On ne FAIT PAS une prière

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Photo DR : http://amis-du-jardinierdedieu.over-blog.com

Homélie pour le 29e dimanche TO, année C

Exode 17, 8-13 / Psaume 20 / 2Timothée 3,14-4,2 / Luc 18, 1-8

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Chers Amis,

Parlons de prière, puisque Moïse nous y invitait, puisque le psaume nous y invitait, et puisque Jésus en personne nous y invitait, dans les textes que nous venons de ré-entendre.

Parlons de prière… c’est quelque chose que vous faites tous ! Bien sûr puisque vous êtes là ! Nous sommes venus prier ensemble !

Lorsque je faisais jadis un stage d’aumônier à l’hôpital à Fribourg, une sœur qui était alitée me confiait sa tristesse de n’avoir même plus la force de prier le bréviaire parce qu’elle ne pouvait plus le tenir avec ses mains. Elle m’a demandé toute tremblante si le chapelet pouvait remplacer le bréviaire.

[montrant un chapelet, un lumignon, un bréviaire] : Qu’est-ce qui vaut plus, chers Amis ? Un chapelet, un lumignon que vous allumez ici, un bréviaire ? Qu’est-ce qui vaut le plus de prières, à votre avis ?

Ah évidemment le chapelet, c’est bien, dira peut-être quelqu’un ! Le rosaire entier, rendez-vous compte ! Trois tours, 150 « Je vous salue Marie », une heure de prière continue, formidable ! J’en ai toujours un sur moi, personnellement.

Mais, dira quelqu’un d’autre, le lumignon prolonge ma prière, c’est mieux ! Ça dure bien plus qu’une heure ça ! Même si on n’est plus là, on l’a allumé, on s’en va, et le lumignon continue à prier pour nous ! Il prolonge notre prière… il prie tout seul à notre place, dites donc ! C’est encore plus fantastique en Italie, vous avez peut-être vu, où il y a des lumignons électriques : on met une petite pièce – pouf ! – il y a la lumière qui s’allume ! Puis alors c’est pas du tout drôle parce qu’ils s’allument les uns après les autres, on peut pas du tout en placer un où l’on veut…

C’est automatique… comme si la prière était automatique ! Bien sûr que non, ça prie pas automatiquement, ça, hein [montrant le lumignon] ! Mais c’est vrai que c’est une présence, ça prolonge d’une certaine manière notre prière…

Mais le bréviaire, dira peut-être un troisième, c’est la prière de tous les jours, 7 fois par jours, toute l’année ! Votre chapelet dure une heure, votre lumignon dure quelques heures, mais le bréviaire, ça dure toute la vie. Faut l’ouvrir, bien sûr, faut le sortir ! Mais c’est pareil pour le chapelet, faut le sortir de la poche, c’est pareil pour le lumignon, faut l’allumer… on a toujours un acte à faire quand même, c’est pas automatique !

Mes chers Amis… vous sentez bien derrière tout ça l’ironie : la prière n’est pas une suite d’actions à FAIRE, la prière n’est pas un marathon ! Parfois quand j’entends – pas ici, hein ! – mais dans certaines paroisses, quand j’entends prier le chapelet à toute vitesse, je me dis : c’est un marathon, ils ont un train à prendre ! La prière n’est pas un marathon, évidemment non ! Il ne s’agit pas de savoir combien de temps il faut prier pour avoir plus de chances d’être exaucé ! Cela n’a absolument RIEN à voir avec une performance, la prière ! La prière c’est d’abord un état d’esprit.

« Je vais vite faire une petite prière et je reviens… » J’ai entendu cette phrase encore récemment. « Je vais vite faire une petite prière et je reviens… » Est-ce que vous sentez la contradiction qu’il y a dans les termes ? Il y en a trois.

Je vais VITE faire une petite prière… comme si on pouvait faire VITE une prière…

Je vais vite faire une PETITE prière… pourquoi « petite » ? Même la prière d’un enfant qui dit « MERCI SEIGNEUR ! », c’est une GRANDE prière ! Pourtant elle a deux mots, hein !

Je vais vite faire une petite prière… où est la troisième contradiction ? Elle est moins évidente à trouver…

C’est dans le verbe FAIRE, figurez-vous. On ne FAIT pas une prière, on la PRIE !

Pourtant, c’est plein d’expressions : « As-tu fait ta prière ? Mon Père, pouvez-vous faire une prière pour bénir la table ? Faites donc une prière pour moi… »

Ou, pour les plus âgés d’entre nous, quand on entendait au confessionnal : « Vous ferez dix je vous salue Marie… »

Mais on ne fait pas une prière, de grâce, sortons de cette épicerie du Bon Dieu, chers Amis !

« Ah, c’est très bien, vous avez déjà fait 45234 je vous salue Marie dans votre vie, ça vous fera… combien d’années de purgatoire en moins ? »

C’est pas un compte, c’est pas une épicerie ! On n’a rien à comptabiliser avec Dieu dans la prière ! On n’achète pas son ciel par des kilomètres de chapelet, non !

Et on ne FAIT pas une prière.

Un de mes confrères prêtres a l’habitude de dire « je vais être en prière un moment et je reviens. » Voilà qui est beaucoup plus joli. « je vais être en prière, je vais me mettre en prière un moment et je vous rejoins. »

J’aime bien cette idée. C’est d’abord un état d’esprit.

Les enfants comprennent souvent bien mieux que nous les contradictions de nos vies d’adultes. Est-ce qu’on imagine – [aux servants d’autel :] les garçons – est-ce qu’on imagine quelqu’un prier le chapelet devant la télévision allumée ? Bah non, évidemment non, ça n’aurait aucun sens !

Donc si le chapelet devant la télévision, ça n’a aucun sens, la tablette ou le téléphone portable non plus, hein, si jamais. Et pour les ados parmi nous, à table c’est la même chose, hein. C’est un état d’esprit, quand on est à table. C’est pas le lieu de sortir son téléphone. Ou alors ça veut simplement dire que les personnes qui sont autour de nous, on n’a pas envie d’être avec elles, quoi, c’est tout simple. Faudrait le redire à nos jeunes, de temps en temps…

Et puis la prière cela peut être aussi un cri. D’ailleurs, en hébreu, c’est le même verbe. Crier et prier. En français, il y a aussi qu’une seule lettre de différence… mais en hébreu, c’est la même racine.

Crier et prier, c’est étonnant !

Bon vous me direz, oui, d’accord, c’est de l’hébreu, on comprend pas, on n’a pas tous fait de l’hébreu, qu’est-ce que ça change de savoir ça ?

Ben, c’était juste la langue du Christ, l’hébreu, c’est déjà pas mal de savoir comment lui, il voyait les choses…

C’est peut-être pas si inintéressant de savoir que dans la langue du Christ, quand Jésus disait « Priez sans cesse » eh bien ça pouvait aussi vouloir dire « Criez sans cesse… vers Dieu », parce que c’était le même mot, la même idée. Et quand il disait « Priez en secret votre Père des cieux », ça peut aussi vouloir dire « Criez en secret vers votre Père des Cieux ».

« Moi, des fois, m’a dit une élève jadis en 6e primaire, en 8H comme on dit aujourd’hui, moi des fois j’ai envie de crier MERCI à Dieu quand je suis très heureuse. Et des fois je le crie au fond de mon cœur. Est-ce que c’est une prière ça, Vincent ? »

–   Evidemment !

Un cri vers Dieu, c’est une prière, y compris si c’est un cri de douleur… c’est une prière.

Une jeune, lors d’un camp vocations, une jeune ado pendant l’été, me disait : « Moi, tu sais, quand je suis heureuse, j’ai l’impression que tout crie vers Dieu en moi, j’ai l’impression que je deviens prière. »

…j’ai l’impression que je deviens prière… magnifique ! Magnifique, cette phrase de cette jeune fille.

Alors sachons, à notre tour, devenir prière, chers Amis. La prière… c’est pas une épicerie, c’est pas une comptabilité, aucun compte n’est tenu là-haut du nombre de « je vous salue » qu’on aura dit, j’en suis convaincu.

Par contre, on pourrait être surpris un beau jour si là-haut on nous demande des comptes sur notre manière d’habiter notre prière… est-ce que ton « notre père » tu l’as récité, machinalement, comme une petite poésie, ou est-ce que vraiment tu as pensé à chacun des mots que tu disais ?

On va essayer de le faire tout à l’heure, ensemble…

Essayons, comme le Christ nous y invite, de nous refaire petits enfants dans la prière. Eux, ils ont compris que MERCI, que PARDON, c’est déjà des prières. Un mot, c’est déjà tout notre cœur qui s’élève vers Dieu… Essayons, à notre tour, de devenir prière…

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Mâche, samedi 15 octobre 2016, 17.00

Hérémence, dimanche 16 octobre 2016, 10.30

Euseigne, dimanche 16 octobre 2016, 18.00

 

 

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  1. Georges QUELLET

    Merci, cher Vincent, pour cette magnifique présentation de la PRIÈRE : ESSENTIELLE !

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