Philomena

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Photo DR : allocine.fr
 

Drame de Stephen Frears (sortie le 8 janvier 2014)

Avec Judy Dench, Steve Coogan, Sophie Kennedy-Clark

Il y a bien longtemps que je n’avais plus pleuré au cinéma…

Pleuré d’émotion, d’abord, devant ce drame magistralement raconté par un Stephen Frears en grande forme. Le réalisateur maîtrise à la perfection l’art délicat du flash-back – qui est loin de n’être que visuel et n’a besoin d’aucun des effets spéciaux à la mode pour qu’on comprenne le mouvement des années.

Pleuré de rage, ensuite, devant les errements de la religion d’il n’y a pas si longtemps, devant les insupportables égarements de certaines congrégations religieuses qui croyaient absoudre le mal par le mal et qui ont été jusqu’à prendre des enfants à leurs mères-filles, puis à vendre ces petits à de riches familles d’adoption, les vraies mères « purgeant » leur peine en travaillant pour le monastère. Oui, ce film fait un devoir de mémoire d’autant plus impressionnant que les principaux protagonistes sont toujours en vie. Faut-il raconter ce genre de faits ? Non, si l’on fait du voyeurisme, du journalisme à sensation, mais oui, mille fois oui, si la victime le décide et en ressent une réparation. Oui, mille fois oui aussi, si cela peut permettre à des mères et à leurs enfants de se retrouver.

Pleuré de bonheur, sans doute aussi, devant l’immensité du talent de Judy Dench, de « Dame Judy Dench » même car elle n’a jamais autant mérité son titre de noblesse, peut-être, que dans ce film. Avec elle, on est habitué à passer du rire aux larmes, de l’amusement au frisson. Mais à ce point… Dame Judy nous livre la magistrale incarnation d’une femme, l’exceptionnel portait d’une mère, l’incroyable visage d’une croyante.

On ne peut pas ne pas poser un regard chrétien sur ce film. On passe de faux-Dieu en faux-Dieu, celui des médias qui cherchent le mot qui fera vendre, celui que croient connaître ceux qui le critiquent et le rejettent en l’accusant de tous les maux, celui que croient servir ces religieuses pharisiennes du Sacré-Coeur… Le Dieu du journaliste Sixsmith (Steve Coogan, tout en nuances) s’appelle « colère« , celui de Sr Hildegarde (Barbara Jefford, impitoyable) se nomme « mortification« , celui de la rédactrice en chef (Michelle Fairley, à baffer elle aussi) s’appelle « marketing« … Les pécheresses et les pécheurs ne sont pas celles et ceux que croit.

Et soudain, le vrai Dieu apparaît, avec son vrai Sacré-Coeur. Ce Christ, soudain, prend les traits de Judy Dench. Il se nomme « pardon« .

Tout est beaucoup plus simple avec Dieu, ce sont les hommes, les femmes, leurs doutes et leurs règles qui compliquent tout.

Vous croyez en Dieu ? demande Philomena, candide, à Sixsmith.

J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait pas répondre à cette question d’un seul mot, que c’était plus complexe que cela… Et vous ?

Oui.

[silence]…

Oui, il y a bien longtemps que je n’avais plus pleuré au cinéma…

 

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  1. Etienne

    La critique est superbe! J’irai voir ce film, espérant la critique à la hauteur!

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