Le merveilleux champ de blé de nos impatiences

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Photo DR : paranormal-news.ru

 

Homélie pour le 16e dimanche TO, année A

 

Sagesse 12,13.16-19-11  /  Psaume 85(86)  /  Romains 8,26-27 / Matthieu 13,24-43

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

 

Plusieurs d’entre vous me connaissent et finissent par me connaître bien, après trois ans… Parmi les très nombreux défauts que je possède, le moindre n’est certainement pas l’impatience.

 

Je manque souvent de cette qualité qu’est la patience, et c’est embêtant.

 

D’abord parce que le mot « patience » vient de « patire » en latin, souffrir. L’impatience, c’est ne pas vouloir souffrir d’attendre la moindre.

 

Il y a là un manque de compassion certainement (« cum-patire », souffrir avec, c’est aussi la racine du mot « compassion »). Et je travaille cela, je vous assure, j’ai du boulot mais j’y travaille. Seulement c’est lent… et comme je suis impatient… forcément pour moi c’est toujours trop lent !

 

J’aimerais impatiemment devenir patient, en quelque sorte.

 

Ça me rappelle ce confrère valaisan qui, lorsqu’il est contrarié, élève les yeux au ciel et dit : « Seigneur ! Donnez-moi la patience… tout de suite, s’il vous plaît ! »

 

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que les textes de ce week-end essaient de nous apprendre la patience, justement. Ils sont peut-être beaucoup plus faits pour moi que pour vous, allez savoir…

 

L’Esprit travaille au plus profond de nous, disait Paul dans sa lettre aux Romains. Nous ne comprenons pas forcément sa façon de parler – non pas à Paul mais à l’Esprit – mais il travaille.

 

Et puis la première lecture, tirée du livre de la Sagesse, allait aussi dans le même sens en rappelant la patience de Dieu qui, même après chacune de nos fautes, reste infiniment miséricordieux, nous propose toujours le convertir nos cœurs, toujours de revenir vers lui.

 

Le psaume aussi allait dans ce sens, en nous rappelant que Dieu est lent à la colère, qu’il est patient avec nous…

 

Avec vous, je sais pas, mais avec moi il a du boulot en tout cas !

 

Quelle patience possède Dieu quand on y pense, quand on voit à quel point on continue de n’en faire qu’à notre tête… Et lui, il est patient. Il sait très bien que mille de nos années ne sont qu’un jour pour lui. Il a le temps. Et il nous donne le temps de nous améliorer, encore et toujours.

 

C’est ce que Jésus nous enseignait, je crois, dans l’Evangile que nous avons ré-entendu avec ce célèbre passage du bon grain et de l’ivraie.

 

Vous avez entendu, c’est de nuit qu’a été semée l’ivraie, et c’est un ennemi qui l’a fait. Ça arrive dans nos vies : l’ennemi sème aussi de l’ivraie, dans nos vies, dans nos caractères, nos défauts… Il le fait de nuit, il le fait de manière cachée.

 

Et parfois, c’est tentant d’être comme les ouvriers du maître de la parabole, de vouloir tout arracher, tout de suite, de vouloir enlever cette mauvaise herbe.

 

Et pourtant c’est contradictoire !

 

Ça ne nous apparaît pas forcément immédiatement avec la mauvaise herbe, mais reprenons mon exemple du début : j’aimerais m’arracher l’impatience… tout de suite… et donc avec impatience ! C’est contradictoire.

 

Il y a des choses qu’il ne faut pas vouloir enlever trop vite ou tout de suite… qui font partie de nous.

 

Dieu laisse l’ivraie avec le bon grain. Ce serait très ennuyeux si nous étions tous parfaits, sans aucun défaut !

 

Il nous laisse avec des qualités et des défauts pendant cette vie. Il laisse pousser l’un et l’autre.

 

Peu à peu, en grandissant avec nos bons et nos mauvais côtés, nous devenons de merveilleux champs de blé, chacune, chacun.

 

Et à vouloir arracher l’ivraie trop vite, on risquerait bien d’enlever des grains de blé…

 

Ce sont les anges – la parabole nous le disait – qui sont chargés de moissonner, de jeter l’ivraie au feu. Pas nous.

 

A vouloir trop vite enlever l’ivraie, on prendrait des risques. On prendrait le risque d’arracher peut-être même nos plus beaux épis, allez savoir, nos plus belles qualités… Nous risquons bien de devenir pires qu’avant du coup. C’est bien connu, le mieux est l’ennemi du bien, vous le savez.

 

Juste après cette parabole, il y a l’histoire de la graine de moutarde qui prend le problème par un autre biais mais pour dire la même chose finalement : ce qui nous semble tout petit, insignifiant, peut produire en nous de grandes choses, si on laisse le temps que cela pousse tranquillement, au soleil de Dieu. Il suffit de laisser grandir, de laisser faire Dieu, d’un peu de patience…

 

Même chose pour la parabole qui suit encore dans la Bible, celle du levain dans la pâte. Il faut laisser le temps, tous les boulangers le savent bien…

 

Alors quand je m’impatiente en me disant que, tout de même, il faudrait que j’apprenne la patience – à 42 ans ça commence à devenir le moment, et au vu de ces textes, notamment… – eh bien je me souviens aussi de l’ivraie…

 

Et je me dis que mon impatience que je déteste tellement ne doit pas forcément être arrachée tout de suite… Dieu, lui, saura quoi en faire si je la laisse pousser avec le reste.

 

Il me faut être patient pour apprendre à devenir patient, en somme…

 

Alors si par hasard vous êtes un peu comme moi, certains de vous, si vous avez vous aussi quelques défauts dont vous aimeriez bien vous séparer le plus vite possible, eh bien… patience !

 

Acceptez que l’ivraie en nous – en vous – se trouve dans le champ de votre cœur avec le bon grain, et qu’il n’appartient qu’aux anges du Seigneur d’en faire ce qu’ils voudront le moment venu. Pas à nous.

 

Patience, donc… Oui, je sais… pas facile ! Mais c’est le chemin qui permet de rejoindre Dieu, je le crois.

 

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Les Haudères, samedi 22 juillet 2017, 20.00 (version enregistrée)

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