L’Agence

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Photo DR : www.allocine.fr 

Film américain de George Nolfi (sortie : 23 mars 2011)

Avec Matt Damon et Emily Blunt

Dans le style « je-suis-en-train-de-vivre-un-truc-que-je-ne-comprends-pas-mais-il-doit-y-avoir-un-complot-là-dessous », Matt Damon n’en est pas à son premier rôle ! Il est même coutumier du fait.

La nouvelle de laquelle est adaptée « L’Agence » – « Adjustment Team » – est de Philip K. Dick, auteur à l’origine des nouvelles qui ont donné les films Blade Runner, Total Recall, Minority Report ou encore Paycheck. On voit bien le style recherché par l’auteur, quelque part entre science fiction réaliste et complot américain délirant.

Mais « L’Agence » (« The adjustment bureau » pour le titre original) est pourtant un opus à part dans la filmographie de Matt Damon, et dans la liste des nouvelles de Dick.

Premier long métrage du réalisateur George Nolfi, il s’agit certes d’un énième film sur l’existence d’un groupe qui régirait nos vies pour les faire coller plus ou moins à la volonté du Grand Patron – jamais appelée Dieu dans le film – qui aurait le Savoir. Mais ce qui est intéressant, dans ce film de science fiction romantique, c’est le fil rouge, ou plutôt les fils rouges.

L’Amour en est le principal. Mais pas façon « fleur bleue ». L’Amour vu comme une force qui bouscule l’ordre établi, qui empêche même le plan bien réglé de celles et ceux qui veillent sur notre destin, mais qui, au final, vient d’en-haut tout de même… Elise, le personnage féminin, est étonnant dans ce rôle. Le casting a choisi Emily Blunt, et c’est un verdict très intéressant. Elle a, dans ce film, une beauté qui n’a rien de mannequinesque, mais qui semble du plus beau naturel. Une personne, dans la foule, qui va plaire tout spécialement à une autre personne dans la foule. Et c’est tout. Et c’est magnifique car c’est l’histoire de nos vies à nous, qui vivons dans la vraie-vie-loin-des-bisounours-d’Hollywood.

Emily Blunt a d’ailleurs reçu, pour « L’Agence », la seule récompense dévolue à ce film, le prix Saturn 2012 du meilleur second rôle.

Le second fil rouge est le libre arbitre, extrêmement présent à tous les tournants – un terme que je choisis à dessein car les carrefours et les coins de rue font partie intégrante de ce fil rouge, présents tout au long du film comme autant d’illustrations du libre arbitre. Les portes, de même, sont omniprésentes et n’ouvrent pas toujours sur ce que l’on croirait… jusqu’à l’hallucinante poursuite de la fin, remarquablement bien réalisée sur le plan technique et visuel.

Un libre arbitre offert et repris, selon les époques du monde. En raison de ce point tout spécialement, le regard chrétien se pose avec grand intérêt sur cette oeuvre. Le savoureux dialogue entre Matt Damon et Terence Stamp (au jeu parfait) est le point de rupture de ce fil rouge, aux deux-tiers du film. Nous avons le libre-choix de beaucoup de choses. L’Amour, cependant, lorsqu’il nous a touchés, influence et modifie considérablement la liberté de nos choix. Et nous permet d’écrire nous-mêmes le plan de nos vies.

Le fait que le tout soit illustré par la danse est particulièrement parlant. Ce que l’on appelle parfois le 6e art est un ensemble construit… mais constitué aussi d’une essentielle et bienfaitrice liberté.

En filigrane, le regard lucide et féroce sur le système de campagne politique à l’américaine est absolument savoureux. L’explication du « juste degré d’usure » des chaussures du candidat en est l’un des sommets…

Enfin, pour moi qui ai porté des chapeaux depuis vingt ans, bien avant qu’ils ne reviennent à la mode, j’aime bien l’idée que les Fedora (le type de chapeau d’Indiana Jones) soit la marque distinctive de ceux qui peuvent franchir les portes étranges de l’espace et du temps. Même si, pour ma part, je ne porte que des Stetson

Un film à voir, qui nous remet face à notre propre libre arbitre et à nos propres choix de vie.

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