The Truman Show

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Photo DR : parentnoemie.blogspot.com

Film américain de Peter Weir (sortie 28 octobre 1998)

Avec Jim Carrey, Ed Harris, Laura Linney

Il y a 15 ans déjà, le Truman Show faisait mouche dans les salles obscures. Peter Weir pointait d’un doigt accusateur la télé-réalité, alors que Loft Story n’était pas encore apparu sur nos écrans. Critique parfaitement ciblée de ce qui allait nous régaler quelques années plus tard, régaler notre besoin de voyeurisme en tout cas.

Car le Truman Show c’est d’abord le regard des autres sur ce pauvre homme filmé en direct et à son insu depuis sa naissance et pendant trente années. L’ironie est de l’avoir nommé Truman, jeu de mots en anglais : true-man c’est l’homme-vrai… alors qu’autour de lui tout n’est que décor, comédiens, illusion, show. Mais il ne le sait pas.

Jim Carrey est absolument génial dans ce rôle. Il ne sur-joue pas, contrairement à son habitude dans de nombreux autres films, il a juste les petits tics de quelqu’un qui vit depuis toujours dans un monde en toc. Les comédiens qui évoluent autour de lui sont délicieusement à baffer, magistraux d’artificialité contrôlée : Laura Linney en épouse blonde et faussement prévenante, et Noah Emmerich en meilleur ami factice à souhait.

Mention particulière à Ed Harris, qui joue Cristof, le metteur en scène et concepteur de ce spectacle qui tient la planète en haleine. Incarnation parfaite du soi-disant Dieu de ce programme (vivant d’ailleurs dans le « ciel » artificiel du monde de Truman, capable de faire la pluie et le beau temps), en réalité le Mal absolu.

Dieu et le Mal, disons-le. Car le regard chrétien se pose avec un grand intérêt sur cette oeuvre pourtant dénuée de mentions explicitement religieuses (pas de pratique religieuse ni d’église dans le monde « idéal » de Truman). A y bien regarder, le monde de Truman est une prison. Et Cristof maintient sa créature en cellule en contrôlant jusqu’à ce qu’il doit penser, rêver, jusqu’à ses propres sentiments. Il est comme le faux-père – qui doit d’ailleurs aller jusqu’à mettre en scène l’exécution du vrai père de Truman… qui finira par ressusciter – toute ressemblance avec une histoire connue n’étant peut-être pas une coïncidence !

Dieu, le Dieu-Amour, est incarné par Sylvia (très émouvante Natasha McElhone) qui va faire tous les efforts possibles pour sortir Truman de sa vie de pacotille. Celle dont il est amoureux depuis tant d’années. Comme Dieu, elle peut lui inspirer l’Amour… mais ne peut agir à sa place.

Et le Mal-Cristof va aller jusqu’à vouloir détruire Truman en lui faisant traverser des épreuves infranchissables. Dieu-Sylvia l’en sortira en lui inspirant l’amour, la Foi en un rêve impossible, l’espérance, et surtout le libre arbitre.

…Job n’est pas loin.

Un film qui va nous faire réfléchir sur notre monde de caméras et de contrôles, de mises en scènes et d’illusions, de télé-prétendument-réalité, orchestrée par des comédiens bien dirigés.

Un film qui, sans aucune goutte de sang, sans aucune scène dénudée, sans aucune vulgarité, sans aucun coup de feu (un exploit cinématographique, osons le dire !) va se faire le miroir impitoyable de notre monde.

A revoir absolument !

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