Le Piano oublié

Photo DR : septembre-productions.com

Film français de Henri Helman (sortie TV le 12 avril 2007)

Avec Jacques Perrin, Isabelle Renauld, Corentin Martel et Bertille Chabert

Jacques Perrin choisit toujours soigneusement ses rôles, et lorsqu’il est au générique d’un film l’émotion est au rendez-vous. Le Piano oublié n’échappe pas à la règle, et il la transcende même.

On est en 1961, en France. Julien Fontanet (Corentin Martel) est un petit garçon qui rêve de devenir pianiste, au grand dam de son père imprimeur qui préférerait le voir reprendre l’entreprise familiale. Au hasard d’une balade avec sa meilleure amie, Julien découvre un vieux piano oublié dans une grange.

Mais quand Benjamin Rosenblum passe par là (Jacques Perrin), ancien pianiste de renommée internationale, le hasard s’écrit avec un grand D. Car le piano oublié lui appartenait. Et la grange a toute une histoire, une histoire sombre de dénonciation et de train à destination d’Auschwitz, une histoire liée au père de Julien.

Quand l’Histoire ne peut se réécrire, mais peut être sauvée par le présent et l’avenir, alors les hommes changent, eux aussi, et tout redevient possible.

Julien a l’oreille absolue. Et au travers de la musique de Schubert, c’est le spectateur qui l’obtient, lui aussi, cette oreille. Parce que cette histoire sonne harmonieusement et dramatiquement juste. Notamment grâce à la parfaite distance de la caméra, jamais intrusive, et au jeu, au doigté dira-t-on, des comédiens.

Les deux enfants sont parfaits et superbement dirigés. Jacques Perrin est pudique et profond, grave et bouleversant. Mais le plus grand acteur de ce film, c’est bien sûr le piano. Ou plutôt LES pianos, car il en existe un, muet, dont la présence est peut-être encore plus forte que celle de son grand frère de concert.

Le regard chrétien se pose avec grand intérêt sur cette oeuvre qui fait droit au devoir de mémoire, mais aussi rappelle les sentiments les plus bas qu’une guerre peut susciter, comme la lâcheté, la peur, l’esprit de gain, tout en les réparant par le courage, l’amour, le talent.

Le Piano oublié est une petite merveille passée trop inaperçue lors de sa sortie à la télévision. Il aurait mérité, sans aucun doute, l’hommage des salles obscures. Depuis bientôt deux ans, un DVD répare cette discrétion. Si vous tombez dessus, n’oubliez pas d’écouter jouer ce piano-là…