Serviteur, Madame !

Classé dans : Bible, Homélies, Temps ordinaire | 0
Imprimer
Photo DR : ebay.fr
 

Homélie pour le 27e dimanche TO, année C

Habacuc 1,2-3;2,2-4 / Psaume 94 / 2e à Timothée 1,6-8.13-14 / Luc 17, 5-10

Serviteur, Madame !

Nous n’entendons plus beaucoup cette expression, sinon dans certaines séries ou certains films.

Pourtant c’était beau ! C’est ainsi qu’on prenait congé de quelqu’un, jadis.

Serviteur, Monsieur ! Serviteur, Madame ! Un abrégé des formules quasi plus utilisées non plus à la fin de nos lettres : je vous prie de croire que je suis, Madame, votre humble et dévoué serviteur.

Aujourd’hui c’est : Tchô bonne ! Ou A+.

Comme le faisait remarquer Marc Donnet-Monay dans son spectacle vendredi soir à Sion, « A+ c’est pratique, ça me permet d’indiquer en même temps mon groupe sanguin… »

Mais bon…

Serviteur, Monsieur… C’était quand même autre chose. Et cela disait parfaitement ce que Jésus essaie de nous apprendre dans l’Evangile d’aujourd’hui. Nous sommes des serviteurs. Tous, sans exception. Serviteurs de notre prochain.

Serviteurs inutiles mais indispensables, comme le disait mon confrère Rémy tout à l’heure/hier.

Serviteurs inutiles, parce que jamais il ne faut tirer orgueil du service que l’on rend.

Serviteurs indispensables parce que le jour où il n’y a plus de serviteurs, le jour où l’on arrête de se rendre des services mutuellement, le monde mourra de sa suffisance et de son relativisme orgueilleux.

Serviteurs inutiles : vous rendez un service ? N’attendez pas qu’on vous le rende en retour. Ce n’est pas comme cela que l’amour avance.

Quand quelqu’un me demande comment il peut me rendre l’aide que je lui ai fournie, quelle qu’elle soit, je lui dis toujours « Fais passer ». Passe plus loin, continue la chaîne, rends le même service, ou un service équivalent, à ton tour, à quelqu’un d’autre.

C’est ainsi que la chaîne d’amour continuera, et ce sera ma plus belle récompense, que d’imaginer que celui à qui j’ai rendu service va le faire à son tour pour quelqu’un d’autre.

Je te prête 100.- … ne me les rends pas, prêtes-en autant à quelqu’un d’autre, sans attendre cet argent en retour mais en lui demandant de faire de même. Ainsi le monde ira mieux.

…Oui, me direz-vous, mais je les ai prêtés ces 100 francs…

Et un jour une personne dans le besoin m’a dit cela : « Vous m’avez prêté cet argent, je dois vous le rendre ! »

Je lui ai répondu : « Lorsque vous aurez prêté un bien équivalent à quelqu’un d’autre, considérez que vous me les avez rendus. ».

Equivalent, ça ne veut pas dire identique. Moi, j’ai prêté 100 francs à cette personne, je le pouvais, mais pour elle, lui ai-je expliqué, ça correspond peut-être à 10 francs du peu qu’elle a, voire à 5 francs.

Un peu abasourdie, elle me dit : « Alors si je prête, enfin si je donne 5 francs à quelqu’un, je vous aurai rendu vos cent francs ?« 

– Voilà, vous avez compris.

Alors vous me direz, ça suppose la confiance, la foi en cette personne.

Vous savez bien sûr, au passage, que confiance et foi viennent du même mot latin, fides, tout comme fidélité d’ailleurs.

Oui, en effet, une telle attitude suppose la Foi. En tout cas la foi en la personne à qui l’on donne.

Et vous aurez remarqué que Jésus, dans ce même Evangile d’aujourd’hui, nous dit que la Foi, si nous en avions ne serait-ce que gros comme une mini graine de moutarde, nous pourrions déplacer des arbres, des montagnes, c’est-à-dire changer le monde.

Paul le disait à sa manière, dans la seconde lecture, sa deuxième lettre à Timothée : « prends ta part de l’Evangile, garde-le dans toute sa pureté grâce à l’Esprit Saint qui habite en nous.« 

Ah parce qu’il faut l’Esprit Saint, en plus ??

Oui. Et bonne nouvelle, vous l’avez reçu. Au baptême notamment. A la confirmation aussi.

Autrement dit, non, il ne s’agit pas que de crier, crier, crier vers Dieu comme nous savons si bien le faire, et comme s’en plaignait le prophète Habacuc dans la première lecture. C’est facile de crier vers le ciel. Des fois ça soulage. Mais ça ne suffit pas.

Faire le bien autour de soi, faire confiance, donner, être au service de son prochain, voilà ce que Dieu nous suggère.

Ma manière de le faire, c’est de donner ma vie pour vous, dans la prêtrise. Je n’attends pas que vous me rendiez la vôtre, ce serait complètement idiot. J’attends simplement que vous continuiez la chaîne, que vous donniez, vous aussi, à d’autres, que vous vous engagiez pour votre commune, pour votre village, pour votre paroisse, pour votre prochain. Alors la chaîne d’amour continuera.

Serviteur, chers Amis ! …

___________________________________________

Champzabé, samedi 5 octobre 2013, 18.30

Sanctuaire de Crételles, dimanche 6 octobre 2013, 10.30

Imprimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.