Le même joueur joue encore (Same player shoots again)

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Homélie pour la

Vigile Pascale 2017

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

– Pan ! T’es mort !

– Allez, on dit que t’es plus mort, tu joues de nouveau avec nous, d’accord ?

Voilà chers Amis, ce qu’on entendait dans la cour de récréation de l’école primaire où j’ai passé mes années d’enfance, jadis.

Peut-être que vous aussi, vous avez joué à « Pan ! T’es mort ! Allez, on dit que t’es plus mort. »

Les premières résurrections, on les vit dans ces jeux d’enfants. Et on est tout content ! On est tout content de ne plus être mort ! On est tout content de pouvoir reprendre la partie, de ne plus être mort pour de vrai.

Et puis ensuite, adolescent, je passais un certain temps – peut-être comme certains d’entre vous – sur des jeux électroniques. Ceux de l’époque, hein… c’était pas très évolué !

Et là, la résurrection s’appelait alors « bonus » ou « vie supplémentaire », ou encore sur les vieux flippers des bistrots « same player shoots again » – quelle joie quand on voyait s’allumer ce petit signal-là : « le même joueur rejoue », « same player shoots again » !

Je vois que certains d’entre vous – à quelques sourires – connaissent le principe et ont joué aussi sur de vieux flippers…

Et quelle joie quand on avait mis la seule pièce de 2 francs qui nous restait de la semaine dans la machine, et que cette machine nous annonçait triomphalement qu’on gagnait une partie gratuite, qu’on pouvait rejouer même si, l’instant d’avant, tout semblait fini !

Un peu plus tard, j’ai eu la chance – beaucoup d’entre vous le savent – d’interpréter plusieurs pièces de théâtre (c’était une autre vie…) Et je me souviens d’un rôle de prince charmant – oui c’était clairement une autre vie, je vous l’accorde !…

Je me souviens d’un rôle de prince charmant. C’était dans le merveilleux conte pour enfants et pour grands enfants aussi, « Coppélia », illustré par la douce et merveilleuse musique de Léo Delibes.

Je jouais devant un parterre d’enfants. Et à un moment donné, le prince que j’interprétais était empoisonné par une méchante sorcière, et il tombait, mort. Evidemment l’histoire de Coppélia finit bien, et le prince revenait à la vie après quelques pages et après un philtre mystérieux. Mais je devais rester à terre, sur scène, pendant un quart d’heure, en faisant le mort.

Et je me rappelle très bien d’une représentation un après-midi, au cours de laquelle une petite fille au premier rang, qui scrutait depuis quelques minutes mon corps soi-disant mort, s’est tout à coup exclamée tout fort dans le théâtre :

– Il est plus mort ! il a bougé ! Il est résurrecté !!

Alors que sa Maman essayait de lui expliquer la conjugaison du verbe « ressusciter », j’avoue avoir eu beaucoup de mal à contenir un fou rire qui me faisait hoqueter ce corps soi-disant mort. Ça lui a confirmé qu’effectivement, je n’étais plus mort.

Plus tard, il y eut d’autres petites morts et d’autres grandes résurrections…

Beaucoup d’entre vous le savent, je suis notamment passé par la mort « clinique », comme on dit, après un grave accident. Et puis mon coeur est reparti grâce à un chirurgien qui l’a massé, massé, jusqu’à ce qu’il se remette à battre.

J’ai de la chance, du coup, de savoir jusqu’au plus profond de mon corps ce que veut dire retrouver la vie. C’est beaucoup plus qu’une partie gratuite !

Et c’est peut-être pour cela que je n’ai plus trouvé d’autre raison de vivre que d’annoncer le Ressuscité, comme ici ce soir avec vous.

C’est ma joie de vous le dire, chers Amis : il est ressuscité ! Et c’est aussi  ma patience, comme la vôtre, d’attendre à mon tour de retrouver la résurrection des corps ! C’est ma persévérance de vous le redire chaque année : IL EST VIVANT ! C’est le cri de mon cœur à chaque nouvelle nuit de Pâques ! Et j’aimerais que vous puissiez tous le dire haut et fort avec moi : CHRIST EST RESSUSCITE ! Allez-y, dites-le :

– CHRIST EST RESSUSCITE !

Mais oui ! C’est notre joie de pouvoir le dire ce soir !

Dans chacune de nos vies, Frères et Sœurs, il y a de petites morts et de grandes résurrections. Une amitié perdue et retrouvée, un conflit familial qui se termine en embrassade, un objet auquel on tenait, qu’on a perdu et que l’on retrouve, une maladie qui guérit peu à peu, une épreuve que l’on traverse et après laquelle on retrouve la joie et la lumière.

Vous avez tous déjà vécu ce genre de petites morts et de grandes résurrections !

Alors je vous invite à réfléchir, en cette nuit de Pâques : quelles sont vos résurrections, à vous, chers Amis ? Je suis sûr que chacune, chacun peut en trouver de nombreuses, dans sa vie, depuis la cour de récréation, peut-être, avec le « Pan, t’es mort ! » jusqu’au médecin qui nous guérit, qui nous soulage dans les périls de notre santé.

Alors les mots de nos lectures bibliques de ce soir prennent tout leur sens, tout à coup : « Il y eut un soir, il y eut un matin » disait la Genèse. Mais bien sûr : il y a la nuit de la mort, de la souffrance. Mais après chaque nuit le soleil se relève à nouveau. La nature elle-même nous parle de résurrection. Toutes les 24 heures nous vivons cela… on est tellement habitués qu’on n’y fait plus attention.

Puis nous avons relu l’Exode, avec ce passage de la Mer Rouge, un lieu où l’on meurt. Il faut traverser cette mer pour ressortir vivant de l’autre côté, exactement comme les épreuves de nos vies ! Nous avons à les traverser – et ce n’est pas facile : Pharaon nous court après, parfois ! Mais nous savons qu’avec Dieu nous pouvons ressortir de l’autre côté, et refaire alliance avec lui.

Et puis, disait Paul, par le baptême nous aussi nous sommes passés par la mort avec le Christ, plongés dans l’eau du baptême avant de renaître avec lui.

Toutes nos petites morts se trouvent dans la Bible, chers Amis, et elles culminent dans ce prodigieux Evangile que nous avons ré-entendu: on croyait qu’il était au tombeau, et l’ange nous dit qu’il n’est pas ici, qu’il est ressuscité.

C’est ce même Jésus ressuscité qu’il nous appartient maintenant d’annoncer par notre vie, chers Amis, par nos actes chrétiens, par notre joie, par notre façon d’être. « Vous êtes ressuscités, Frères, dira Paul dans la lecture de demain matin.

VOUS ETES RESSUSCITES… VOUS ! Chacun de vous ! Même ceux qui ont les yeux déjà un peu fermés parce que… il commence à se faire tard, bien sûr…

Vous êtes tous ressuscités avec le Christ !

Et tout cela culmine dans notre mission de baptisés. Nous avons pour mission d’annoncer cette bonne nouvelle au monde : « Il est ressuscité ! »

En sortant tout à l’heure, même s’il fait nuit maintenant, nous sourirons ! Parce que notre joie sera la première annonce de la Bonne Nouvelle à celles et ceux que nous croiserons… Notre joie sera déjà un témoignage !

C’est Pâques, chers Amis ! Et c’est Pâq…un jeu, Pâques ! C’est pâq’un jeu où des enfants rigoleraient en se disant : « On dirait que t’es plus mort » . C’est la vérité : il est vivant !

Chers Amis, nous qui sommes Frères et Sœurs en ce Christ ressuscité, que la joie de Pâques nous habite pleinement, que l’Amour du Christ nous donne de témoigner de sa vie par toute notre vie à nous, que toutes nos morts petites ou grandes débouchent sur des joies de résurrection car oui, c’est vrai, je le redis haut et fort : CHRIST EST RESSUSCITE, ALLELUIA !

 

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Evolène, 15 avril 2017, 20.00

 

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