Dieu souffre avec nous

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Homélie pour le 29e dimanche TO, année B

Isaïe 53,10-11 / Psaume 32  /  Hébreux 4,14-16 / Marc 10,35-45

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Qui attendons-nous lorsqu’on nous dit « Dieu reviendra… » ? Vous me direz « on attend Dieu ! » Bien sûr… le retour du Messie !

Mais il me semble que, vous et moi, nous sommes souvent un peu les mêmes concernant cette question-là.

Nous attendons un Messie, oui mais… nous attendons un Messie qui règle tous nos problèmes.

D’ailleurs c’est ce que le psaume disait : « Nous attendons notre VIE du Seigneur ! » C’est pas rien, n’est-ce pas !

On attend Dieu… alors bien sûr pas le genre Superman avec une cape bleue et rouge, non bien sûr… mais quand même on attend quelqu’un qui règle tous les problèmes de notre existence.

Un Sauveur qui va balayer le CoVid, enlever tous les passes sanitaires nécessaires, régler d’un seul coup la question des primes d’assurances maladies…

Un Sauveur qui nous montre à la fois le bon candidat à la présidentielle française et qui règle la paix dans le monde entier !

Un Sauveur qui apporte la solution à tous les problèmes de pédophilie, dans l’Eglise et ailleurs…

On attend quelqu’un qui règle tous les problèmes.

Mais c’est pas Dieu, ça… C’est pas Dieu, ça…

Dieu n’est pas Harry Potter, Dieu n’est pas James Bond, Dieu n’est pas Superman.

Nous avons un Dieu très particulier, quand on y pense, nous autres les Chrétiens. Un Dieu qui fait scandale dans les autres religions mais on s’y est tellement habitués que pour nous, ça paraît presque normal quand nous entendons cette première lecture du prophète Isaïe nous dire que le Messie doit souffrir… qu’il doit être bafoué par la foule, qu’il doit même mourir comme un esclave.

On sait bien que c’est de Jésus dont parle le prophète Isaïe… nous, on le sait ! Mais Isaïe a écrit cela plusieurs siècles avant l’arrivée de Jésus. Et pour les contemporains d’Isaïe ce texte est un véritable scandale : le Messie ne peut pas souffrir, Dieu ne peut pas mourir, ce n’est pas possible !

Et d’ailleurs si vous discutez avec des gens d’autres religions que la religion chrétienne ils vous le diront : « Dieu ne peut pas mourir, il ne peut même pas souffrir, c’est impensable ! »

Et pourtant, dans notre religion chrétienne, ce qui est beau précisément c’est que nous avons un Dieu qui s’est fait l’un de nous. Un Dieu qui s’est fait humain, qui a souffert comme nous souffrons – et même plus que la plupart d’entre nous allons souffrir parce que nous n’allons pas mourir crucifiés, nous, à priori… et il est mort. Il a passé par cette grande épreuve par laquelle nous allons tous passer. C’est même l’un de nos rares points communs à toutes et tous : nous allons tous mourir un jour ou l’autre. Et Dieu a choisi de passer lui aussi par cette épreuve pour ne pas être différent de nous.

Notre Dieu n’est pas un Dieu distant qui nous soumettrait à telle ou telle règle de vie, il n’est pas non plus une ribambelle de petits dieux auxquels il faudrait sacrifier tel ou tel objet, ou tel ou tel culte, il n’est pas un Dieu qui nous promettrait d’échapper à toute souffrance en nous enlevant de cette vie et en commençant par faire le vide absolu en nous et autour de nous, non.

Il n’est ni le dieu de l’Islam, ni les dieux de l’hindouisme, ni Bouddha.

Notre Dieu est présence. Présence dans nos vies et jusqu’au fond de nous-mêmes par l’Eucharistie ! C’est tellement immense qu’on n’y fait même plus attention. Quand vous ressortirez de cette église tout à l’heure après avoir consommé l’Eucharistie, Dieu sera à l’intérieur de vous !

Dites ça à un Musulman, à un Bouddhiste, à un Hindouiste, il vous dira « c’est pas possible ! »…

Eh si… Dieu s’est fait l’un de nous jusqu’au plus intime de nous-mêmes, jusqu’à venir à l’intérieur de nous.

Si vous faites du Yoga, s’il y en a parmi vous qui font cette gymnastique, si vous le faites pour la gymnastique grand bien vous fasse, hein ! Mais si essayez d’y trouver une spiritualité vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude hein ! C‘est l’exact contraire du Christianisme : il s’agit dans la spiritualité du Yoga de se vider entièrement… pas pour faire une place à Dieu, hein, pour se vider. C’est le contraire du Christianisme.

Nous, nous avons Dieu à l’intérieur de nous. Il s’agit de pas de se vider ! Alors il faut lui faire une place, je suis d’accord… mais nous avons QUELQU’UN à l’intérieur de nous, c’est tout autre chose !

Et il s’agit de comprendre que Dieu est venu non seulement épouser notre condition humaine mais qu’il est venu partager tout ce que nous vivons, nos souffrances et jusqu’à l’épreuve ultime par laquelle nous passerons tous, la mort.

Seulement nous, nous attendons encore trop souvent un magicien, un Dieu de gloire au sens où le monde entend ce mot gloire. Un Dieu qui fasse la première page des magazines.

Et la question de Jacques et de Jean, dans l’Evangile, elle est pétrie de cela. Eux aussi ils attendent un grand Dieu Sauveur. Et ils lui demandent s’ils pourront être à sa droite et à sa gauche… premier ministre et ministre de l’intérieur… et ils ont rien compris.

…C’est pas ça, Dieu.

Avec Dieu il ne s’agit pas de savoir si on est à sa droite ou à sa gauche il s’agit de comprendre que c’est lui qui vient à notre droite et à notre gauche, dans les épreuves que nous traversons, Ça n’a rien à voir !

Mais eux, ils attendent un Messie de gloire.

Et Jésus leur pose la question qui tue, vous l’avez entendue – la question qui tue au propre comme au figuré d’ailleurs : « la coupe à laquelle je vais boire » – sous-entendu le sang du sacrifice, c’est ça, la coupe, hein ! – « la coupe à laquelle je vais boire, est-ce que vous êtes capables d’y boire vous aussi ? »

« Le baptême dans lequel je vais être plongé » – sous-entendu la mort – « est-ce que vous êtes capables de m’y suivre ? »

Et eux qui n’ont rien compris disent : « Bah bien sûr qu’on peut ! »

Eux, ils ont entendu coupe de gloire, de célébrité, baptême de pouvoir… et ils n’ont rien compris.

Et on connaît la suite…

Mais NOUS, aujourd’hui ? Est-ce qu’on a cheminé, un peu ? Est-ce qu’on a un peu mieux compris ?

Pas sûr… nous attendons encore trop souvent, je crois, un Sauveur à la manière Hollywoodienne.

Alors il nous faut méditer cette deuxième lecture que nous avons entendue. Parce que la clé s’y trouve. La lettre aux Hébreux – dont nous ignorons tout de l’auteur, d’ailleurs – sinon qu’il écrit pour des Chrétiens, comme nous.

Que nous disait ce texte ?

D’abord il confirmait ce que disait le prophète Isaïe : Jésus est bien le Messie, le Grand-Prêtre. C’est lui. Il ne fallait pas en attendre un autre.

Et puis il confirmait qu’il faut attendre son retour. « Tenez ferme »… ça continue, l’histoire n’est pas finie !

Enfin, ce texte nous faisait comprendre le sens de ce que je vous dis depuis quelques minutes : « Le Grand-Prêtre que nous avons, dit la lettre aux Hébreux, n’est pas incapable de partager nos faiblesses : en toutes choses il a connu l’épreuve, comme nous. »

C’est SPLENDIDE et nous mesurons trop rarement la portée de ce texte : NON, notre Dieu n’est pas un personnage distant qui nous regarderait de là-haut, petites fourmis sur notre petite planète, avec une attitude vaguement sadique : « Je vais leur envoyer un tremblement de terre, un tsunami, tiens un CoVid, pour rire… ».

C’est pas Dieu, ça… non…

Dieu est l’un de nous.

Il souffre du CoVid avec tous ceux qui en souffrent.

A chaque fois que l’un de nous, y compris et notamment les plus petits, à chaque fois que l’un de nous est bafoué, c’est Jésus qui est bafoué.

A chaque fois que l’un de nous est abusé, c’est Jésus qu’on crucifie à nouveau.

A chaque fois qu’un crime est commis c’est Jésus qu’on tue… et qui va ressusciter puisque rien ne s’arrête à la croix.

Il est venu partager nos souffrances et nous en faire ressusciter avec lui.

AUCUNE autre religion n’a cette richesse, chers Amis.

Sans faire de prosélytisme, il s’agit d’en être heureux, au moins. D’être heureux de ce Dieu qui est l’un de nous, qui « n’est pas incapable de partager nos faiblesses. »

Ainsi nous savons qu’il n’est pas nécessaire d’attendre un grand sauveur apocalyptique.

Il nous faut simplement comprendre qu’il est là, avec nous, au cœur de ce que nous traversons.

Qu’il est là pour vivre chaque aspect de notre vie avec nous, pour cheminer avec nous.

Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle !

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Bex, samedi 16 octobre 2021, 18.00

Aigle, dimanche 17 octobre 2021, 8.30

Aigle, dimanche 17 octobre 2021, 10.00 (version enregistrée)

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  1. Lude

    Magnifique! je suis accro! pas accroc!!
    Que Dieu bénisse votre feu sacré et votre fraîcheur en même temps!

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