les premiers – se disent : « Mais pour s’aimer ainsi, il faut qu’il y ait quelqu’un qui les soutienne, il faut bien que Dieu existe ! » Ainsi notre amour, Seigneur, te révélera, te glorifiera. »

 

La prière du malade, la prière de celui ou de celle qui souffre, pourrait être : « Seigneur, donne-moi assez de courage, de confiance en toi pour que je vive ces moments douloureux dans une telle foi que ceux qui me verront se diront qu’il est impossible que tu n’existes pas. »

 

Le témoignage que nous rendons aux autres par notre attitude, tout est là…

 

Ma prière à moi, au début de chaque messe, est celle que Mère Teresa avait affichée dans la sacristie du mouroir, à Calcutta, à l’intention de ses prêtres. Elle dit : « Serviteur du Seigneur, célèbre cette messe comme si c’était la première, la dernière, ou la seule. » Ainsi, par la force de ma prière, j’essaie de vous entraîner vers Dieu.

 

Toute prière doit amener les gens à contempler Dieu.

 

Mais vous l’avez entendu, le Christ prie aussi pour nous. C’est d’ailleurs très beau, très touchant, ce passage de l’Evangile. Il prie pour toutes celles et ceux qui auront à transmettre la bonne nouvelle. C’est vous ! De par notre baptême, nous avons tous à transmettre la bonne nouvelle.

 

Et il demande au Père de nous aider dans notre faiblesse, conscient que notre tâche ne sera pas facile.

 

On peut prendre cette prière pour nous, ici, aujourd’hui, cette prière du Christ.

 

C’est un peu comme si Jésus disait :

 

« Père, je te prie pour eux, là, parce qu’ils sont bien, tu sais, les Evolénards

D’accord, ils ont parfois un peu la tête dure. Ils ont leur caractère.

Mais leurs prêtres aussi, j’aime mieux te dire, qu’est-ce qu’ils peuvent être maladroits des fois !

Ce peuple, comme ses prêtres, a ses faiblesses comme tout le monde.

 

Mais qu’est-ce qu’ils sont bien, Seigneur, si tu savais !

Quelle générosité quand on leur demande d’aider, de se mobiliser !

Quel courage ils ont pour annoncer ta parole à leurs enfants, à leurs petits-enfants,

contre vents et marées parfois, conscients qu’ils sont dans une époque

où la foi chrétienne est en danger, en Occident.

 

Ils se battent pour toi, Père. Ils croient tellement en toi, si tu savais !

Qu’est-ce qu’ils sont bien, les Evolénards, Père !

 

Alors s’il te plaît, puisque tu me les as confiés,

je sais que les choses ne sont pas simples pour eux tous les jours.

Qu’ils passent de sales quarts d’heure parfois,

quand certains se moquent de leur foi, de leurs prières, jusque dans leurs propres familles,

quand on met en doute leur pratique.

Alors je t’en supplie, aide-les, qu’ils tiennent bon !

Ne permets jamais qu’un seul d’entre eux ne se perde,

c’est pour eux que je te prie, Père. »

 

Voilà, en substance, ce que je pourrais dire au Père pour vous, dans cette prière que je fais souvent, chers Amis.

 

Prier, au fond, c’est pas compliqué. Comme disait aussi Mère Teresa, prier c’est pas d’abord demander, c’est juste se mettre entre les mains du Père. Lui dire « Papa… ». Se reconnaître petit. Et le reste suivra.

 

Même si c’est pour nous, lui sait bien mieux que nous ce dont nous avons besoin ce jour-là, précisément. Y compris si c’est une place de parking… même si c’est une victoire de l’équipe adverse… pour un surcroît de notre humilité, par exemple.

 

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Evolène, dimanche 28 mai 2017, 9.00

 

Euseigne, dimanche 28 mai 2017, 19.00

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