N’ayons pas peur de Dieu

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Photo DR : catho-aixarles.fr

 

Homélie pour le 32e dimanche TO, année A

Sagesse 6,12-16 / Psaume 62 / 1Thessaloniciens 4, 13-18 / Matthieu 25, 1-13

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Nous connaissons tous la peur. Eh oui, c’est un sentiment humain. Nous la connaissons tous. On la ressent même, hélas, depuis l’enfance, bien souvent. Même si nos parents nous disent : « N’aie pas peur ! » Nous connaissons tous la peur. Depuis tout petit.

 

Et il y a des peurs qui paralysent, par exemple la personne qui découvre une via ferrata pour la première fois, et qui, soudain, ne peut plus avancer ni reculer, paralysée, statufiée par la peur. Ça m’est arrivé dans une paroi, il y a des années… Heureusement qu’un ami était là. Grâce à lui, j’ai pu continuer.

 

Au cœur de nos peurs il y a des amis, des mains qui se tendent, des gens qui sont présents. Et puis il y a Dieu, aussi.

 

Il y a des peurs au contraire, loin de nous paralyser, qui nous font faire n’importe quoi, partir dans tous les sens, au mauvais endroit de préférence. C’est la panique qui peut s’emparer d’un groupe. Si le feu prenait ici, à l’intérieur de l’église, ce matin, probablement que c’est ce sentiment qui dominerait alors. Nous partirions dans tous les sens.

 

Et Jésus, dans l’Evangile passe son temps – vous pouvez relire les quatre Evangiles – Jésus passe son temps à nous demander de ne pas avoir peur. « N’ayez pas peur… » répète-t-il à longueur d’Evangile.

 

Jean-Paul II, devenu saint, avait d’ailleurs repris cette phrase de Jésus. Pour celles et ceux d’entre vous qui étaient nés déjà en 78 – c’était mon cas mais moi j’étais pas bien grand –  la première fois que Jean-Paul II est apparu au balcon de la place St Pierre, c’était ses premiers mots : « N’ayez pas peur ! »

 

Ça me fait toujours rire, d’ailleurs, quand sur internet on voit : « N’ayez pas peur ! » signé « Jean-Paul II »… C’est une phrase du Christ, quand même, à la base, hein ! Faut peut-être rendre à Jésus ce qui lui appartient…

 

Et ne pas avoir peur c’est ce que Saint Paul essayait de nous dire dans la deuxième lecture, vous l’avez entendu au sujet de nos défunts : n’ayons pas peur pour nos défunts, disait Saint Paul. Plus exactement, il utilisait une très belle expression à lui : « n’ayons pas peur pour ceux qui se sont endormis dans la mort ». « Nous croyons, dit Paul, que Dieu les emmènera, par Jésus, avec lui. »

 

C’est magnifique, laissez-moi vous redire cette phrase : nous croyons que Dieu les emmènera, par Jésus, avec lui.

 

L’Eglise, pendant des siècles chers Amis, par la voix de certains prédicateurs, vous a fait peur. Notamment avec l’image de l’enfer. Laissez-moi vous redire la phrase : « nous le croyons : Dieu les emmènera, par Jésus, avec lui. » Est-ce que Dieu est en enfer ? Non. Si Dieu emmène nos défunts avec lui, c’est que nos défunts n’y sont pas non plus. Excusez-moi c’est de la pure logique.

 

Pour ça il suffit de lire la Bible, évidemment.

 

Et l’Eglise, dans ses textes officiels, n’a jamais prétendu qu’il y ait qui que ce soit en enfer, jamais, excepté le diable et ses anges.

 

Par contre des êtres humains, et parmi eux des prêtres, vous ont fait peur avec cette image-là. Mais l’Eglise dans ses textes sacrés ne l’a jamais dit, vous pouvez chercher.

 

Notre évêque Jean-Marie, quand il est venu ici ce printemps à l’école d’Evolène, a eu cette réponse extraordinaire à un jeune garçon dans une des classes qui lui disait : « Jean-Marie, est-ce que tu crois à l’enfer ? » (…bien sûr qu’on y croit, dans notre Foi. Dire qu’il n’y a personne d’entre nous c’est pas dire qu’on n’y croit pas, attention, il y a une nuance… )

 

Jean-Marie a eu cette réponse magnifique, il lui a dit : « Tu sais, par ma foi j’y crois. Par mon espérance j’espère bien ne jamais y aller. Par ma charité je souhaite que toi non plus, tu n’y ailles jamais. »

 

Voilà une des plus belles réponses qu’on peut faire sur l’enfer, à mon avis, c’est celle de notre évêque.

 

N’ayez pas peur, ni pour vos défunts ni pour vous, dit le Christ.

 

Pourquoi est-ce que je vous parle de la peur, ce matin ? Parce que si vous avez bien écouté l’Evangile, cette histoire d’huile, de jeunes filles insensées, de jeunes filles sages, vous n’avez pas entendu le mot « peur ». Et la peur ne semble pas être le fil rouge de cette histoire. C’est plutôt d’être prévoyant…

 

Quand on ré-entend cette parabole, comme vous l’avez ré-entendue ce matin – qu’on appelait aussi jadis la parabole des vierges folles et des vierges sages – quand on ré-entend cette parabole en général on est d’abord choqué par l’attitude de l’époux.

 

Eh oui ! Ce maître de la noce qui refuse l’entrée à celles et ceux qui sont allées chercher l’huile qui leur manquait, et qui reviennent… et l’époux leur dit « Je ne vous connais pas ! » C’est dur !

 

On se dit : « Mais c’est qui, ce maître ? »

 

Et pendant longtemps, longtemps, trop longtemps, on a lu la Bible au pied de la lettre… On se disait : « Ce maître c’est Dieu, et Dieu est sadique, impitoyable ! Il va nous refuser l’entrée si on n’a pas d’huile ! » Peut-être qu’il faut chercher un peu plus loin, quand même…

 

Ces textes nous y invitent ! Vous avez déjà vu un marchand d’huile ouvert la nuit, vous ? Moi pas…

 

Peut-être que cela nous invite – justement – quand il y a un petit indice comme ça dans un texte, à aller voir un peu plus loin, peut-être que c’est une parabole…

 

Or Jésus nous le dit : c’est une parabole. C’est-à-dire une histoire qui raconte quelque chose mais qui veut nous apprendre autre chose, à travers les images qu’elle raconte.

 

Comme par hasard notre première lecture, le livre de la Sagesse, nous invitait justement à rechercher, à creuser la sagesse. Elle vient en nous, disait la première lecture, il suffit de la demander !

 

Il y en a qui demandent la gloire, il y en a qui demandent la fortune, il y en a qui demandent la célébrité… Il y en a qui demandent des « j’aime » sur les réseaux sociaux…  il y en a qui demandent la Sagesse. Et elle vient quand on la demande.

 

Souvent je me dis que je n’ai pas dû assez la demander encore, pour ma part… Mais elle vient, il faut la demander, il faut creuser…

 

Et pour comprendre ce qu’essaie de nous apprendre Jésus, dans l’Evangile, il faut peut-être creuser un peu cette histoire des dix jeunes filles…

 

Si on va voir juste avant et juste après dans la Bible, on s’aperçoit que cette histoire est coincée entre deux autres paraboles qui parlent de la peur… tiens !

 

Peut-être bien alors qu’il y a un fil rouge et que la peur se trouve aussi dans la parabole des dix jeunes filles…

 

Alors on peut se demander où se trouve la peur dans cette histoire.

 

Reprenons les événements ensemble. Nous avons été choqués par l’attitude de l’époux qui n’a pas ouvert à ces cinq jeunes filles dites « insouciantes » qui n’avaient pas d’huile et qui sont allées en chercher. Bon.

 

Pourquoi n’étaient-elles pas présentes lorsque la porte des noces s’est ouverte ? Parce que c’est ça, le problème, si elles avaient été là elles seraient rentrées. Pourquoi n’étaient-elles pas présentes ?

 

…jouons au « pourquoi » des petits enfants…

 

  • Pourquoi n’étaient-elles pas devant la porte ?
  • Bah… parce qu’elles sont allées chercher de l’huile !
  • Oui mais pourquoi sont-elles allées chercher de l’huile ?
  • Parce qu’elles n’en avaient pas !
  • Mais pourquoi fallait-il de l’huile ?…

 

…ah… là, il n’y a plus de réponse !

 

Nulle part, dans ce texte, chers Amis, il n’est indiqué qu’il faudrait de l’huile pour entrer dans la salle des noces, nulle part !

 

Et pour cause, elles sont devant la porte ! Elles n’ont pas besoin d’huile. En plus elles se sont endormies tout le reste de la nuit, elles n’ont pas eu besoin d’huile non plus, à ce moment-là…

 

Quel est le problème ? Pourquoi n’étaient-elles pas devant la porte ? Parce qu’elles ont eu PEUR de manquer de quelque chose dont, au final, elles n’avaient pas besoin.

 

Et ça, c’est fréquent dans nos vies, chers Amis. C’est fréquent qu’on se préoccupe de quelque chose dont on ne sait même pas si au final ce sera nécessaire ou utile… Mais on s’en préoccupe quand même, on est soucieux…

 

D’ailleurs le mot « préoccupé » dit bien ce qu’il veut dire, on s’occupe avant, « pré-occupé », c’est idiot…

 

Prévoir, c’est intéressant, voir à l’avance, mais se pré-occuper, non, c’est absurde. Et c’est bien le problème des jeunes filles dites « folles ».

 

Parce qu’au passage, chers Amis, toutes les dix se sont endormies. Celles qui étaient sages aussi. Et pourtant cinq ont été accueillies. Cela vient dire aussi que Dieu nous accueille avec nos faiblesses humaines.

 

Elles se sont endormies parce qu’elles avaient sommeil, parce qu’elles sont humaines comme vous et moi, et alors ? Eh bien Dieu nous accueille aussi avec nos faiblesses, c’est une bonne nouvelle.

 

Par contre il ne nous accueille pas avec nos peurs. Ça devrait nous faire réagir.

 

Ça devrait nous inviter à nous débarrasser de l’image de cet ancien Dieu qui nous faisait peur. Parce que Dieu, le vrai, ne nous accueille pas avec nos peurs, justement pas. Il va nous dire « je ne vous connais pas » si on arrive devant lui avec de la peur, comme les cinq jeunes filles folles.

 

Méditons ceci chers Amis, et essayons de chasser nos peurs, tout particulièrement nos peurs de Dieu, elles n’ont rien à faire face au visage infiniment aimant, infiniment miséricordieux de notre Dieu.

 

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Vex, samedi 11 novembre 2017, 18.30

La Sage, samedi 11 novembre 2017, 20.00

Evolène, dimanche 12 novembre 2017, 10.30 (version enregistrée)

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