Framboises et autres petits bonheurs

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Homélie pour le 25e dimanche TO, année B

 

Sagesse 2,12.17-20 / Psaume 53  /  Jacques 3,16–4,3 / Marc 9,30-37

 

NB : En 2021, l’abbé Vincent n’a prêché que dans un contexte privé ce week-end. Voici donc une homélie d’il y trois ans sur les mêmes textes.

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Quel est votre petit bonheur à vous ? Vous savez, ce qui rend heureux tout simplement, ces petites choses de la vie qui ensoleillent notre existence… Quel est votre petit bonheur ?

Je suis sûr que si on prenait le temps d’écouter vos réponses, il y aurait autant de réponses que de personnes dans cette église.

Pour moi, mon petit bonheur c’est manger une à une quelques framboises au soleil de l’été quelque part, dans notre vallée. Ou alors, si on est en automne comme ce matin, déguster un à un les raisins d’une jolie grappe de chez nous, à la période des vendanges, assis sur un caillou au bord d’un torrent.

Le bonheur, c’est souvent tout simple.

Et pourtant, pourtant, on cherche le bonheur dans des choses parfois bien compliquées, plus chères, plus sophistiquées, dans des lieux plus lointains aussi, alors que notre région est si belle !

Regardez les bonheurs des petits enfants : ils sont tout simples ! Rire aux éclats, se jeter dans l’eau d’une flaque, courir dans le vent, manger à sa faim, faire un câlin à sa maman, à son papa, dormir…

C’est si beau de regarder un enfant dormir…

Et nous on leur offre des jouets compliqués à Noël ou à leur anniversaire, parce que… parce que c’est ce qui fait briller leurs yeux ! Des jouets qui les occuperont quelques temps, avant de passer au jouet suivant, plus compliqué et plus cher que le précédent.

Alors qu’une framboise, une grappe de raisin, une flaque d’eau, ça n’est pas bien compliqué, ça n’est pas bien cher non plus. Et on ne s’en lasse jamais. Même une fois l’âge adulte arrivé.

Le plus sûr mécanisme pour torpiller nos petits bonheurs, c’est la jalousie.

Un sentiment nauséabond, néfaste, malsain… Quelque chose que nous possédons tous – à des degrés divers bien sûr – mais parce que ça fait partie de notre humanité. C’est l’une des plus redoutables armes du démon, la jalousie.

La jalousie nous fait croire que l’herbe est plus verte chez notre voisin. Que sa femme est plus belle que la nôtre, ou son mari, choisissez ce qui vous convient.

La jalousie nous fait croire qu’on a absolument besoin de ce produit que la publicité, juste avant le téléjournal hier soir, nous a vanté.

La jalousie va jusqu’à nous faire croire que les stars vivent mieux que nous.

Alors on achète les magazines qui nous les montrent en couverture, heureux en apparence, bronzés, beaux, célèbres, riches. Et on a les yeux qui brillent… parce que si ce sont les catalogues de jouets qui font briller les yeux des enfants, ce sont les magazines qui font briller les yeux des adultes…

Mes chers Amis… croyez-vous vraiment que les gens très riches vivent plus heureux que vous ?

Croyez-vous vraiment que les gens très connus vivent heureux 

Croyez-vous vraiment que les gens très beaux vivent plus heureux que les autres ?

Vous savez pour la plupart d’entre vous, par mes anciens métiers de comédien et d’enseignant dans une grande école privée, il m’est arrivé de côtoyer des personnes très riches, très belles, très célèbres. Eh bien je vous assure… j’ai rarement vu des gens plus malheureux que ces personnes-là !

Oh, je ne vais pas comparer leur malheur à ceux qui n’ont pas à manger, entendons-nous bien ! Mais ces gens n’étaient pas heureux, non…

Parce que plus vous êtes visibles, plus on vous envie, plus on veut vous attirer dans un piège, exactement comme le disait le livre de la Sagesse, notre première lecture.

Et plus l’on possède, plus l’on a de richesses, de gloire, de beauté, plus l’on est jaloux ! Ce défaut contre lequel nous mettait en garde à la fois la lettre de Jacques, notre deuxième lecture, et Jésus dans l’Evangile.

Jésus, dans cet extrait de l’Evangile de Marc que nous avons ré-entendu ce matin, nous invitait à laisser de côté tout cela. Il fustigeait la jalousie entre ses disciples qui se disputaient pour savoir qui d’entre eux devait avoir la première place, lequel était le plus grand.

Et Jésus renverse tout. Le plus grand, avec lui, ce n’est pas le plus grand aux yeux du monde. Ce n’est pas le plus riche, ce n’est pas le plus beau, ce n’est pas le plus célèbre…

Le plus grand, avec Jésus, c’est celui qui se fait le plus petit, le plus humble, le plus discret, le plus simple, le plus pauvre… Celui qui se fait le serviteur de son prochain…

Le plus grand, avec Jésus, c’est le plus petit.

Et Jésus nous propose de retrouver notre âme d’enfant. D’accueillir, comme lorsque nous étions petits, les bonheurs simples de l’existence.

Le vrai bonheur, je le crois fermement, chers Amis, est tout simple ! Il ne s’embarrasse pas des standards du soi-disant bonheur de notre monde. Il est souvent à aller chercher dans ce que nous avons aimé déjà quand nous étions tout petits : une framboise au soleil, quelques raisins au bord d’un torrent…

Vos petits bonheurs à vous, aussi…

Alors dites-moi… c’est quoi ce petit bonheur que vous aviez quand vous étiez petits, et que vous pourriez retrouver facilement, cet après-midi par exemple ?

C’est quoi, votre petit bonheur ?

Ne l’oubliez pas ! il fait vivre l’enfant qui est en vous…

Et si nous ne redevenons pas comme cet enfant, disait Jésus, nous n’entrerons pas dans le Royaume des Cieux !

Le bonheur, finalement… c’est tout simple !

Alors Chers Amis, je vous pose la question – et je vous la laisse en méditation – ne sommes-nous pas heureux ?

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Vex, 22 septembre 2018, 18.30

Hérémence, 23 septembre 2018, 10.00 (version enregistrée)

 

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