Tu as de la lumière dans les yeux !

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Homélie pour le 2e dimanche du Carême A

Genèse 12,1-4a  /  Psaume 32  /  2Timothée 1,8b-10 / Matthieu 17,1-9

 

NDLA : en raison d’un petit accident, l’abbé Vincent n’a pas prêché en 2020 le 2e dimanche du Carême. Voici une homélie faite il y a quelques années le même dimanche.

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase : « Tu as de la lumière dans les yeux ! »… voilà une expression qu’on entend souvent et qui ne cesse de me faire réfléchir.

…Tu as de la lumière dans les yeux…

La semaine dernière dans mes paroisses du val d’Hérens, nous avons donné l’Onction des Malades à celles et ceux qui la souhaitaient. Comme nous le ferons ici tout à l’heure.

Et comme chaque année, les visages de certaines de ces personnes souffrantes étaient extraordinaires au moment de l’onction. Il y avait véritablement de la lumière dans leurs yeux. Et j’aime, personnellement, plonger mes yeux dans des yeux qui sont lumineux !

Pourtant c’est pas simple d’être souffrant. Encore moins quand on est dans une maison, dans un home pour personnes âgées par exemple ! Voilà des personnes à qui l’on a demandé, comme Dieu à Abraham dans la première lecture, de quitter la maison de leur famille et d’aller dans un lieu inconnu.

Peu importe qu’on soit dans un Home ou non d’ailleurs : la souffrance nous amène toujours en territoire inconnu. Quelle que soit cette souffrance : souffrance physique, souffrance morale, souffrance du cœur quand on est en proie à un chagrin d’amour, souffrance de la mémoire… Quelle que soit la souffrance, elle nous amène en territoire inconnu. Elle nous fait faire un exode, exactement ce que Dieu a demandé, dans la première lecture, à Abraham.

Et pourtant ces personnes qui souffrent ont encore de la lumière dans les yeux, et parfois bien plus que d’autres, que des personnes blasées… vous savez ces personnes qui arrivent ici, qui regardent le Grand Combin, et qui disent : « Ouais, c’est bien, c’est bien. Bon, quand est-ce qu’on mange maintenant ? »

C’est terrible un regard blasé, c’est terrible ! Tout particulièrement devant les beautés de notre Valais. On ne peut pas être blasé ! Autant avoir de la lumière dans les yeux.

Et les Chrétiens doivent au minimum avoir cette lumière concernant Dieu, normalement… Normalement ! Parce qu’on ne l’a pas toujours ! Bon pas autant que les prêtres, nous on est amoureux de Dieu, c’est facile pour nous d’avoir de la lumière dans les yeux quand on parle de lui !

Mais tout un chacun – si l’on se dit Chrétien – devrait avoir de la lumière dans les yeux en parlant de Dieu, être un petit peu amoureux de Dieu, au moins.

Comme la lumière que l’on trouve dans les yeux d’un enfant, d’un tout petit, lorsqu’il reconnaît la voix de sa maman, de son papa, ceux qui veillent sur lui. Vous avez déjà vu cette lumière qu’ont les enfants quand ils reconnaissent une voix qu’ils aiment bien.

Le psaume le rappelait : « le Seigneur veille sur ceux qui le craignent ».

« Ceux qui le craignent », ça veut dire ceux qui le respectent, hein, ça veut pas dire avoir peur. On n’a pas peur de ses parents ! Mais on les respecte, c’est ça la crainte, au sens biblique.

Ça amène parfois de la lumière dans nos yeux. C’est toute la différence entre un regard qui respecte, qui vénère, qui aime, et un regard qui a peur de son supérieur, de ses parents.

Et il nous faut beaucoup d’efforts pour retrouver en nous un regard qui n’a pas peur de Dieu. D’un Dieu soi-disant méchant ou sadique, vous savez ce Dieu dont parlait l’Eglise il y a des décennies et des décennies en arrière. Mais parfois c’est bien solidement ancré en nous, ça. Il nous faut beaucoup d’efforts pour passer d’un Dieu qui juge à un Dieu qui aime.

« Nous attendons notre vie du Seigneur, notre espoir est en lui », disait encore le psaume.

Ce regard qui attend la vie, qui espère, je le retrouve aussi dans les yeux des personnes qui viennent communier, comme vous le ferez tout à l’heure. A condition de communier véritablement bien sûr.

Il y a de la lumière dans les yeux de celles et ceux qui viennent communier en toute conscience, qui s’approchent de cet autel en sachant véritablement ce qu’ils vont recevoir, QUI ils vont recevoir.

Je dis « véritablement », « en toute conscience » parce que, bien sûr, parfois on va communier un petit peu trop machinalement. Ça nous arrive, avouons-le ! Ça  m’arrivait aussi d’ailleurs quand j’étais à votre place dans l’assemblée, avant d’être prêtre.

Des fois on arrive, on tend les mains, on nous dit « Le corps du Christ ! » on dit « Amen ! »… mais c’est un peu machinal.

D’autres fois si l’on vient communier véritablement, en ayant conscience que c’est le Seigneur qu’on reçoit, alors il risque bien d’y avoir de la lumière dans nos yeux. Notre regard va être lumineux, rempli d’espoir, au moment de communier. Et bien des auxiliaires de l’Eucharistie me disent la beauté de ces regards qu’ils perçoivent souvent au moment où ils donnent la communion.

C’est aussi cela, la « grâce visible à nos yeux » dont parlait la deuxième lecture. L’Apôtre Paul. La grâce est parfois bien visible, notamment dans un regard lumineux.

« Tu as de la lumière dans les yeux… »

On dit que les yeux sont le miroir de l’âme, chers Amis. Est-ce que vous avez de la lumière, dans l’âme ? Vous connaissez ces personnes dont on dit qu’elles n’ont pas la lumière à tous les étages ? J’espère qu’il y a de la lumière dans votre âme ! C’est à travers vos yeux que cela passe.

C’est peut-être cette lumière qu’ont vu Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne, au moment où Jésus a été transfiguré devant eux. Ils ont vu Dieu au travers de leur ami. Ils ont contemplé la grâce, soudainement visible. Il y avait de la lumière dans les yeux, à lui aussi !

C’est ça, la transfiguration, ça passe à travers la figure, « trans-figuration ».

J’aimerais, du coup, terminer par cette anecdote authentique, que m’a racontée mon ami Cédric :

C’est une petite fille qui est là, à l’église, avec sa Maman et son Papa. Et puis elle regarde les vitraux. Et sur les vitraux, dans cette église-là, sont représentés des anges, avec leurs ailes derrière.

Et elle ne comprend pas bien qui sont ces personnages qui ont des sortes de trucs bizarres blancs derrière eux, alors elle demande à sa Maman, elle dit : « C’est qui ? »

Et sa Maman lui explique « Ce sont des anges. »

Il y a du soleil ce jour-là, et les vitraux sont lumineux comme jamais.

Et quelques jours plus tard, à l’école, pendant le cours de religion, la maîtresse demande aux enfants si l’un d’eux sait à quoi ressemble un ange. Et toute fière, la petite lève la main. Elle dit : « C’est facile ! Les anges c’est les personnes qui se laissent traverser par la lumière. »

« Les anges, ce sont les personnes qui se laissent traverser par la lumière… »

Nous pouvons, chacune, chacun, devenir des anges, dans ce cas, Chers Amis. Il suffit de nous lasser traverser par la lumière de Dieu, d’avoir de la lumière dans nos yeux.

C’est ce que je vous propose en ce Carême : d’avoir de la lumière dans les yeux, d’être des Chrétiens qui rayonnent lorsque nous ressortirons de cette messe aussi et encore plus, de laisser passer Dieu au travers de nous pour être, nous aussi, transfigurés.

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Champex, 11 mars 2017, 17.00 (version enregistrée)

et, dans une version légèrement différente :

Flanthey, 15 mars 2014, 17.00

Lens, 16 mars 2014, 9 h. 30

Montana-Village, 16 mars 2014, 11.00

Lausanne (Valentin), 16 mars 2014, 20.00

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