Les clés de notre Foi…

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Photo DR : Alibaba

 

Homélie pour le 4e dimanche de Pâques, A

Ac 2,14a.36-41 / Psaume 22 / 1P 2,20b-25 / Jean 10,1-10

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

[brandissant son trousseau de clés en s’adressant aux paroissiens]

 

 

A chaque fois que l’on me voit sortir mes clés, on me dit : « Oh là là, combien de clés vous avez ! »

 

Et invariablement je réponds que ce n’est qu’une TOUTE PETITE partie des clés qu’un curé possède, surtout un curé de trois paroisses et de vingt clochers. Entre toutes les chapelles, les églises, les oratoires, les sacristies, les cures, les tabernacles, les boîtes aux lettres, les troncs… il y en a beaucoup !

 

Une clé, ça sert à ouvrir une porte.

 

Mais vous me direz : il y a la poignée pour ça ! Oui en effet, si la porte n’est pas verrouillée on peut ouvrir avec la poignée mais… si la porte est verrouillée, si on n’a pas la clé, on est bien embêté.

Au pire des cas, on peut enfoncer la porte, passer par la fenêtre, escalader le mur… Mais à moins d’être un voleur, tout ça ne se fait pas.
Tiens ça me rappelle une histoire de Jésus… D’ailleurs, c’est celle que nous venons de ré-entendre !

 

Oui, Jésus dit que celui qui entre autrement que par la porte est un voleur.

 

Et vous avez entendu, dans cette histoire, le Christ se compare à un objet… c’est étonnant, ça ! A quoi se compare-t-il ?

A la porte !

A la porte : il dit « Je suis la porte ».

 

Jésus est quelqu’un qui parle souvent en paraboles, ou par énigmes. Et vous savez comment on appelle la solution d’une énigme ou d’un mystère ? La CLE du mystère. La clé de l’énigme.

 

Si Jésus est la porte, et qu’il parle en énigmes, voilà une excellente raison de posséder des clés, non ?

Dans notre Foi, voyez-vous Chers Amis, il y a plusieurs portes. On les appelle des « sacrements ».

 

Le premier, c’est le Baptême, c’est la porte d’entrée dans l’Eglise, dans la famille des Chrétiens. Comment rentrer dans une maison si on n’entre pas d’abord dans le jardin ?

 

Eh bien le baptême c’est le portail du jardin, ce joli portail souvent en bois et qui, vous l’aurez remarqué, en général n’est pas verrouillé, lui.

 

Tout le monde peut demander à être baptisé, il n’y a pas besoin de clé pour cela. D’ailleurs en général on a été baptisé tout petit-petit, on n’avait pas du tout les clés. C’est nos parents qui possèdent cette clé-là.

 

Ensuite il y a la porte d’entrée dans la maison. Mais souvent, particulièrement dans nos montagnes, souvent on a les chaussures un peu poussiéreuses, un peu sales, selon qu’on est allé se promener, gouverner, que sais-je encore.

 

C’est pour cela que devant chaque porte d’entrée de maison, il y a un… ?

 

Un paillasson, eh oui. C’est le deuxième sacrement que vous avez reçu dans votre vie, le sacrement du Pardon.

 

On s’essuie les pieds avant d’entrer dans une maison. Avec l’Eglise on ne parle pas des pieds mais on parle de l’âme. Le sacrement du Pardon nous permet de nous essuyer un peu l’âme avant d’entrer dans la maison.

 

Dites-moi, Chers Amis, le paillasson, chez vous, ne sert qu’une fois par année ? J’espère pas !

 

…il ne sert qu’à Noël ou à Pâques … ? Les autres jours vous ne vous essuyez pas les pieds ? J’espère pas non plus !

 

Eh bien le Pardon, c’est pareil. On peut le demander autant de fois qu’on le souhaite, autant de fois qu’on estime avoir l’âme un peu poussiéreuse ou un peu sale.

 

 

Alors je ne sais pas vous, mais il me semble que pour moi en tout cas c’est assez régulièrement que j’ai le sentiment d’avoir l’âme un peu sale, un peu poussiéreuse, et que je fais appel à ce paillasson spirituel qu’est le sacrement du Pardon.

 

Mais enfin je suis beaucoup plus pécheur que vous, je ne saurai donc préjuger de votre besoin de paillasson…

 

Et puis, après dans une maison, vous avez la porte de la salle à manger. C’est une pièce importante ! Vous mangez souvent, vous ?

 

Ben oui, tous les jours hein ! J’espère bien ! En plus nous, on a la possibilité de manger tous les jours, ce n’est pas le cas de bien des personnes sur cette planète.

 

Pour l’Eglise, la porte de la salle à manger on l’appelle l’Eucharistie, le sacrement de la Communion. Vous l’avez prise, cette Communion il y a bien des années pour certains pour la première fois, le jour de votre première communion.

Et vous êtes venus aujourd’hui justement pour passer cette porte, pour prendre à nouveau l’Eucharistie.

 

Et après, c’est comme la salle à manger, vous pouvez passer cette porte tous les jours si vous voulez. Vous pouvez prendre la communion tous les jours ! Alors bien sûr elle n’est pas célébrée tous les jours ici, faut bouger un peu.

 

Alors évidemment ça dépend comment on a faim du Seigneur. On a peut-être plus faim des aliments qu’on trouve dans les supermarchés que de cet aliment-ci, à chacun de savoir…

 

Mais que se passe-t-il si on ne mange pas plusieurs jours de suite ? Notre corps est en danger, nous le savons bien. Et c’est sans doute la même chose avec notre âme, puisque nous parlons de l’âme, dans l’Eglise.

 

Si nous négligeons l’Eucharistie, c’est certainement notre âme qui va finir par être affamée, qui va avoir des problèmes…

 

Si nous voyons des gens qui se disputent, qui ne s’aiment plus, qui sont en colère pour tout et pour rien, demandons-nous si peut-être leur âme n’est pas affamée de cette table dont ils ne se sont peut-être plus approchés depuis un moment…

 

Et puis au temps de l’enfance, un beau jour, nos parents nous ont donné un trousseau de clés à nous ! Qu’est-ce que nous sommes fiers ce jour-là ! Vous vous souvenez ?

 

Dans l’Eglise, ça s’appelle la Confirmation. Nous sommes alors devenus suffisamment grands pour avoir les clés de toute la maison. Enfin la plupart des clés, celles dont nous avons besoin au début de l’âge adulte.

 

Quand on possède tout un trousseau comme ça, c’est là qu’il devient très important de savoir à quoi quelle clé correspond. La première lecture nous parlait de ces étiquettes qu’on fixe sur les clés : le baptême, le pardon, l’Esprit Saint qu’on reçoit à la Confirmation.

 

Quand on en a plusieurs, si on ne sait plus laquelle ouvre quelle porte, on est très embêtés. C’est pour cette raison qu’on a de petits codes, des couleurs, des étiquettes…

 

 

L’un de ces codes, chez les Chrétiens, s’appelle le Credo, la profession de Foi. C’est un code qui explique les différentes clés.

 

On peut très bien connaître le credo par cœur et le réciter chaque dimanche à la messe, machinalement, mais si on ne sait pas la signification de ces mots-là, c’est comme si on avait un trousseau de clés sans savoir quelle clé ouvre quoi. Ce serait absurde !

 

Et puis un beau jour, souvenez-vous, un beau jour on a notre propre maison, ou notre propre appartement, et il y a une clé qu’on reçoit que nous n’avions pas dans notre enfance, c’est la clé de la chambre à coucher.

 

Dans le langage de l’Eglise, ça s’appelle le sacrement du Mariage…

 

Et puis certains comme moi ne reçoivent pas la clé de la chambre à coucher mais celle de l’Eglise, ou celle de la chapelle du village. Ça s’appelle le sacrement de l’Ordre.

 

Et puis comme me disait quelqu’un hier : « N’oublie pas la clé de la cave, c’est sacrément important, en Valais, la clé de la cave. » Ça c’est pour l’Onction des Malades, c’est quand on a besoin d’un petit remontant… avec modération !

 

On va faire un petit test, Chers Amis, pour finir, vous voulez bien ? Dites-moi, combien d’entre vous – si vous voulez bien lever la main – combien d’entre vous ont au moins une clé sur eux ?

–   …

TOUT ÇA ??? Vous avez presque tous des clés sur vous, c’est fou, ça ! Dites-moi, ça vous est déjà arrivé de perdre des clés ?

Ah oui, je vois à certaines grimaces et à certains sourires que c’est pas le meilleur souvenir de notre vie, hein !

 

C’est terrible quand on perd une clé ! Là on peut vous parler de la misère dans le monde, des intempéries, y a rien, y a plus rien qui nous intéresse ! On n’a que la clé en tête, il faut qu’on la retrouve !

 

 

Alors chers Amis, si ces petits objets qu’on appelle des CLES sont si importants dans notre vie, comment se fait-il que les clés spirituelles, celles qui mènent à Jésus, on les néglige pareillement ?

 

OK, je suis pas très sympa, je suis en train de préjuger. VOUS, vous ne négligez pas vos clés spirituelles, j’en suis certain.

 

D’ailleurs on va le voir tout de suite : la première clé, celle du portail, le baptême. Qui connaît la date de son baptême, parmi vous ?

 

Ah ben y a beaucoup moins de mains qu’avant, dites-moi ! Vous n’avez pas la clé du portail ? Remarquez, c’est pas grave, on a dit que le portail était toujours un peu ouvert…

 

La suivante, la porte d’entrée, le paillasson. Qui d’entre vous a vécu le sacrement du Pardon, ces dernières semaines ?

…!!!

 

Vous ne vous êtes pas essuyé les pieds ?

Ça doit être propre chez vous, hein ! Bonjour les chaussures !

 

La Communion, la salle à manger. Qui a communié la semaine dernière ? Au moins une fois ? Ah, c’est plus important la salle à manger, tout de suite ! Ça, on n’oublie pas trop, de manger !

 

Les autres, vous n’avez pas faim ? Moi j’aurais faim à votre place ! Bon, moi j’ai la chance de pouvoir communier tous les jours, en me déplaçant bien sûr…

 

Et le trousseau de clés ? La date de votre Confirmation, qui connaît la date de sa Confirmation ?

 

Les autres, vous n’avez plus de trousseau de clés ?? Oh mais vous savez ce que veut dire le Credo, au moins ! Vous connaissez les étiquettes, c’est déjà pas mal. Faudra penser à y raccrocher les clés, hein…

Vous voyez, chers Amis… on n’est pas très soigneux avec les clés de notre Foi.

Et pourtant Jésus est la porte, il nous le disait dans l’Evangile. Combien de fois sommes-nous des voleurs ? Combien de fois entrons-nous par la fenêtre, ou en sautant le mur, parce qu’on n’a plus la clé ?

 

Je pense que cela aurait le mérite de nous faire réfléchir à notre manière d’user de nos clés. Enfin… à vous de savoir ce que vous faites de vos clés, au fond ça ne me regarde pas.

 

Mais si vous avez besoin d’un serrurier, un jour, on ne sait jamais… j’aime à vous rappeler en ce dimanche des vocations, que le beau métier de serrurier, dans l’Eglise, ça s’appelle un prêtre.

 

Et comme tout bon serrurier qui se respecte, il est disponible 24h sur 24 pour ouvrir n’importe quelle porte. Enfin ça c’est juste au cas où vous auriez besoin d’une clé, bien sûr…

 

 

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Hérémence, dimanche 7 mai 2014, 10.30

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  1. Hermine Pralong

    Je suis heureuse d’avoir trouvé le « serrurier » ce dimanche des vocations. Je prie le Seigneur pour que nous ayons toujours des prêtres. Merci et continue tes homélies mêmes quand elles nous remuent un peu, même plus quand elles nous remuent et nous font prendre conscience de tout ce qu’on ne voyait pas ou que l’on ne voulait plus voir.

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