Le chanoine et la visite de Dieu

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Photo DR : couleursdutemps.fond-ecran-image.com

 

Homélie pour la Mission Entremont 2017

« Ouvre, la joie t’attend ! »

 

1M 2,15-29 / Ps 49 / Luc 19, 41-44

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

« Tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait »…

 

C’est la phrase qui terminait l’Evangile que nous venons d’entendre.

 

C’est pas toujours facile de reconnaître les visites de Dieu dans nos vies… Vous connaissez cette histoire, mais je vais… je vais la mettre à la « sauce Chanoines » pour qu’elle soit plus proche de nous.

 

C’est l’histoire d’un vieux chanoine… Il est à la cure d’Orsières …ne vous sentez pas visés, hein… René, Noël, non… beaucoup plus vieux, beaucoup plus vieux !…

 

Il est à la cure d’Orsières, ça fait des années, des décennies qu’il prie le Seigneur, fidèlement. Et puis ce soir-là, au moment des Complies, la dernière prière avant la nuit, dans un silence, le Seigneur lui répond !

 

Le Seigneur lui dit : « Tu es brave, mon serviteur, mon chanoine, tu m’as prié toute ta vie. Eh bien ce soir, je te le dis : demain je viendrai te visiter ! »

 

Le chanoine ne sait plus comment il s’appelle ! Il vérifie partout autour de lui, non, il n’y a personne dans la pièce. Et pourtant il a bien entendu : « Demain je viendrai te visiter ! »

 

Il réveille tous les autres confrères qui sont dans la cure, il s’agit de tout nettoyer, rien n’est prêt… On va décorer évidemment, un petit peu, on va ranger – encore que c’est toujours très bien rangé à Orsières… Bref, ils passent toute la nuit, tous ensemble, fébrilement, à préparer la venue du Seigneur.

 

Au petit matin, comme à chaque fois qu’on fait des grands nettoyages, rien n’est prêt, rien n’est fini. Il y aurait encore mille choses à faire ! Et il s’agit de commencer la journée, peut-être va-t-il venir au milieu de la prière ? Alors on prie, on prie les Laudes, on célèbre la messe.

 

Et puis tout à coup il se dit : « Mais… mais… mais comment est-ce qu’on n’y a pas pensé plus tôt ? Il va venir après… il faut encore décorer cette église parce qu’il va venir dans l’église, certainement ! »

 

Alors on se met à faire des guirlandes… et puis là, il y a un petit garçon du village qui débarque et puis qui dit :

 

« Monsieur le Chanoine, vous avez l’air bien occupé avec vos guirlandes, puis vous savez pas trop comment vous y prendre… Moi je sais faire des belles guirlandes… j’ai appris à l’école, et puis il y a Gabidou qui m’a aidé… Je peux vous aider à faire des guirlandes, si vous voulez… »

 

Et puis le chanoine le chasse, en lui disant : « Mais enfin tu n’y penses même pas ! Tu sais pour QUI sont ces guirlandes ? Pour le Seigneur ! Il a dit qu’il viendrait lui-même en personne nous visiter ! Qu’est-ce qu’il dirait si une guirlande était un peu mal faite, ou un peu de travers ! Il faut qu’elles soient parfaites ! »

 

Alors le petit garçon s’en va, un peu triste.

 

Puis peu à peu la matinée se déroule, les guirlandes sont prêtes, elles sont parfaites… Et tout à coup, le chanoine se dit : « Mais il va peut-être venir manger ! Il faut qu’on prévoie un repas ! »

 

Il ameute la moitié du village, on se met à faire une broche extraordinaire qui tourne devant la cure. Et puis arrive l’heure du repas, et vous savez ce que c’est, quand on fait tourner une broche… surtout à l’époque de la St Martin… bah les bonnes odeurs se répandent dans le village !

 

Là il y a un mendiant qui sent ces bonnes odeurs et qui s’approche. Il voit les quelques pains, oh il y en a une bonne quinzaine qui sont derrière, certains un peu brûlés parce qu’on a voulu faire un peu trop vite au départ…

 

Et puis il voit la broche, et il s’approche du chanoine et il dit : « Tu es un homme de Dieu, tu es en train de préparer le festin du Roi des Rois… moi je ne te demande pas de prendre part à ce festin, c’est trop beau ! Mais je n’ai pas mangé depuis plusieurs jours, je te demande juste un des pains, un de ceux qui sont trop cuits, là… »

 

Et le chanoine lui dit : « Mais tu n’y penses même pas ! C’est le repas du Roi des Rois, tu as bien raison ! C’est Dieu lui-même qui a dit qu’il viendrait, même les pains trop cuits sont là pour lui faire honneur, je ne peux pas te les donner ! »

 

Alors le mendiant s’en va, un peu triste.

 

Personne au repas. Enfin plutôt, si, tout le village est là… mais pas de Seigneur en vue !

 

L’après-midi se déroule, et tout à coup le chanoine se dit : « Mais suis-je bête ! Il aura certainement beaucoup marché, il va être fatigué… J’aurais dû commencer par lui faire fabriquer un trône, un endroit où il puisse s’asseoir devant la cure, pour s’arrêter un moment… »

 

Alors on appelle les gens qui travaillent le bois de droite et de gauche, et on fabrique en toute hâte – mais magnifiquement bien – un superbe siège pour qu’il puisse s’asseoir, et on le place devant la cure.

 

Et puis le chanoine n’ose pas trop, évidemment, il se met debout, à côté, puis au bout d’une heure il est bien fatigué, il commence à plier un peu les genoux parce que ça fait long d’attendre.

 

Et puis là, là c’est un pèlerin. C’est un pèlerin qui fait la via Francigena, qui arrive. Il a son bâton, et puis il voit ce siège… et puis il voit les bancs qui sont derrière.

 

Et il dit au chanoine : « Je ne voudrais pas m’asseoir sur ce siège, ce doit être celui du Roi des Rois, mais permets-moi de m’arrêter sur un des bancs derrière toi quelques instants… Je suis bien fatigué de toute la marche que j’ai faite et j’ai encore quelques kilomètres à parcourir jusqu’à l’étape de ce soir. »

 

Et le chanoine lui dit : « Mais regarde-toi ! Tu es tout poussiéreux du chemin, tu es crasseux. J’attends le Seigneur, tu imagines ! Le Seigneur ! Il a dit qu’il viendrait… Qu’est-ce qu’il dirait s’il voyait un pareil spectacle à côté de son trône ! »

 

Alors, le voyageur reprend sa route.

 

Et puis le soir, le chanoine est tout triste. Arrivent les Complies, et il dit au Seigneur :

 

« Mais enfin, mais enfin ! Tu m’avais promis que tu viendrais ! »

 

Et vous l’avez compris bien sûr. Le Seigneur lui dit : « Mais je suis venu ! Trois fois… Souviens-toi, le petit garçon qui voulait t’aider, ce matin, pour les guirlandes. Puis ce mendiant qui ne demandait pas la broche que tu préparais mais juste ce petit bout de pain, là, dans le coin. Et puis ce voyageur, ce soir, bien fatigué de la route, il est vrai, mais qui a repris son chemin. »

 

« Ce n’est pas grave, dit le Seigneur, je reviendrai. »

 

L’avantage, chers Amis, avec Dieu, c’est qu’il revient toujours. Même si on ne l’a pas reconnu. Peut-être l’avons-nous croisé 3 fois, 10 fois, 15 fois dans notre journée d’aujourd’hui.

 

Regardez à droite et à gauche de vous… il est sur ce visage qui se trouve à côté de vous. Parfois on le reconnaît, parfois on ne le reconnaît pas, c’est pas grave ! Il revient…

 

Il nous dit juste : « Ouvre… ouvre ! La joie t’attend ! … ‘Ouvre, la joie t’attend !’ Et puis, si tu ne pas reconnu, eh bien c’est pas grave, je reviendrai ! Je reviendrai jusqu’à la fin de ta vie, je reviendrai jusqu’à la dernière seconde. »

 

Comme nous le verrons ce soir dans la conférence, jusqu’à la dernière seconde, tout est toujours possible avec Dieu. Il nous attend les bras ouverts, il frappe à notre porte et il nous dit : « Ouvre, la joie t’attend… »

 

Alors à nous, chers Amis, de savoir ouvrir, d’avoir le courage d’ouvrir comme les martyrs de la première lecture… de reconnaître aussi Dieu dans chacune, chacune des personnes que nous croisons.

 

Qui sait ? C’est peut-être le petit garçon, le mendiant, le voyageur, ou quelqu’un d’autre qu’il nous a envoyé dans notre journée d’aujourd’hui…

 

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Bourg-St-Pierre, jeudi 23 novembre 2017, 19.00

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