L’Esprit nous conduit au désert

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Homélie pour le 1er dimanche de Carême, A

Genèse 2,7-9 ; 3,1-7a  /  Psaume 50  /  Romains 5,12-19 / Matthieu 4,1-11

 

NDLA : en raison d’un petit accident, l’abbé Vincent n’a pas prêché en 2020 le 1er dimanche du Carême. Voici une homélie faite il y a quelques années le même dimanche.

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

L’Esprit-Saint aurait-il perdu la tête ? C’est une question qu’on peut se poser ! Vous avez entendu l’Evangile qui commençait par ces mots : « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. »

C’est tout à fait surprenant, à première vue. L’Esprit conduit Jésus dans un lieu particulièrement inhospitalier. Et il le fait pour que Jésus soit tenté par le diable !

On a envie de dire à l’Esprit-Saint : dis-donc, y aurait peut-être une meilleure activité à proposer à Jésus pour ses loisirs, hein !

Quand la Bible nous choque, nous heurte, c’est toujours bon signe.

D’abord ça va nous permettre de revenir sur ce texte et de le creuser un peu. Et très souvent, avec la Bible, quand on creuse un peu ce qui nous a heurtés de prime abord, par exemple, eh bien on fait des découvertes.

L’Esprit conduit donc Jésus au désert.

Pour qui a eu la chance de voyager un peu dans le désert, ça évoquera certainement des souvenirs. Mais nous sommes peut-être nombreux à nous dire que nous ne connaissons pas forcément le Sahara ou les déserts du pays de Jésus, la Palestine, et que, du coup, ça ne nous évoque pas grand-chose.

Pourtant… Vous connaissez TOUS le désert, chers Amis. Tous.

Le deuil est un désert, par exemple.

Le chômage est un désert.

La solitude est un désert.

La dépression, le burn-out, sont des déserts.

L’alcoolisme est un désert.

Le blues, le désespoir, le fatalisme, le pessimisme, la résignation, l’indifférence, la mise à l’écart sont des déserts.

Le handicap est souvent un désert.

Chacune, Chacun de nous connaît – sinon pour soi-même, du moins pour des proches – ces déserts, à plusieurs reprises dans une vie d’ailleurs. Et le diable hante ces lieux désertiques de nos vies, il nous y attend pour nous tenter, notamment.

A priori, on n’a donc pas trop envie de se rendre dans ces lieux-là, sachant qui nous y attend.

Et pourtant, la Bible nous dit que l’Esprit nous y conduit. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que c’est l’Esprit-Saint qui veut absolument nous pousser à la souffrance ? Vous sentez bien que cette interprétation un peu simpliste ne dit certainement pas ce qu’il faut comprendre.

Conduire une voiture, ce n’est pas la pousser dans le ravin ou contre un mur, que je sache.

Conduire… voilà un verbe qui a un sens que nous connaissons bien ! Conduire quelqu’un en montagne, en bon guide, c’est l’accompagner, le rendre attentif aux passages dangereux, l’aider à s’émerveiller des paysages, le pousser à se dépasser pour tirer de sa propre volonté l’énergie nécessaire pour parvenir au sommet. C’est ça, d’abord, conduire quelqu’un.

L’Esprit-Saint nous conduit, c’est-à-dire : il est notre guide dans les déserts de nos vies. Il nous y accompagne et nous aide à les traverser.

Et l’Esprit-Saint, c’est Dieu.

Or avec Dieu, rien n’est inéluctable.

Paul le disait très bien dans la deuxième lecture : c’est pas parce que rien n’est allé correctement jadis que tout va mal aller, à nouveau, la prochaine fois.

C’est pas parce qu’Adam et Eve ont cédé une fois au serpent comme le racontait la première lecture, que nous sommes condamnés à lui céder éternellement.

C’est parce que nos pères ont fait des erreurs que nous sommes irrémédiablement poussés à refaire les mêmes sur dix générations.

C’est parce que tel caillou vous a fait trébucher une fois que vous allez automatiquement vous casser la figure au même endroit à chaque fois, ce serait stupide !

Dieu est là, et avec lui tout est toujours nouveau, rien n’est inéluctable.

L’Esprit reçu à notre baptême nous accompagne dans chacun de nos déserts. Il nous guide et nous rassure. Il nous aide à ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Il sait très bien que les déserts sont des lieux de tentations, de mauvaises rencontres, mais il sait aussi que les déserts sont des lieux d’apprentissage, de progression, des lieux qui – si on prend la peine de les traverser – nous rendent adultes, nous mûrissent.

« Ce qu’il y a de beau, dans le désert, disait le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part… »

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit-Saint dans le désert de ce Carême.

Eh oui ! Le Carême aussi est un désert, pour peu qu’on se prive de quelque chose qui nous éloigne de Dieu.

Nous rencontrerons le diable dans ce désert, c’est certain. Notamment au cœur de nos privations, il nous y attend.

Mais l’Esprit guide nos pas et, comme pour Jésus, il nous aidera à ne pas lui céder.

Que l’Esprit-Saint nous accompagne, Chacune, Chacun, mieux : qu’il nous conduise dans le désert de ce Carême.

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Les Collons, samedi 4 mars 2017, 17.00 (version enregistrée)

Evolène, dimanche 5 mars 2017, 10.30

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