Je suis Adivasi

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Je suis Adivasi

Inutile de rappeler les affiches « Je suis Charlie » qui ont fleuri voici quatorze mois après l’attaque de la rédaction du journal satyrique « Charlie Hebdo » à Paris. Faut-il être ou non « Charlie » ? Après une vague de réponses positives, certains en sont revenus (notamment après avoir découvert ce qu’était réellement ce journal). D’autres n’ont pas été Charlie dès le départ. J’en fais partie. Défendre la liberté d’expression ne signifie pas nécessairement défendre le droit à dire, écrire, dessiner n’importe quoi. En revanche, défendre le libre droit à l’indépendance culturelle et religieuse me semble essentiel. C’est ainsi qu’avec l’Action de Carême, cette année, j’ai envie de dire « Je suis Adivasi ».

Une peuplade menacée

Les Adivasis sont une tribu aborigène vivant en Inde. Souvent, hélas, ils sont répertoriés comme « intouchables » par le gouvernement, et mis de côté. Pire : ils sont régulièrement contraints de quitter leurs terres ancestrales – lors même que leur nom signifie « Habiter une terre » ! Les Adivasis vivent dans les forêts qui, exploitées par les grandes entreprises de sylviculture et d’agriculture intensive, sont menacées aujourd’hui.

Action de Carême aide les tribus Adivasis à s’organiser. Plusieurs projets existent auprès de ces peuplades :

·       Défense des Adivasis contre le vol de leurs terres

·       Désendettement

·       Défense des droits des Adivasis

·       Création de caisses d’épargne et de banque de riz

·       Affranchissement de « l’esclavage pour dette »

L’esclavage pour dette

Une pratique a particulièrement plombé le destin des Adivasis : l’esclavage pour dette. C’est une manière de rembourser directement une dette en offrant de travailler plutôt que de payer en espèces. Cette pratique aboutit fréquemment, hélas, au travail forcé. Elle est d’ailleurs assimilée à de l’esclavage par de nombreux pays et par plusieurs conventions internationales, notamment celle des droits de l’enfant – car bien sûr cette pratique touche aussi les enfants.

En théorie l’esclavage pour dette (ou « servitude pour dette » quand on veut que l’expression soit moins rude) fonctionne ainsi : une personne s’endette auprès d’un créancier (ceci pour payer une dot, un enterrement, un traitement médical, etc.). Afin de rembourser sa dette, cette personne effectue un travail auprès du créancier. Le temps travaillé (ou le produit de ce travail) rembourse un montant équivalent de sa dette.

Mais en pratique ce travail devient effectivement de l’esclavage, car le travail fourni ne parvient jamais à rembourser la dette. Le débiteur est obligé de faire travailler sa famille, ses enfants, et le système peut se transmettre aux descendants, qui naissent ainsi déjà débiteurs et donc esclaves.

Adivasi 2

Photo DR : Action de Carême

Des solutions

« Action de Carême » aide les Adivasis dans cette situation partuculière : grâce aux caisses d’épargne communautaires, les Adivasis peuvent s’affranchir de l’esclavage pour dettes qui les lie aux créanciers que sont souvent les grands propriétaires terriens. Dans le diocèse de Jashpur, notamment, les Adivasis catholiques tout comme les Adivasis animistes (ils existent tous deux) unissent leurs forces pour lutter contre l’expulsion de leurs terres. Grâce à notre aide concrète, via « Action de Carême », ils obtiennent des titres de propriété qui leur permettront de demeurer sur leurs terres et de s’affranchir de leurs créanciers.

Pour soutenir ce projet, on peut indiquer la référence IN 132 829 sur notre bulletin de versement de Carême. Et comme le mot « affranchir » est constitué, entre autres, par le mot « franc », chacune de nos pièces compte et peut, à sa manière, libérer quelqu’un. Pensons-y…

Abbé Vincent Lafargue

Paru dans « Grandir », 2016-2, rubrique « Partager »

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