Si vous en êtes restés au confessionnal de jadis…

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Photo DR : Endemol / TF1

 

Homélie pour le 3e dimanche de Pâques B

Actes 3,13-15.17-19 / Psaume 4 / 1 Jean 2,1-5a  / Luc 24,35-48

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Si vous en êtes restés – en termes de confession – au confessionnal, petite boîte exigüe qui ne sentait pas toujours très bon et dans laquelle on vous aurait jugé plutôt durement, laissez-moi vous dire que les choses ont bien changé. Heureusement !

 

La confession, c’est plutôt une joie, aujourd’hui. D’ailleurs, une des dernières fois que j’ai confessé quelqu’un, la personne est repartie en pleurant. Je lui ai dit : « Vous êtes triste ? » Elle me dit : « Non… je pleure de joie, vous savez… »

 

La confession, aujourd’hui, c’est plutôt quelque chose de joyeux, et on n’y est pas jugé, on y est pardonné, ce n’est pas tout à fait pareil !

 

Lorsque je reçois quelqu’un en confession – sans bien sûr trahir ici rien de ce que l’on me dit, cela m’excommunierait d’office, vous le savez – je peux vous dire tout de même ce qu’il m’arrive moi de dire à une personne, ça ce n’est pas secret. Et il m’arrive de dire à telle ou telle personne : « Eh bien ce que vous venez de me dire n’est PAS un péché. » Et souvent la personne est toute surprise.

 

En tout cas si la personne est adulte.

 

Parce que les enfants, eux, comprennent bien mieux que nous la différence qu’il y a entre une bêtise – fût-elle grosse – et un péché.

 

Parce que, pour faire un péché, il faut l’avoir VOULU.

 

On leur explique avec cette petite histoire, on leur dit : « Tu vois, si tu es à table à la maison et que tu t’animes un petit peu parce que… à l’école, ce matin c’était sympathique… et puis tu racontes ce qui s’est passé… et avec un grand geste, il y a un verre qui est poussé par ta main et qui tombe par terre et qui se casse… or c’est un verre en cristal, du mariage de tes grands-parents… est-ce que c’est un péché ? Non ! »

 

Non, en aucun cas. Parce que, pour faire un péché, il faut l’avoir voulu. C’est beaucoup plus difficile qu’on croit de commettre un péché, en fait… Il faut l’avoir voulu.

 

Alors on leur dit, par contre : « Si le lendemain, toujours à la maison, toujours à table pour le repas, alors que ta Maman t’a dit vingt fois le matin de ranger ta chambre, tu arrives fâché contre elle, tu la regardes un peu méchamment, et exprès tu pousses le verre pour qu’il tombe et se casse, …est-ce que c’est un péché ? Oui, bien sûr ! Et la première personne qui en a de la peine, qui est offensée ce n’est pas ta Maman… c’est Dieu. Parce que, dans ton cœur, tu l’as voulu ! »

 

Eh oui… toute la différence est là, chers Amis !

 

En termes adultes, dans notre langage à nous, ça donnerait ceci : quelqu’un viendrait me confesser la mort d’un homme que je lui dirais qu’il ne s’agit pas forcément d’un péché…

 

Si c’est un assassinat, alors oui, oui, effectivement, il s’agit d’un péché. Et d’un des plus graves qui soient, d’ailleurs.

 

Mais si c’est un accident ? « Je conduisais, la personne s’est jetée sous mes roues, je n’ai rien pu faire… » Ce n’est pas un péché.

 

Bien sûr que cette personne va passer devant le tribunal des hommes pour homicide involontaire. Mais pas devant le tribunal de Dieu. Il faut l’avoir voulu, pour commettre un péché.

 

Alors des fois, il y a des circonstances aggravantes, aussi dans la vision de Dieu. Si cette personne conduisait bourrée, c’est un péché. Eh oui ! Parce qu’en amont, il a voulu faire le mal.

 

Vous voyez, chers amis, on peut commettre rigoureusement le même acte et être innocent ou coupable aux yeux de Dieu.

 

Il arrive aussi qu’on commette une faute, en l’ayant parfaitement voulue, mais sans savoir que cet acte était interdit ou mauvais.

 

C’est ce dont nous parlait la première lecture.

 

« Vous avez crucifié le Christ, vous ne saviez pas que c’était le Messie. Maintenant, convertissez-vous », disent les Apôtres, « convertissez-vous, tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

 

Saint Jean le disait aussi dans la deuxième lecture : évitons le péché mais si nous en commettons – oui, nous sommes des êtres humains ! – si nous en commettons tout de même, alors au moins tournons-nous vers Dieu : nous avons un défenseur devant le Père, Jésus le Christ.

 

C’est ce qui change tout, chers Amis. Quand on ne lit que l’Ancien Testament, on peut être tenté de voir Dieu le Père comme un juge assez sévère, encore que plusieurs textes nous disent le contraire. Mais nous qui avons le Nouveau Testament, nous qui avons le Christ, nous avons un défenseur qui a pris sur lui tous nos péchés pour les jeter dans la fournaise de l’Amour de Dieu. C’est pas beau, ça ?

 

Le pape François le répète souvent : « Dieu est plus grand que notre péché. »

 

Alors que nous, nous voyons souvent l’inverse : nous avons les yeux sur notre péché, sur ce que nous venons de faire, nous ne voyons plus que ça, et ça nous paraît immense ! On se dit que… non, personne ne va nous pardonner cela, que notre faute est trop grande, on essaie de la cacher, du coup.

 

C’est faux ! Présentons-la à Dieu, à travers le sacrement du pardon.

 

Oui parce que… vous avez aussi des personnes qui se disent : « Oh moi, j’ai pas besoin d’aller me confesser, je m’arrange directement avec Dieu ! » … je suis sûr que vous déjà entendu cette phrase-là…

 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c’est une conversion de leur cœur ? Ou est-ce que c’est une formidable marque d’orgueil ??

 

« J’ai pas besoin des autres, moi ! Qu’est-ce que vous croyez ? Je m’arrange directement avec lui ! » …Plus orgueilleux, je connais pas ! Quelqu’un qui viendrait vous dire en face : « Je n’ai pas besoin des autres ! » On a tous besoin des autres !

 

Et le sacrement, celui de l’Eucharistie tout à l’heure, celui du pardon, celui du mariage, celui de l’onction des malades, le sacrement c’est lieu où Dieu se rend présent pour vous, à travers un de ses serviteurs.

 

Un diacre pour le baptême et le mariage, un prêtre pour le pardon, l’Eucharistie, l’onction, un évêque pour la confirmation, pour l’ordre…

 

Le sacrement, c’est le lieu où Dieu vient parce que vous l’avez invoqué à DEUX, justement, et non pas tout seul ! « Quand deux ou trois sont réunis, alors je suis au milieu d’eux. » Il n’a jamais dit : « Quand tu prieras tout seul dans ton cœur, je serai au milieu de toi. » Non…

 

« Quand deux ou trois sont réunis, alors je suis là, au milieu d’eux. », c’est ça, un sacrement.

 

Et c’est exactement ce que vous êtes venus faire ce matin ! Vous réunir – le mot « Eglise », en grec, veut dire « Assemblée » – vous vous êtes réunis pour, à travers le sacrement de l’Eucharistie, faire advenir le Seigneur, bénéficier de sa présence

 

Alors chers Amis, n’ayons pas peur de nous approcher d’un prêtre pour vivre la réconciliation avec Dieu… Un prêtre, ce n’est rien d’autre qu’un micro et un haut-parleur ! Un micro quand on veut parler à Dieu, un haut-parleur quand Dieu a quelque chose à nous dire.

 

Et il est à votre disposition, vous le savez !

 

N’ayons pas peur de notre péché, au contraire, présentons-le à Dieu au sein du sacrement. Parce qu’alors nous allons nous entendre dire : « Et moi, je te pardonne tes péchés. »

 

Et je discutais récemment avec une amie psychologue, athée, qui me disait : « Tu sais, cette parole que vous dites, elle a une force gigantesque ! La personne qui veut faire ça dans son cœur, elle n’y arrivera jamais. Mais entendre quelqu’un lui dire à haute voix ‘moi, je te pardonne’, ça débloque un nombre de choses dans le cœur et dans l’esprit qu’on n’imagine même pas… »

 

Et c’est vrai !

 

Alors chers Amis, n’ayez pas peur de vous approcher d’un prêtre. Quand on appelait, jadis, cela « faire ses Pâques » c’était exactement cela… On peut le faire avant Pâques, on peut le faire pendant tout le temps pascal, jusqu’à la Pentecôte, et ensuite on peut le faire n’importe quand, quand on veut…

 

S’approcher d’un prêtre pour retrouver toute la joie d’entendre Dieu nous dire : « Moi, je te pardonne tous tes péchés ! »

 

Profitons de ce temps de Pâques pour vivre le sacrement de réconciliation ailleurs que dans les vieux confessionnaux de jadis mais simplement autour d’un prêtre que nous connaissons, que nous apprécions… choisissez, vous en avez plusieurs à votre disposition.

 

Amen.

 

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La Sage, samedi 14 avril 2018, 20.00

Evolène, dimanche 15 avril 2018, 9.00 (version enregistrée)

 

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2 Responses

  1. Hermine Pralong

    Vincent, je te dis simplement MERCI pour ta disponibilité, grâce à ça, j’ai vécu un merveilleux week-end. La semaine qui commence se passera bien mieux après tes encouragements. À bientôt dans la joie du Christ.

  2. Bernard Carron

    Bonjour,
    J’aimais beaucoup recevoir vos homélies que j’appréciais énormément.
    Malheureusement, depuis quelque temps je ne les reçois plus.
    Avez-vous perdu mon adresse?

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