Transmetteurs de Bonne Nouvelle, même à 6h du matin

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Photo DR : e-marketing.fr

 

Homélie pour le 28e dimanche TO, année A

 

Isaïe 25,6-9 / Psaume 22 / Philippiens 4,12-20 / Matthieu 22, 1-14

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Avant-hier, six heures et demie du matin, le bip-bip de mon téléphone me signale que j’ai un message. C’était un des rares matins où je pouvais dormir un petit peu… Habituellement à cette heure-là, je suis debout depuis un moment.

 

Et en entendant ce bip-bip à 6 heures 30, une inquiétude me prend d’abord : un décès ? une urgence ? Ce sont des éléments qui parsèment nos vies de prêtres. Parfois au beau milieu de la nuit, et c’est bien ainsi : que vous sachiez que vous pouvez nous appeler au milieu de la nuit, sinon pourquoi serions-nous célibataires, hein ? Je vous le demande !

 

Je me lève donc et je vais jusqu’à mon téléphone avec un peu d’inquiétude.

 

Et lorsque je découvre le message, je souris. Parce que c’était le message de deux amis dont j’avais célébré le mariage qui venaient annoncer à tous leurs contacts la naissance de leur fils.

 

J’ai ri… parce que les jeunes parents sont tous les mêmes : leur bébé est le plus beau du monde ! Y a pas photo ! Et il faut annoncer sa naissance au monde entier, à tous nos contacts, tout de suite, dès qu’il est né, même si c’est 6 heures du matin, c’est pas grave ! Et c’est beau, ça ! C’est beau, ça, chers Amis !

 

Je me dis parfois que si on mettait autant d’énergie à annoncer les bonnes nouvelles – comme ces parents-là – qu’on en met à annoncer les mauvaises autour de nous, eh bien le monde irait mieux !

 

Une amie l’autre jour :

–      Hhhh, je devais absolument te dire, Jean Rochefort est décédé !

–      Bah c’est triste pour Jean. Je l’avais rencontré jadis quand je faisais du théâtre. Mais, lui ai-je dis, as-tu une bonne nouvelle à m’annoncer ?

 

Elle était tout interloquée, elle m’a dit :

–      Bah, je… non, je voulais juste te dire qu’il était décédé…

 

Les médias tombent souvent dans ce travers-là, surtout avec les réseaux sociaux.

 

Il faut TOUT DE SUITE tweeter, il faut TOUT DE SUITE écrire, il faut TOUT DE SUITE annoncer la mauvaise nouvelle, et il faut être le PREMIER à le faire !

 

Ça vous en trouvez, dans vos journaux, des mauvaises nouvelles ! Par contre les bonnes… des fois il faut chercher un peu.

 

Pourtant il y a de belles, bonnes nouvelles ! Une naissance, un mariage… pourquoi il n’y aurait pas une page des mariages avant la page des décès, ce serait bien !

 

Une famille unie, qui passe le week-end ensemble, c’est une excellente nouvelle ! ça ne fera jamais la une de vos journaux, pourtant il y en a plein parmi vous qui sont dans ce cas aujourd’hui !

 

Par contre si dans cette famille, il y a quelqu’un sur qui on peut taper parce qu’il est un petit peu connu, et qu’on a des raisons ou pas (d’ailleurs on vérifie pas, en général) de le faire, alors là ça fera les gros titres, là y a pas de problème, forcément !

 

Je ne sais pas vous, mais moi j’ai toujours des scrupules à annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu’un. J’attends, je me dis que la personne le saura bien assez vite, bien assez tôt, je ne veux pas lui gâcher le temps qui lui reste avant de savoir cela. Elle a le droit de vivre encore quelques heures avant d’avoir de la peine, ce n’est peut-être pas à moi de lui dire…

 

Par contre j’ai un mal fou à garder pour moi une bonne nouvelle. C’est souvent cela que j’aime répéter à droite à gauche, publier sur les réseaux sociaux. Ça m’a valu une ou deux gaffes d’ailleurs, parce que telle bonne nouvelle ne devait pas encore être dite, c’était secret… fallait pas le dire !

 

Et j’ai parlé de cette manie de rapporter les bonnes nouvelles à mon père spirituel, un jour. Et sa réponse m’a beaucoup touché. Il m’a dit :

 

– Tu ne serais pas un petit peu Chrétien, des fois ?

 

Eh oui, chers Amis, être chrétien ça devrait être synonyme de « porteur de bonne nouvelle » !

 

Nous ne sommes pas seulement les destinataires de cette bonne nouvelle, nous en sommes aussi, normalement, les transmetteurs.

 

Oui, rappelons au passage que « Evangile », c’est un mot grec qui veut dire « Bonne Nouvelle », ou « Heureuse Annonce », ça dépend comment on traduit, mais l’esprit est le même. Nous sommes porteurs d’une Bonne Nouvelle, une sacrée Bonne Nouvelle même !

 

Moi, je n’arrive pas à garder pour moi une bonne nouvelle ! Deux personnes s’aiment, elles veulent se lier d’amour devant Dieu ? Magnifique ! Un petit bonhomme est né ? Magnifique ! Mais moi j’ai envie de le crier sur tous les toits du village, ça !

 

Et ce qui est valable pour toutes les petites bonnes nouvelles de nos vies est à fortiori valable aussi pour la Bonne Nouvelle avec un B et un N majuscules, l’Evangile. Cette Bonne Nouvelle qui parsemait tous nos textes de ce matin.

 

Dieu nous aime, il veut tous nous sauver, il veut tous nous convier au festin de sa montagne, c’est une sacrée bonne nouvelle, ça, non ?

 

C’était celle de la première lecture, le prophète Isaïe.

 

Dieu est un berger pour nous, il est toujours avec nous sur les chemins de nos vies, et comme le meilleur des bergers il est là même dans les pires difficultés, il nous aide à les traverser, il nous aide même à traverser la mort pour nous emmener chez lui… C’est une sacrée bonne nouvelle, ça, non ?

 

C’était celle du psaume.

 

Dieu nous comble de richesses – attention, des richesses à lui, hein ! on ne parle pas de salaires indécents ou de billets de loto gagnants, non – le bonheur, la santé, la famille, l’amour… il nous comble de richesses, il nous donne tout ce qu’il nous faut, et pas forcément de ce dont nous n’avons pas besoin, c’est une sacrée bonne nouvelle, ça !

 

C’était celle de la deuxième lecture, et c’est Paul qui l’annonçait au nom du Seigneur.

 

Et puis il y avait l’Evangile qui rassemblait tout ça. On y parlait d’un festin – comme dans la première lecture – auquel Dieu nous invite tous. Sacrée bonne nouvelle !

 

Il y en a malgré tout, vous l’avez entendu, qui ne veulent pas venir à ce festin, qui trouvent toutes les bonnes excuses du monde. Alors, vous l’avez entendu aussi, le Seigneur envoie tous ses serviteurs pour annoncer la bonne nouvelle de ce festin aux croisées des chemins, pour faire venir tous ceux qu’ils trouveront. Les bons comme les mauvais !

 

Ça, ça nous rassure beaucoup, hein ! Enfin, sauf si vous vous croyez bons, mais moi qui ne me crois pas bon, ça me rassure beaucoup de savoir que Dieu appelle aussi les mauvais, j’ai peut-être une chance !

 

Chers Amis, par notre baptême, nous sommes serviteurs de Dieu, nous sommes prophètes, porte-paroles de Dieu, nous avons à annoncer cette Bonne Nouvelle.

 

C’est nous, les serviteurs qu’il envoie aux croisées des chemins pour inviter les gens à son festin.

 

C’est nous qu’il envoie annoncer qu’il est toujours avec nous même dans les plus mauvais moments de nos vies.

 

C’est nous qu’il envoie annoncer que Dieu comble les désirs d’un cœur.

 

C’est nous qu’il envoie porter les cartons d’invitation à ce festin, cette Eucharistie, qu’il célèbre avec nous ce matin encore.

 

Et il compte sur nous pour annoncer tout cela en habit de fête, vous l’avez entendu, en habit de noces !

 

C’est quoi, cette histoire d’habit de noce ? Le pauvre qui était là, à la noce, il n’avait pas l’habit de noce alors il est jeté dehors, qu’est-ce que c’est, cette histoire ? Peut-être que ce n’est pas tout à fait à prendre au premier degré, comme souvent avec la Bible…

 

Qu’est-ce que ça signifie être dans une fête… et ne pas faire la fête ?

 

Qu’est-ce que ça signifie être chrétien et tirer une tronche de deux mètres de long quand on sort de ce repas qu’est l’Eucharistie ?

 

C’est ÇA, manquer de l’habit de noce.

 

Tu ne peux pas être à la fête et ne pas faire la fête, autant sortir, ça va gâcher la fête aux autres, autrement.

 

Nous ne pouvons pas, chers Amis, ressortir de nos Eucharisties, sur le parvis tout à l’heure, avec une tête de Carême sans Pâques, comme dit le pape François !

 

Nous ne pouvons pas ressortir de l’Eucharistie sans l’habit de fête sur notre visage, sans la joie ! Alors bien sûr il ne s’agit pas d’avoir des sourires béats, tous, en sortant de là, on nous prendrait un petit peu pour des fous ! La joie, elle vient d’abord de là-dedans, elle vient du cœur. Et ça se voit dans les yeux, par exemple, si on est rempli de Dieu en sortant de l’Eucharistie !

 

Il compte sur nous pour cela, chers Amis ! Il compte sur nous pour annoncer joyeusement l’Eucharistie qui comble nos vies, dire autour de nous que ça redonne des forces de venir prendre ce repas, que nous sommes joyeux d’être chrétiens et d’avoir la Foi.

 

Et nous, en plus, on peut le dire sans risquer quoi que ce soit ! C’est pas le cas de tout le monde sur la planète, hein !

 

Un « chrétien joyeux » ça devrait même devenir un pléonasme, chers Amis !

 

Exactement comme un journaliste porteur de mauvaise nouvelle, c’est un pléonasme !

 

Exactement comme de jeunes parents tout heureux d’annoncer la naissance de leur enfant, c’est un pléonasme.

 

Dieu, voyez-vous, fait de nous les destinataires mais avant tout les transmetteurs de Sa Bonne Nouvelle. Alors je vous laisse en méditation cette parole de notre évêque Jean-Marie au moment de son ordination il y a trois ans et deux semaines à peu près. Il nous avait demandé de réactiver notre baptême pour réactiver notre rôle de transmetteurs, disait-il. Transmetteurs de la Bonne Nouvelle, de la joie de l’Evangile, c’est tellement important pour lui qu’il en a fait sa devise épiscopale : « La joie de l’Evangile » !

 

Suivons ce que nous demande notre évêque. Soyons des transmetteurs de la joie de l’Evangile !

 

Et même si c’est à six heures du matin, pour dire notre joie de croire, et bien c’est pas grave ! Autant ça qu’une mauvaise nouvelle, non ?

 

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Champex, samedi 14 octobre, 17.00

 

Hérémence, dimanche 15 octobre, 10.30 (version enregistrée)

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