Pour qui donner sa vie ?

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Photo DR : philomag.com

Homélie pour le 4e dimanche TO, année B

Deutéronome 18,15-20 / Psaume 94 / 1Corinthiens 7,32-35 / Marc 1,21-28

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Chers Amis,

On m’a dit que j’étais un peu fou. C’est pas faux ! Que je devais un peu me reposer. C’est pas faux non plus. On m’a dit que je me consumais à donner ma vie ainsi pour mes paroissiens, ou pour quelques personnes qui me tiennent à coeur. C’est pas faux non plus !

C’est une de mes Filleules qui m’a dit cela. Alors je lui ai obéi. Je me suis dit que, peut-être effectivement elle avait raison, que j’en faisais un peu beaucoup pour mes paroissiens. « T’es aussi fou – m’a-t-elle dit – pour tes paroissiens que pour tes Filleules. Repose-toi un peu, on a besoin de toi.« 

Alors je suis venu retrouver Dieu dans le silence d’une retraite ici, parmi vous.

Mais en fait, en retrouvant Dieu, j’ai retrouvé le sens de ma folie, le sens du don que je fais de ma vie pour mes paroissiens, et aussi pour mes Filleules. Parce que c’est à Dieu que j’ai donné ma vie. Et qu’à travers celles et ceux qu’il m’a confiés – mes paroissiens, mes Filleules – c’est à lui que je m’offre, jour après jour.

Alors j’ai envie de vous demander : vous donnez votre vie pour quoi, vous ? Ou pour qui ? Qu’est-ce qui provoque en vous tant d’Amour que vous pourriez sans difficulté vous dépenser tout entiers, vous consumer pour cette cause ou pour cette personne ? Vous vous êtes déjà posé la question ?

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur« , disait Jésus, dans un autre Evangile. Et là où est ton coeur, là aussi sera ton Dieu, pourrait-on ajouter, puisqu’alors ton trésor est devenu ton Dieu.

Pour moi, mon trésor, c’est mon Dieu, puisque c’est Dieu à qui j’ai donné ma vie. Et à travers lui toutes les personnes qu’il me confie au travers d’un lien sacré : les paroissiens qui me sont confiés par le sacrement de l’ordination que j’ai reçu. Mes quatre Filleules qu’il a reliées à moi par les sacrements de baptême ou de confirmation. Quel bonheur de consumer ma vie pour ces gens-là !

Pour d’autres, ce sera Dieu présent dans leur épouse, leur époux. Ils sont reliés par un sacrement, eux aussi, le mariage. Pour vous, mes sœurs, ce sera Dieu aussi en ce qu’il emplit la totalité de l’espace sacré de la clôture où vous demeurez par amour pour lui.

Dis-moi pour qui tu es capable de donner sans compter, et je te dirai qui est Dieu pour toi.

Alors attention, dans les exemples que j’ai donnés on aboutit effectivement à Dieu. Mais dans notre monde actuel, la question aboutit parfois à de faux-Dieux.

Il y a des gens qui seraient capables de donner leur vie pour leur compte en banque, surtout en Suisse, par exemple. Ou pour un objet, une oeuvre d’art. Ou pour la gloire au travers du regard des autres. Ou pour une certaine idée de la loi.

L’argent est le faux-Dieu de celui qui est capable de donner sa vie pour lui. La gloire du monde est le faux-Dieu de telle personne capable de donner sa vie pour une couverture de magazine. La Loi est le faux-Dieu de celui qui serait capable de donner sa vie pour un amendement ou un référendum.

Ces personnes ont dévié : elles ont placé Dieu là où il n’était pas.

Et justement, les textes de ce matin nous donnaient ces exemples. Dans la première lecture, le peuple des Hébreux, à l’époque de Moïse, vous vous souvenez, c’est ce peuple qui a fabriqué le veau d’or dans le désert. Un Dieu-fric. Moïse, lui, a placé son Amour en Dieu, le Deutéronome le rappelait.

Et son Dieu lui annonce la venue d’un prophète un jour, que certains écouteront et d’autres pas.

C’est Jésus, qui vient dans la page d’Evangile que nous avons réentendue il y a quelques instants. Où on nous dit que Jésus enseigne avec autorité, non pas comme les scribes. Pourtant les scribes étaient des gens d’autorité, peut-être même davantage que Jésus au sens du monde. Que signifie cette expression ? « Il enseigne avec autorité, non pas comme les scribes« …

Évidemment, il place son amour en Dieu, lui, et en chacun des visages qu’il a devant lui et que Dieu lui confie, alors que les scribes sont amoureux de qui ? De la Loi, de la lettre, de la virgule. Eux ont fait de la Loi leur faux-Dieu.

Et quand j’entends les tergiversations pour des virgules autour d’une nouvelle loi dans notre pays, alors que des gens meurent de froid dans la rue, je me dis que les scribes ont encore de beaux jours devant eux dans nos Assemblées Nationales, avant que l’on découvre Dieu dans le visage de nos prochains.

Enfin Paul, dans la deuxième lecture, mettait en garde lui aussi : il y a ceux qui ont placé leur amour en Dieu, soit par la vie consacrée soit par le mariage, le biais de certains visages auxquels Dieu les a reliés. Et Paul ne dépréciait ni l’un ni l’autre ! Ce que Paul dépréciait c’est ceux qui – au contraire – sont préoccupés par la gloire du monde. Il y en a des deux côtés ! Ceux qui sont préoccupés par le regard des autres. Ceux qui sont divisés au plus profond de leurs coeurs.

Soyez attachés au Seigneur, dit Paul. Qu’il soit dans votre vie consacrée ou dans la personne qui vous est consacrée par Dieu. Sois attaché à ton Dieu dit le Seigneur à Moïse. Soyez attachés à l’enseignement de l’Amour, non à la lettre des lois, dit Jésus aux scribes.

Car là où est ton coeur, là aussi est ton Dieu.

Alors, chers Amis, quel est le lien d’Amour le plus sacré de votre vie, à vous ? Pour qui vous consumez-vous jusqu’à devoir prendre, comme moi, de temps en temps, un peu de repos ?

Pour Jésus, c’était nous. Il a été jusqu’à donner sa vie pour nous.

Pour moi c’est Dieu présent sur les visages de ces personnes qu’il m’a confiées par des liens sacrés, mes paroissiens, mes Filleules.

Pour vous, mes sœurs, c’est Dieu présent dans l’hostie, dans la prière, dans le travail humble de tous les jours, dans le silence.

Pour d’autres, c’est Dieu présent dans l’être qu’ils aiment et qui leur est attaché par des liens sacrés, aussi. Un époux, une épouse, des enfants, des petits-enfants, des filleuls…

Posons-nous la question sérieusement : pour qui est-ce que je donne ma vie, moi ? Est-ce Dieu ? Est-ce une personne qui me relie à Dieu ? Ou est-ce le monde, sa gloire, ses lois, ses prétendues valeurs.

Posons-nous la question sérieusement, chers Amis. L’enjeu est essentiel. Car là où est notre trésor, là aussi sera notre Dieu.

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Carmel de Bayonne (France), dimanche 1er février 2015, 8.30

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  1. Gaspoz

    Merci Incoura, que ça fait du bien d’écouter votre enseignement.
    Bonne soirée.
    A demain .
    Hélène

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