Anges, démons et puits de nos déserts

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Homélie pour le 1er dimanche Carême B

Genèse 9,8-15 / Psaume 24 / 1Pierre 3,18-22  / Marc 1,12-15

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Chers Amis,

Cette semaine, j’ai rencontré plusieurs personnes qui traversaient des déserts dans leur vie, d’une manière ou d’une autre. Il y a de nombreuses sortes de déserts…

L’une traversait un désert de solitude, l’autre, le désert de la maladie, une autre encore le désert de la souffrance, d’autres traversaient le désert du deuil, d’autres encore celui de l’absence, d’autres enfin le désert du doute

Je suis heureux d’avoir pu rejoindre ces personnes dans leurs déserts respectifs. Ma liste de personnes à visiter est encore longue, avant de revenir voir ceux que j’ai déjà vus. Patience, si je n’ai pas encore pu passer vers vous ou vers une personne que vous m’avez indiquée… Mais je suis heureux que tant de personnes osent faire appel au curé lorsqu’elles sont dans une de ces zones désertiques de nos vies.

La caractéristique – souvent – de nos déserts c’est que l’on s’y sent seul. Abandonnés de Dieu et des hommes.

« A mille miles de toute terre habitée », comme disait St Exupéry dans le Petit Prince.

Et le problème c’est qu’on n’a pas toujours eu le temps de s’y préparer – à ces déserts – comme pour une véritable expédition dans un véritable désert. Non, dans les déserts de nos vies, on y est brusquement jetés, soudainement poussés, sournoisement projetés. Et on n’y est pas préparés

Remarquez que c’est exactement ce qui arrive à Jésus dans l’Evangile que nous venons de réentendre. Il vient d’être baptisé, vous l’avez entendu… tout va bien, c’est le bonheur… et soudainement il est poussé au désert. Et si vous avez bien écouté l’Evangile, vous auriez dû sauter en l’air. Car ce n’est pas n’importe qui, qui le pousse dans ce désert. C’est l’Esprit, c’est Dieu qui pousse Jésus au désert !

Pourquoi fait-il cela ? Dieu ne veut pas le mal, jamais ! Mais le désert n’est pas un mal, en soi. On y rencontre le mal, c’est autre chose ! Mais ce lieu, à la base, n’est pas un mal.

C’est d’ailleurs un point commun avec notre première lecture, l’histoire de Noé. C’est Dieu qui pousse Noé dans ce désert liquide qu’est le déluge. Pourquoi fait-il cela ? Parce qu’il sait très bien que Noé va en ressortir, va survivre. Noé va faire renaître l’humanité.

L’Esprit pousse Jésus au désert parce qu’il sait qu’il en ressortira plus fort encore.
Et à la fin de sa vie terrestre, Jésus sera poussé jusqu’au désert de la croix, c’est la lettre de Pierre qui nous le rappelait. Parce que lui, le Fils, sait qu’il prend sur lui les péchés du monde et que nous en ressortirons meilleurs.

Intéressantes ces trois lectures, chers Amis : Dieu-Père pousse Noé au désert du déluge. Dieu-Esprit pousse Jésus au désert des tentations. Dieu-Fils se laisse pousser au désert de la Croix.

Père – Esprit – Fils…

Comme si on voulait nous montrer que la Trinité n’est pas étrangère à nos déserts. Dieu y est présent. Il sait que nous pouvons les traverser et en ressortir meilleurs.

Dieu ne crée jamais le mal mais il le laisse arriver dans nos vies, il nous laisse le rencontrer au désert, comme il laisse Jésus se faire tenter par le démon, dans son désert à lui.

Il sait, Dieu, ce dont nous sommes capables, il sait qu’au cœur de nos déserts nous allons aussi être servis par les anges, comme Jésus dans l’Evangile. Il n’y a pas que le démon dans le désert…

Dieu attend de nous que nous gardions la Foi dans nos déserts, que nous conservions l’Espérance au cœur de ces zones arides. Il sait qu’au bout de chaque désert, la croix fait place à la résurrection.

Alors au début de ce Carême – qui est un temps de désert rappelons-le – il est peut-être bon que chacune et chacun de nous s’interroge :

Quels sont mes déserts ?

Quel est le désert que je suis peut-être en train de traverser ?

Pour vous, actuellement, c’est le désert de l’homélie ! Vous êtes en train de lutter pour ne pas dormir. Mais vous allez ressusciter, rassurez-vous !

…Quels sont mes déserts ?

Et dans ce désert, quels sont les habitants ? Qui est le tentateur dans mon désert ? Quel visage a-t-il pris ? Quels sont les visages qui m’entraînent à croire que je peux me sortir tout seul de mon désert – grave erreur ?

Dans ce désert, il y a des anges, comme dans le désert de Jésus. Qui sont les anges de mon désert ? Les anges n’ont parfois pas d’ailes, on les appelle des Amis…

La Trinité n’est étrangère à aucun de nos déserts, chers Amis. Comment Dieu est-il présent dans le désert que je traverse ? Est-ce que j’ose lui parler ? Est-ce que j’ose lui dire que je sais qu’il est là, que j’ai confiance en lui ? Est-ce que j’ose appeler auprès de moi le serviteur de Dieu, qu’est le prêtre, pour m’aider à traverser ce désert ?

A quelle oasis ai-je la possibilité de m’abreuver, au cœur de mon désert ?
Car, oui, redisons-le pour terminer chers Amis, quels que soient nos déserts, il s’y trouve des puits, des sources. Cherchons-les. Parcourons nos déserts avec la force que Dieu nous donne, abreuvons-nous au puits de son Amour, présent dans tous nos déserts.

Car comme le disait le Petit Prince, « ce qu’il y a de beau dans le désert,  c’est qu’il cache un puits quelque part… »

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Les Collons, samedi 21 février 2015, 17.00

Vex, samedi 21 février 2015, 19.00

Hérémence, dimanche 22 février 2015, 9.00 (version enregistrée)

Evolène, dimanche 22 février 2015, 10.30

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4 Responses

  1. Monique Vuignier

    Eh oui, je suis dans le désert. Oui, je suis accompagnée par des anges, ils ne sont pas nombreux mais efficaces.
    Lorsque Dieu m’a enlevé le dernier de mes proches j’étais en colère, je le suis encore. pas tous les jours, bien sûr 🙂
    Pour ce qui est de sortir plus fort, cela correspond bien aux dires actuels. Du genre, tout ce qui ne tue pas rend fort. FAUX!
    Nous sommes un édifice. Les coups durs sont comme des morceaux de cet édifice qui s’en vont. L’édifice sera-t-il ainsi plus fort? Non.
    Il faut donc agir comme un naufragé et se servir du peu qu’il reste.
    Mais si un jour je suis face à Dieu, je vais quand même lui demander pourquoi!
    Bonne continuation
    Monique

  2. Sarah

    Cette homélie me fait penser à cette parole de Khalil Gibran  » Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. »

  3. Bénédicte

    Cette nuit Rose avait mal…très mal. Elle a appelé Jésus très fort et la douleur ne passait pas. Le doute a surgit dans ses pensées. Je lui offre, en écoute, cette homélie de votre part cher Vincent.
    Merci.

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