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Homélie pour le 2e dimanche TO, année C
Isaïe 62,1-5 / Psaume 95(96) / 1Corinthiens 12, 4-11 / Jean 2,1-11
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Je vais vous ramener quelque temps en arrière, dans la cour de récréation, dans la cour de votre école, l’école de votre enfance. Je vous ramène dans une de ces récréations où on organise un jeu, disons pour simplifier une partie de football. Mais je ne parle pas qu’au messieurs en disant cela, je sais qu’il y a des filles qui jouent au foot aussi !
Et déjà au moment de faire les équipes, on se dispute. Enfin en tout cas dans la cour de ma récréation à moi, à l’époque, on se disputait !
– Oh non… je voulais être dans son équipe, moi !
– Oh ben non, pas celui-là avec nous, il est trop nul !
– Alors non, moi, si je ne suis pas dans la même équipe que toi, je ne joue même pas !
Et puis après, il y avait des aussi des phrases sympas pendant le jeu, quand l’entraîneur voulait sortir un joueur et le remplacer :
– On n’en a rien à faire de ce que dit l’entraîneur, moi je suis le capitaine !
– Mais non, c’est moi, j’ai le brassard !
– Mais je te dis que c’est moi ! J’ai décidé comme ça !
Ça va, ça vous revient…? Enfin on n’a peut-être pas eu la même enfance, mais dans la mienne c’était comme ça assez souvent…
Et ces équipes-là, je ne pas si vous avez remarqué, ne gagnaient pas très souvent.
Par contre, les équipes qui étaient soudées, celles qui avaient un véritable esprit d’équipe, celles qui ne se disputaient pas, alors celles-là gagnaient régulièrement. Et ça finissait par nous interroger, bien sûr.
Une des beautés du sport, Chers Amis, quand il est collectif, c’est cette notion de faire équipe.
Et dans une équipe, il y a de tout ! Celui qui est meilleur pour arrêter le ballon – bah on va le mettre aux buts, hein ! ça ne sert à rien de le mettre ailleurs… – celui qui est meilleur pour marquer – on ne va pas le mettre aux buts, celui-là, on va le mettre avant-centre ! Celui qui fédère toute l’équipe, qui délègue, qui fait les bonnes passes – on va le mettre au centre du terrain. Et puis il y a ceux qui sont bons à l’arrière, pour protéger. Et puis il y a l’entraîneur sur le banc, qu’il faut écouter.
Et puis il y a tous les autres, et notamment les supporters, qui ont leur importance capitale. Demandez au FC Sion s’ils gagnent mieux quand il n’y a personne à Tourbillon ! Ils vont vous dire non, hein ! « On a besoin de vous ! »
Et quand on gagne, dans une équipe, on gagne ensemble. Même si c’est le numéro 10 qui a marqué le but décisif, c’est toute l’équipe qui a gagné.
Il ne viendrait pas à l’idée de Canal 9 ou du Nouvelliste de dire que c’est Carlitos qui a gagné. Non, c’est Sion qui a gagné.
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que l’Eglise, c’est une équipe.
Et l’Eglise, Chers Amis, vous le savez bien, ce n’est pas seulement les prêtres, les évêques, le pape… l’Eglise avec un grand « E » c’est l’ensemble des baptisés – ça fait du monde, hein : 2 milliards et demi de personnes ! – et c’est nous tous, ce soir, l’Eglise.
Vous et moi faisons partie de cette équipe, chacun à sa place, chacun avec son rôle, ses charismes, des dons, ses qualités, ses faiblesses aussi.
Il y en a qui seront meilleurs pour lire, il y en a d’autres qui seront meilleurs pour prier en silence, il y en a d’autres qui seront meilleurs pour chanter, il y en a qui dirigent le chant, il y en d’autres, comme moi, qui seront meilleurs pour prêcher.
Nous avons reçu des dons variés de la grâce, mais ces dons viennent du même Esprit.
Ça vous rappelle quelque chose ? Vous venez de l’entendre, cette phrase, dans la deuxième lecture. La lettre aux Corinthiens : « Frères, disait Paul, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. »
L’Esprit d’équipe, bien sûr.
Je viens de parler des dons, mais on peut parler des fonctions. Entre Chrétiens, nos fonctions sont très variées. Il y a les prêtres comme moi, il y a les laïcs comme vous, mais il y a aussi d’autres fonctions, sacristain par exemple, il y a les membres du conseil de communauté, il y en a qui sont plutôt bons dans la gestion financière et qui sont au conseil de gestion, il y a celles et ceux qui décorent nos lieux de cultes, quelle belle fonction ! Il y a celles et ceux, aussi, grâce à qui ce lieu est propre, voilà aussi une belle fonction…
Et il y en a tant et tant, de ces fonctions ! Comme dans un club de foot, il y a les entraîneurs, les joueurs, les soigneurs, les supporters…
Or, qu’avons-nous entendu, dans la lettre aux Corinthiens ?
« Les services sont variées, mais c’est le même Seigneur. »
Et puis je pourrais parler aussi de nos responsabilités.
Nos responsabilités, entre Chrétiens, sont très variées. Certains sont faits pour diriger un groupe – ce n’est pas du tout mon cas par exemple ! D’autres sont meilleurs pour écouter, prendre la parole à la fin une fois que tout le monde a parlé. Il y en a d’autres qui ont toujours des idées à proposer, il y en a d’autres qui répondent « Présent ! » à chaque activité mais il ne faut pas leur demander de l’organiser parce que c’est pas leur truc…
Et c’est comme dans un club de foot. Il y a le conducteur du bus. Il y a la téléphoniste. Il y a le spécialiste des penalties… Et j’aime mieux vous dire que si vous faites tirer un penalty à la téléphoniste, on n’est pas prêt de gagner, hein ! A moins d’un coup de pot, évidemment.
Or, qu’avons-nous entendu, tout à l’heure, dans la lettre aux Corinthiens ?
« Les activités sont variées mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. »
Et l’extrait de la lettre de Paul aux Corinthiens se terminait sur cette magnifique phrase : « Celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit. » …L’Esprit… L’Esprit d’équipe.
Alors on peut l’avoir mais on peut lui fait obstacle, aussi. Parce que l’Esprit essaie toujours d’agir au travers de nous. Si on lui ouvre la porte, il est capable de faire de grandes choses. Si on lui fait obstacle, ça va être difficile. L’Esprit…
L’Esprit qui doit rester, comme dans une équipe. On peut changer l’entraîneur 25 fois si on veut… si l’équipe joue dans un mauvais esprit on va continuer à perdre, hein ! Et Christian Constantin en sait quelque chose !
Et dans certaines communautés chrétiennes, il y a un esprit magnifique, et on gagne ! C’est pour ça que vous êtes venus ce soir.
Et puis dans d’autres, on entend les petites phrases de la cour de récréation, vous savez :
– Ah non, moi si untel est plus dans le groupe, je viens plus !
– Ah non, elle je ne la veux pas dans l’équipe des fleurs, on n’est pas trop copines, hein…
– Ah non, moi, alors, depuis qu’on n’a plus ce prêtre à la messe, je vais à la messe à Sion…
Vous entendez les petites phrases de la cour de récréation, là ? C’est un même esprit qui doit nous animer, Chers Amis.
Quand on dit ce genre de phrases, ou qu’on les pense, on n’est plus dans un esprit d’équipe, on n’est plus dans un esprit constructif, on détruit au contraire.
Mais quand on travaille ensemble – comme nous tous ce soir – quand on travaille ensemble à la construction du Royaume de Dieu, alors on se réjouit des qualités de l’autre, on se réjouit des dons, des charismes de l’autre. On ne rit pas de ce que l’autre a été blessé, on compatit ; on ne recherche pas le pouvoir mais l’amour entre nous ; on accueille le pardon lorsqu’il est demandé et on le donne, bien sûr…
On ne désire pas nécessairement prendre telle ou telle place ou s’accrocher absolument à telle ou telle autre place. On reçoit une place, c’est ça aussi l’esprit chrétien, l’esprit de vocation, on est appelé à un service. Et Dieu sait si on vous appelle les uns, les autres, régulièrement, et vous répondez « Présent ! », et c’est magnifique !
On ne décide pas soi-même sur le terrain de football si l’on est efficace à telle place ou à telle autre, c’est l’entraîneur qui peut le dire. C’est la même chose.
Et s’il faut rester quelques temps sur le banc, même si ce n’est pas facile de voir jouer les autres, eh bien on souhaite que toute l’équipe gagne. On n’imagine pas quelqu’un qui reste sur le banc et qui souhaite que son équipe perde, ça n’aurait aucun sens !
On n’imagine pas un supporter du FC Sion venir au stade avec un drapeau du Servette, quand même ! ça serait complètement absurde…
C’est pareil en Eglise : on n’imagine pas un Chrétien critiquer sa propre équipe, ça n’aurait pas de sens…
Et pourtant… ça nous arrive… à moi aussi. Parce que nous sommes des êtres humains.
Nous devons cultiver l’esprit d’équipe parce que nous construisons ensemble cette grande équipe qu’est l’Eglise, chers Amis.
Et c’est seulement quand nous agissons dans un même Esprit qu’alors, et alors seulement, nous donnons un visage à l’Eglise, le beau visage du Christ, le beau visage même de l’Epouse du Christ. Cette Epouse dont le prophète Isaïe nous disait qu’elle flamboie, qu’on l’appellera « La préférée ».
Nous venons de ré-entendre les noces de Cana, il y a quelques instants Chers Amis. Où était l’Epouse ?
…ah là j’en vois certains essayer de remonter dans le texte, dans leur tête… Vous l’avez entendue, l’Epouse ? Non…
On ne cite jamais l’Epouse dans l’épisode des noces de Cana, pourquoi ? Parce que l’Epouse – peut-être disent certains commentateurs – c’est l’Eglise. L’Epouse du Christ, c’est l’Eglise. Et le vrai marié de Cana, c’est peut-être bien le Christ.
« Faites ce qu’il vous dira », disait Marie. Faites ce qu’il vous dira… Dans une équipe de foot, on écoute ce que dit l’entraîneur, mais l’entraîneur, lui, il écoute qui ?
Bah il écoute le président, souvent. Nous en Eglise, on écoute le pape – notre entraîneur – on écoute nos prêtres qui sont les entraîneurs adjoints. Mais le président, c’est qui ? Le Christian Constantin à nous, en Eglise, c’est qui ? Bah c’est facile, ça commence par les mêmes lettres : c’est le Christ.
Eh oui. C’est lui, le président de l’équipe !
Et quand le Christ change d’entraîneur, change de prêtre, l’équipe continue. Quand il appelle tel ou tel joueur à rejoindre l’équipe, tel ou tel autre à rester sur le banc, on ne lui dit pas « Ah non, non, non, Christian, si le copain est pas dans l’équipe, moi je ne joue pas »…
Il sait ce qu’il fait, le président… Et si on veut tous faire une bonne équipe, de celles qui gagnent, alors on l’écoute. Dans un bon Esprit. Dans un esprit d’équipe. Conscient que pour faire équipe, chacun a sa place.
…Chacun a sa place.
Alors cultivons ce bon Esprit, chers Amis, dans notre équipe.
Cultivons l’écoute de cet esprit qui sait, mieux que nous, quelle est notre place, notre rôle, notre fonction. Et qui nous les suggère, ces places, et ces rôles, et ces fonctions, par la voix de nos frères et soeurs, par la voix de nos prêtres, par la voix de notre évêque…
Soyons dociles à l’Esprit, et comme Marie, écoutons le Christ, mettons-nous à l’œuvre pour faire ce qu’il nous dira.
Parce que ce n’est pas la coupe d’Europe, ou la coupe du monde, que notre équipe est appelée à gagner, Chers Amis. C’est celle de l’Univers. Celle du Royaume de Dieu.
Alors j’aimerais vous dire merci d’être venus à l’entraînement ce soir. Et bon match pour la suite, je suis persuadé qu’on va gagner ensemble.
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Les Collons, samedi 19 janvier 2019, 17.00
Vex, samedi 19 janvier 2019, 18.30 (version enregistrée)
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