L’Eglise que nous aimons est COMMUNION…

Photo DR : journal Sud Ouest

 

Homélie pour le 32e dimanche TO, année B

– L’Eglise que nous aimons est COMMUNION –

1Rois 17,10-16 / Psaume 145  /  Hébreux 9,24-28 / Marc 12,38-44

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Qu’il est difficile de parler d’argent, n’est-ce pas ? Notamment dans notre pays.

 

Quand on va à l’étranger et qu’on a le malheur de dire qu’on habite en Suisse, alors immédiatement on est riche, ça ne fait pas un pli. Forcément, puisqu’on habite en Suisse ! Alors que nous, nous le savons bien, les personnes qui sont riches en Suisse sont justement plutôt des étrangers majoritairement… des personnes qui viennent de l’étranger en tout cas.

 

Les textes que nous avons entendus ce soir ne parlent pas seulement d’argent. Ils mettent en scène des personnes pauvres. Mais on peut être pauvre de beaucoup de choses, pas seulement d’argent.

 

Une veuve pour la première lecture et pour l’Evangile, elle est pauvre d’abord de son deuil, de cette absence.

 

Des pécheurs pour la deuxième lecture, la lettre aux Hébreux, ils sont pauvres de leurs fautes qui les alourdissent.

 

Des opprimés, des affamés, des aveugles, des accablés pour le psaume, qui sont pauvres de toutes ces faiblesses.

 

Le Seigneur est là pour ces personnes, qui nous sont présentées comme faisant appel à lui et étant exaucées.

 

Faisons-nous appel, chers Amis, nous aussi ? Faisons-nous appel au Seigneur au cœur de nos pauvretés ? Nous en avons tous ! Mais pour le savoir il faudrait évidemment les identifier, ces pauvretés.

 

Réfléchissons ensemble… De quoi sommes-nous riches ? De quoi sommes-nous pauvres ?

 

On peut être riche en relations, en amitiés, riche de noms dans un carnet d’adresses, riche en écoute de la part des autres…

 

Riche en paroles, parce qu’on a la parole facile, ou au contraire riche en silences parce que l’on sait se taire au bon moment.

 

On peut être riche en biens – évidemment – mais pas seulement en termes d’argent, cela peut-être de la terre, du bétail, une maison.

 

On peut être riche de l’endroit où nous vivons, et nous sommes tous riches de cela : il n’y a qu’à regarder les paysages, les fantastiques couleurs qui nous entourent en ce moment, quelle richesse que de vivre dans cette région !

 

On peut être riche de la paix du pays dans lequel on vit, en cela nous sommes milliardaires, chers Amis, milliardaires en termes de paix !

 

On peut être riche de la santé, ce n’est pas le cas de tout le monde… et on ne sait souvent pas remercier assez quand on l’a, cette richesse.

 

On peut être riche d’une grande famille qui s’entend bien – j’y reviendrai.

 

On peut être riches d’une communauté spirituelle qui peut se réunir tous les samedis soirs gratuitement pour célébrer et recevoir Jésus, quelle immense richesse ! Et c’est bien pour ça que vous êtes là ce soir.

 

De quoi sommes-nous riches ? Réfléchissons-y.

 

De l’autre côté, on peut être pauvre de bien des manières : la solitude est une pauvreté, le deuil est une pauvreté, le manque d’amis est une pauvreté, une famille qui se déchire est l’une des plus douloureuses pauvretés qui soit.

 

On peut être pauvre d’instruction, avoir l’impression de ne rien comprendre à la complexité du monde – et je connais bien des personnes âgées qui viennent me dire : « Oh vous savez, moi, les ordinateurs… j’y comprends rien ! » Mais, à ces personnes, je dis : « Si vous saviez le nombre de jeunes qui viennent me voir en disant : ‘Tu sais, le monde des grands, je n’y comprends rien…’ » On peut être pauvre de la complexité du monde qui nous entoure. On peut être pauvre de silence parce qu’on vit dans le bruit quotidiennement. La maladie est une forme de pauvreté.

 

De quoi sommes-nous vraiment riches ? De quoi sommes-nous réellement pauvres ? Pensons-y.

 

Une fois qu’on a identifié nos richesses et nos pauvretés, on peut être fataliste et se dire « c’est comme ça », et retourner chez soi bien au chaud tout en se lamentant vaguement sur ceux qui ont moins de chance que nous et qu’on voit au téléjournal. On peut à l’inverse pointer toutes nos pauvretés et retourner chez soi en se lamentant, en disant « c’est pas juste, pourquoi moi ? »

 

Chacune de ces deux attitudes est stérile, vous le savez bien, vous le sentez bien. Elles ne font pas avancer les choses, elles ne sont pas en « communion » avec les autres. Parce que la caractéristique de ces deux attitudes c’est de rentrer seul chez soi.

 

Le repli est une pauvreté.

 

Or notre Eglise, notre manière d’être chrétiens, l’Eglise que nous aimons est COMMUNION. Si nous avons un Dieu qui est justement trois visages différents, qui est communion à l’intérieur de lui-même, c’est bien pour nous montrer l’importance d’être en communion. Notre Eglise est communion au sort des autres, partage de nos richesses – nous le ferons tout à l’heure avec la collecte – partage de nos pauvretés aussi et de nos fragilités. Parce que, quand on les met ensemble, on est plus forts.

 

Communier aux pauvretés des autres, c’est commencer par les voir, les reconnaître. Faire communier les autres à nos richesses c’est commencer par partager ce que nous avons, ce que possédons.

 

Non pas qu’il nous soit facile de donner… parce qu’on sait bien que c’est difficile.

 

Mais il nous est encore plus difficile de partager ce qu’il nous coûte de donner… comme la petite veuve avec ses deux piécettes, dont Jésus dit qu’elle a donné bien plus que tous ces riches qui donnaient énormément d’argent mais en prenant sur leur superflu, bien sûr.

 

Là encore, en parlant de communier, de faire communion, je ne parle pas forcément d’argent.

 

Un solitaire comme moi, il lui coûte de partager du temps avec les gens. Voilà un effort salutaire.

 

Une personne qui au contraire aime beaucoup parler, il lui coûtera de partager simplement un moment de silence, comme vous l’avez fait tout à l’heure, certains de vous, pendant l’adoration.

 

C’est ce qui nous coûte que nous devons apprendre à partager. Ce qui nécessite un effort.

 

Et parmi les choses dont nous sommes souvent riches et qu’il nous coûte souvent de partager, il y a… le temps.

 

Alors je vous invite chers Amis, cette semaine pourquoi pas, à donner de votre temps, à partager avec ceux qui ont besoin de votre temps, à faire ce coup de fil qui attend depuis si longtemps, à écrire cette lettre qui attend depuis si longtemps, à rendre cette visite qui ne vous coûtera pas beaucoup de temps mais qui fera tant plaisir à la personne que vous visiterez.

 

Partageons nos richesses, parce que l’Eglise que nous aimons est partage, parce qu’elle est COMMUNION.

 

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Vex, 10 novembre 2018, 18.30 (version enregistrée)

Evolène, 11 novembre 2018, 10.30