« On ne le baptise pas, il choisira plus tard… »

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Homélie pour le Baptême du Seigneur (C)

 

Isaïe 40,1-5.9-11 / Psaume 103(104) / Tite 2,11-14.3,4-7 / Luc 3,15-16.21-22

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Je suis à peu près sûr que vous avez déjà entendu des parents dire, à propos de leur enfant :

 

« Oh vous savez, nous on ne le baptise pas, il choisira plus tard quand il sera grand, de quelle religion il veut être. »

 

On entend parfois cette phrase autour de nous… Encore qu’on l’entende beaucoup moins aujourd’hui. Elle était principalement le fait de la génération 68, la première génération qui a refusé de transmettre ce qu’elle avait elle-même reçu, pour tout « déconstruire », un terme qui était très à la mode alors.

 

Mais on entend encore des parents qui nous disent « Oh vous savez, nous on ne le baptise pas. Il choisira plus tard de quelle religion il veut être. »

 

Et habituellement, quand j’entends des parents me dire cela, je leur réponds : « Surtout, ne lui apprenez pas le français ! Il choisira plus tard, quelle langue il veut parler… »

 

Et là, il y a souvent un grand silence.

 

C’est la même chose ! Parce que le français n’est pas seulement une langue comme le chinois ou l’anglais, pour quelqu’un d’ici c’est sa langue maternelle. La langue de sa famille.

 

Apprendre à parler français n’empêchera pas cet enfant d’apprendre le chinois plus tard, s’il le souhaite. Ni même de ne plus parler français s’il en a envie. Mais pour apprendre d’autres langues, il est essentiel d’en connaître une. Et qu’on nous l’ait apprise.

 

Et le christianisme, pour un enfant de chez nous, n’est pas seulement une religion comme les autres, comme le bouddhisme ou le judaïsme, c’est sa religion maternelle.

 

Apprendre à pratiquer le christianisme n’empêchera pas cet enfant de devenir bouddhiste plus tard, s’il en a envie. Ni même de ne plus du tout pratiquer le christianisme. Mais pour aller à la rencontre d’autres cultures et d’autres croyances, et pour ne pas en avoir peur, il est essentiel qu’il en connaisse une. Et qu’on la lui apprenne. Et qu’il la pratique.

 

La religion, c’est la langue de l’esprit et du coeur. Il est essentiel d’en avoir une.

 

Cacher Dieu à ses propres enfants sera source de peur lorsqu’ils rencontreront d’autres croyants.

 

Le psaume le disait très bien : « Tu caches ton visage, ils s’épouvantent ! »

 

Et une frange importante du terrorisme est née dans des esprits qui n’avaient – comme par hasard – reçu aucune instruction religieuse de la part de leurs parents dans leur enfance, et qui se sont construits ensuite, adultes, dans la peur de l’autre à travers le djihad qui n’est pas une religion mais une déviance. Une déviance qui trouve, les études le montrent aujourd’hui, un terreau d’autant plus fertile dans des cœurs vides de toute éducation religieuse.

 

Bah oui ! C’est plus facile de remplir un verre vide qu’un verre plein !

 

Autrement dit, c’est beaucoup plus facile de faire dévier quelqu’un qui n’a aucune ligne que de tenter de faire dévier quelqu’un qui a déjà une ligne. C’est logique.

 

Ne donner aucune ligne religieuse à vos enfants, c’est le plus sûr moyen de les faire dévier ensuite. C’est la logique même.

 

Et j’avoue, je ne comprends pas bien ces parents qui ont refusé de transmettre, jadis, ce que leurs propres parents leur avaient transmis. Parce que l’histoire du monde fonctionne comme ça depuis la nuit des temps : on transmet ce qu’on a reçu. Il n’y a pour l’instant qu’une seule génération qui a refusé cela.

 

Et on voit le dégât que cela fait.

 

Il ne viendrait pas à l’idée d’une maman de ne pas apprendre à son enfant à dire « je t’aime » dans sa propre langue. Comment se fait-il alors qu’il ne vienne pas à l’idée de ces mêmes mamans d’apprendre à leurs enfants comment Dieu dit « je t’aime », dans sa langue à lui ? Par les sacrements, par le baptême notamment, le premier d’entre eux.

 

Alors là, souvent, ces parents-là me disent : « Oui mais il n’a pas besoin d’être baptisé pour apprendre le christianisme ! » C’est vrai. En théorie, c’est vrai. On peut apprendre ce que c’est que le christianisme dans un dictionnaire, c’est juste ! Mais le baptiser permettra, en plus, de lui faire pratiquer ce qu’il a appris.

 

Et vous pouvez effectivement apprendre à skier dans un dictionnaire… Mais le jour où vous prenez les remontées mécaniques et que vous montez en-haut à Arolla, vous allez vous apercevoir que le dictionnaire n’apprend pas tout, hein ! Loin de là… C’est beau, la théorie, mais ça suffit pas ! Faut pratiquer, ça change tout. Et puis c’est quand même un peu plus joli que dans un livre…

 

Je crois qu’il est important, chers Amis, d’apprendre qui est Dieu à nos enfants, et à nos petits-enfants aussi. De le leur montrer. De leur dire : « Voici votre Dieu ! » comme disait la première lecture. De poser des gestes en venant avec eux ici, à l’église, puisque l’Eglise que nous aimons pose des gestes concrets.

 

Et il est important, ensuite, de leur montrer les autres croyances, bien sûr. Ça, c’est ce que fait l’école. Le salut de Dieu s’est manifesté pour TOUS LES HOMMES disait Paul, dans la deuxième lecture. C’est donc important de le comprendre et de le leur montrer aussi.

 

Et il me semble ensuite très important d’apprendre à nos jeunes, une fois qu’ils sont ados, qu’il y a quelqu’un qui les AIME de manière inconditionnelle, quoi qu’ils fassent.

 

Combien de jeunes se sont suicidés parce qu’ils ont eu, à un moment donné, le sentiment de n’être aimés par personne, d’être seuls ?

 

Si on a la Foi, si on nous l’a transmise, on sait qu’on n’est JAMAIS seuls. On sait que Dieu, lui, nous aime, pleinement, quelles que soient nos erreurs.

 

L’Evangile nous rappelait ça en relatant la phrase venue du ciel au moment du baptême de Jésus : « Toi, tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ! »

 

Eh bien à chacun de nos baptêmes – on ne s’en souvient évidemment pas ! – mais à chacun de nos baptêmes Dieu nous a dit dans notre cœur : « Toi, tu es ma fille, tu es mon fils bien-aimé-e, en toi je trouve ma joie ! »

 

Le baptême, c’est certainement l’un des plus beau cadeaux à faire à un être humain, à fortiori à un enfant. C’est lui dire « je t’aime » de la part de Dieu, c’est lui apprendre la langue que Dieu parle.

 

Redisons-le autour de nous, chers Amis, notamment quand nous entendrons la phrase « oh vous savez, nous on ne le baptise pas, il choisira plus tard, quand il sera grand… ».

 

Ré-expliquons cela aux gens ! Parce que c’est aussi notre rôle de baptisés que de proclamer les merveilles de Dieu tout autour de nous et la nécessité de ses cadeaux, dont le baptême.

 

C’est aussi ce que disait le prophète Isaïe tout à l’heure, en nous envoyant crier la bonne nouvelle du haut des montagnes !

 

Alors…soyons de vrais baptisés, chers Amis ! Redisons autour de nous l’importance d’apprendre une langue du cœur à nos enfants et à nos petits-enfants, la beauté de leur offrir le baptême.

 

Et, en vrais baptisés, posons des gestes concrets, cela aidera celles et ceux qui nous entourent à ouvrir les yeux sur l’importance de cette langue du cœur et de l’esprit.

 

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La Sage, samedi 12 janvier 2019, 20.00

Evolène, dimanche 13 janvier 2019, 10.30 (version enregistrée)

La Luette, dimanche 13 janvier 2019, 18.00

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2 Responses

  1. Mlina

    Je suis tombée par hasard sur votre texte, et si vous me permettez je souhaite m’en inspirer pour la cérémonie de baptême de ma fille qui jusqu’alors est déprécié par les grand-parents paternel. Je suis en totale adéquation avec votre raisonnement et votre idéologie, le monde ne tourne plus rond, les traditions se cassent et vous savez quoi? les grand-parents en question sont des années 68. Je ne sais pas si c’était un hasard ou une destinée d’avoir rencontré votre blog mais en tout cas j’en reste dénue sur les dires qui sont en totale adéquations avec mes idéaux. En vous remerciant de l’avoir partagé. Cordialement, Méli

    • Vincent Lafargue

      Merci Méli, votre commentaire me touche beaucoup ! Prenez soin de vous et que Dieu vous bénisse +
      Joyeux Noël à Vous !

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