Wadjda

Photo DR : www.evene.fr
 

Film saoudien d’Haïfaa al Mansour (sortie 6 février 2013)

Avec Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani, Ahd

Wadjda est un de ces films rares qui nous vient comme une perle précieuse qu’on aimerait choyer.

Rare, d’abord, parce qu’il est singulier de voir la critique unanimement excellente, autour d’un même film, de l’Humanité au Figaro, en passant par 20 minutes et la Croix, les Fiches du Cinéma et le Monde… Performance !

Rare, ensuite, parce que ce film est le premier tourné en Arabie Saoudite, pays sans aucune salle de cinéma officielle et où tout ce qui touche de près ou de loin au 7e art est regardé à peu près comme une religieuse considérerait Playboy. Film réalisé au royaume de la burqa… par une femme, qui plus est.

Rare, encore, parce que les acteurs, parfaitement inconnus pour nous, nous sont très rapidement proches, comme si on les connaissait, comme si on voulait tous les aider dans leur quête respective.

Rare, toujours, parce que ce drame est pétri d’espoir, et ce jusqu’au générique final. Parce qu’aucune goutte de sang n’y coule à l’écran, pas un coup de feu n’y est tiré.

Rare, enfin, parce que cette oeuvre réussit à défendre la cause des femmes voilées sans jamais évoquer textuellement leur combat. Tout est à comprendre en métaphores, en nuances, en images d’une poésie souvent touchante, comme ces baskets violettes sous l’habit noir de Wadjda.

Tout sonne juste, malgré un rythme parfois lent mais qui, finalement, est lui-même une métaphore de l’incroyable temps qu’il faut à certaines civilisations pour évoluer vers un soupçon d’humanité envers celles qui nous donnent la vie.

Wadjda est un film à voir pour comprendre de l’intérieur ce qui se passe dans les têtes et les corps emprisonnés par la burqa. Wadjda est un film à voir pour rire et pleurer avec cette jeune fille talentueuse et émouvante. Wadjda est un film à voir pour ouvrir les yeux de ceux qui refusent de voir la menace de cet Islam-là.

Wadjda est un film à voir pour rêver, tout simplement. Rêver, comme Wadjda, à cette libération hors de prix symbolisée par un vélo. Aux roues voilées, peut-être.