Les Béatitudes de Denis Sonet

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Photo DR : hozana.org

 

Homélie pour le 4e dimanche TO, année A

 

Les Béatitudes (Mt 5,1-12a)

 

 

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Chers Amis,

 

Je vais emprunter, à plusieurs moments de cette prédication, les idées d’un des plus grands prédicateurs qu’il m’ait été donné de rencontrer, plusieurs d’entre vous, d’entre nous, l’ont bien connu, il s’agit du Père Denis Sonet qui prêche pour les anges maintenant, tant mieux pour eux et hélas pour nous !

 

Le texte des Béatitudes, que Jean-René de sa voix chaude vient de nous faire ré-entendre dans sa version longue, qui est propre à Matthieu, c’est probablement l’un des plus prodigieux textes de nos Bibles. Si on le comprend. Et ce n’est pas facile. Si on l’accepte. Et ce n’est pas facile non plus. Revoyons donc ensemble certaines des béatitudes que nous venons de ré-entendre pour mieux les comprendre, notamment celles qui nous choquent ou celles que l’on croit trop bien comprendre aussi, peut-être.

 

Heureux les pauvres en esprit…

…On ne vient pas dire ici qu’il vaut mieux être complètement idiot pour être heureux ! Jésus vient nous dire que pour aimer les autres, il nous faut être pauvre. Mais pauvres là-dedans (coeur) et là-dedans (esprit), pauvres de cœur, pauvres d’esprit… c’est-à-dire désencombrés. Qu’il y ait de la place dans notre cœur et dans notre esprit.

 

Cette pauvreté, ce désencombrement nous libérera des attaches matérielles, de nos besoins de confort.

 

Les amoureux vivent souvent de ces petites choses, de ces petites attentions qui ont une valeur immense. Pas besoin qu’un cadeau soit gigantesque, il faut qu’il soit régulier. Vous le savez bien Mesdames. Et nous avons à le réapprendre, Messieurs… (c’est dans Mars et Vénus, ça !).

 

Ainsi, comme le disait Denis :

–      Heureux ceux qui acceptent de fleurir là où ils ont été semés.

–      Heureux ceux qui s’acceptent tels qu’ils sont, avec leur fragilité, leurs pulsions déconcertantes, leurs faiblesses.

–      Heureux ceux qui ne se comparent pas aux autres : il y a toujours quelqu’un de plus important qu’eux.

–      Heureux ceux qui ne se prennent pas au sérieux.

–      Heureux ceux qui prennent le temps de jouer, de se relaxer – vous l’avez fait ce week-end.

–      Heureux ceux qui comprennent que la vraie grandeur, c’est de vivre simplement son devoir d’état.

–      Heureux ceux qui savent donner valeur aux petites choses de la vie.

 

De même, quand Jésus dit « Heureux les affligés, les persécutés », attention ! Il ne vient évidemment pas donner caution à un certain dolorisme qui a fait les belles heures de notre Eglises au siècle passé – dans les siècles précédents aussi. Il ne vient pas nous dire qu’il faut souffrir pour mériter notre ciel, bêtise que cela !

 

Non ! Dieu ne veut pas la souffrance, il veut venir l’habiter, c’est tout différent.

 

Il vient nous dire : « Si tu souffres, je suis là, dans ta souffrance, avec toi, je suis sur le chemin avec toi, je suis cloué à cette croix que tu portes avec toi ! Je suis avec toi dans ta souffrance. Ce n’est pas ta souffrance qui te rapproche de moi, ou du ciel, mais c’est de comprendre que j’y suis aussi, avec toi. »

 

Ainsi, Denis disait :

–      Heureux ceux qui ont le don des larmes.

–      Heureux ceux qui se donnent le droit de pleurer.

–      Heureux ceux qui croient malgré tout qu’ils sont créés d’abord pour le bonheur.

–      Heureux ceux qui ne pensent pas trop vite qu’ils sont nés sous une mauvaise étoile.

–      Heureux ceux qui ne croient pas à la loi des séries.

–      Heureux ceux qui ne font pas constamment aux autres le cadeau empoisonné de leurs ennuis.

–      Heureux ceux qui croient que les difficultés peuvent être un chemin de joie.

–      Heureux ceux qui reconnaissent les bons moments de la vie et qui savent mieux les apprécier.

 

Quand Jésus nous dit « Heureux les assoiffés de justice, les pacifiques », que nous dit-il ? D’abord qu’un pacifique n’est pas un pacifiste, faut pas tout confondre, hein !

 

On a connu des pacifistes allumer de redoutables mèches et menacer de déclencher des conflits.

 

Il y a quelques décennies en arrière un pacifiste avait pour volonté de tirer une roquette sur une centrale nucléaire, au nom de son pacifisme… ça fait souci, ce pacifisme-là, hein !

 

Ce n’est pas ce que Jésus nous dit.

 

Heureux les pacifiques, heureux celui qui fait oeuvre de paix. Qui la construit autour de lui.

 

Ainsi, Denis nous disait :

 

–      Heureux les non-violents qui font des actions énergiques pour la paix.

–      Heureux la maman qui fait tampon entre le père exigeant et le fils rebelle.

–      Heureux ceux qui acceptent d’être victimes plutôt que bourreaux.

–      Heureux ceux qui savent faire la paix d’abord au fond d’eux-mêmes.

–      Heureux les politiques qui préfèrent les discussions aux canons.

–      Heureux ceux qui ne font pas une tempête dans un verre d’eau.

 

 

Quand Jésus nous parle des coeurs purs, il parle de ces coeurs qui ne sont pas doubles, qui n’acceptent pas la duplicité.

 

Ces coeurs-là, des cœurs purs, donnent à ceux qui les portent une limpidité dans le regard qui dit quelque chose du Royaume de Dieu.

 

Vous avez déjà rencontré ces regards… nous les croisons souvent, ces cœurs purs… ce sont les regards de nos enfants.

 

Ainsi, Denis nous disait:

 

–      Heureux ceux qui ont des yeux clairs comme l’eau de source.

–      Heureux ceux qui se sont unifiés dans leurs motivations, dans leurs comportements.

–      Heureux ceux qui ne sont pas aveuglés par leurs passions, débordés par leurs désirs.

–      Heureux ceux qui ne disent pas un « je t’aime » qu’ils ne pensent pas.

–      Heureux ceux dont la franchise est totale mais jamais offensante.

–      Heureux ceux qui ont toujours soif de limpidité, de pureté.

–      Heureux ceux qui n’ont qu’une parole.

 

Et puis quand Jésus dit « heureux les miséricordieux », ça n’a rien à voir avec une piété de supermarché, chers Amis, qui consisterait à glisser négligemment une piécette à un pauvre – sans même le regarder dans les yeux… pour éviter d’être touché, on ne sait jamais…

 

Le miséricordieux c’est celui qui va d’abord se laisser toucher par le regard de son frère pour ensuite lui donner ce que ce regard demandait. Le miséricordieux donne d’abord son regard avant de donner quoi que ce soit d’autre.

 

Ainsi Denis nous disait :

 

–      Heureux ceux qui savent donner : la vie est trop courte pour être égoïste.

–      Heureux ceux qui sont empathiques à la souffrance qu’ils croisent sur leur route.

–      Heureux ceux qui ont mal du mal des autres.

–      Heureux ceux qui ne détournent pas leur chemin de l’accidenté.

–      Heureux les politiques qui s’occupent du bien commun avant de faire gagner leur parti.

–      Heureux ceux qui vivent leur foi dans le dévouement à leurs frères.

–      Heureux ceux qui ne sont pas des voyeurs à la télé, mais des efficaces devant les souffrances.

–      Heureux les Simon de Cyrène qui aident les autres à porter leur croix.

 

Voilà, je crois, chers Amis, comment les Béatitudes doivent être comprises, comment Denis nous les a laissées en héritage.

 

Il s’agit d’un véritable programme de vie chrétienne, si on les comprend bien. Et Jésus vient nous dire également, par ce texte, que le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, à chaque fois que nous faisons sa volonté au travers de ces actes pas si compliqués que ça, si on les comprend bien.

 

La clé du bonheur est là, dans ces douze versets de l’Evangile de Matthieu. Pourquoi aller chercher de fausses clés comme l’argent, les plaisirs faciles, la gloire ? La clé du bonheur est là. Dans la joie de ces béatitudes. Une joie que la religion doit sans cesse proclamer.

 

Y compris dans l’humour et dans l’autodérision.

 

Ainsi, heureux ceux qui, comme vous, ne savent pas si Federer est en train de gagner ou non…

 

Et pour terminer avec une béatitude humoristique aussi de mon cher Jean Yanne, qui fait rire les anges lui aussi depuis longtemps maintenant :

 

« Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes… parce qu’ils n’ont pas fini de se marrer ! ».

 

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Hospice du Simplon, dimanche 29 janvier 2017, 10.00

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