Avant le commencement

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Qu’y a-t-il avant le commencement ???

La Bible hébraïque aime jouer avec les lettres, notamment les premières lettres des mots. Plusieurs psaumes sont écrits en acrostiches alphabétiques : la première lettre de chaque paragraphe commence par une lettre de l’alphabet, et ces lettres sont dans l’ordre alphabétique. Ainsi le psaume 118 par exemple.

Plusieurs exégètes se sont alors demandé s’il n’en allait pas de même avec quelques textes-types, avec le début de certains livres… et, évidemment, ils sont allés regarder ce qu’il en était du tout premier texte de la Bible, et de son premier mot.

Or la première lettre du premier mot du premier livre de la Bible est… la deuxième lettre de l’alphabet hébreu, un Beth (ב). D’où la question, alors, de savoir où se trouve la première lettre, le Aleph (א).

Le Beth hébreu se prononce à peu près comme notre « B », mais le Aleph est loin de correspondre à notre « A ». En fait le Aleph ne se prononce pas, il ne peut être prononcé que s’il est coloré par une voyelle. C’est un peu notre « h » aspiré. Une sorte de souffle ténu, en quelque sorte. Ce fameux souffle ténu de 1R 19,12 dans lequel se trouve Dieu et devant lequel Elie se prosterne (une « voix de fin silence » comme le traduit très joliment la toute dernière TOB de 2010).

Or les Hébreux ne prononcent pas le nom de Dieu… c’est un mot qui reste toujours silencieux.

Cela fait dire à certains exégètes qu’avant le « commencement » de Genèse 1,1, il y avait Dieu. Puisqu’avant le Beth du premier mot se trouve, caché, la première lettre de l’alphabet hébraïque, dans le son de laquelle se cache Dieu.

C’est loin d’être inintéressant puisque le texte de Genèse 1 nous dit justement que Dieu se trouve au commencement. Et donc avant tout ce qui existe puisque le Créateur précède nécessairement ce qu’Il crée. Or si le premier mot de la Bible est créé… il faut bien que son Créateur le précède, dans le vide de la page, dans le blanc qui précède la première lettre. Ainsi certains rabbins, certains copistes, certains calligraphes commencent-ils toujours une page d’écriture par un vide, pour laisser sa place à Dieu.

C’est encore plus intéressant quand on sait que co-existait, avec le Père créateur, son souffle qui planait sur les eaux. On a ainsi, dès le premier verset de la Bible, le Père et l’Esprit. Mais où est le Fils, qu’on appelle aussi le Verbe ? Il est là lui aussi. Mais on ne le sait qu’après plus de mille pages, parce qu’Il se trouve au premier verset de sa propre histoire humaine… en Jean 1,1, où l’on nous dit qu’ « au commencement était le Verbe », et qu’ « il était avec Dieu ». Au commencement, même expression qu’en Genèse 1,1.

On pourrait alors se demander quelle est la première lettre de ce « Au commencement » de Jean 1, qui n’a pas été écrit en hébreu mais en grec. Et là, on s’amuse… Car si la première lettre est un « E », elle est en fait précédée de ce que l’on appelle un « esprit doux » en grec, un petit signe ( v) qui ne se prononce pas mais qui ne peut se prononcer que coloré par une voyelle, qui évoque à peu près notre « h » aspiré et qui, si on voulait vraiment le prononcer, pourrait se traduire par un souffle ténu.

Coïncidences ? Oui, si vous voulez.

Publié dans « Ecritures », 2012-1

 

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