L’homme et la terre

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Photomontage DR : popodoran.canalblog.com 

Voici un petit quiz sur la possession de la terre par l’homme dans la Bible, réalisé avec l’excellente bibliste Monique Dorsaz pour le Carême 2013.

Il peut y avoir plusieurs bonnes réponses suivant la question !

Des éléments de réponse se trouvent en fin de quiz.

1/ Quel est le sens du nom Adam ?

a. Etre humain

b. Vivant

c. Il y a un jeu de mots avec le sol, la terre.

2/ Il est dit que Dieu établit l’homme dans le jardin pour le cultiver et le garder.

a. En hébreu, le mot « cultiver » est le même que « arroser ».

b. En hébreu, le mot « cultiver » est le même que « servir ».

c. En hébreu, le mot « cultiver » est le même que « dominer » .

3/ Qu’est-ce que le roi Achab aimerait acheter à son voisin Naboth ?

a. Un champ de blé.

b. Une vigne.

c. Une maison de vacances.

4/ Le livre du Qohélet (Ecclésiaste) constate sans étonnement que l’indigent est opprimé et que le droit et la justice sont souvent violés. Quelle est son explication ?

a. C’est parce qu’au dessus d’un grand personnage veille un autre grand et qu’au-dessus, il y a encore des grands.

b. C’est en raison de la dureté de cœur des rois et des princes qui sont poussés à la convoitise depuis leur naissance.

c. C’est à cause du péché originel.

5/ Quelles sont les attitudes de Loth et d’Abraham au moment où ils se séparent ?

a. Abraham choisit la terre qui lui plaît le plus et Loth en prend une autre.

b. Loth choisit sa terre et Abraham reçoit une terre de Dieu qui la lui donne.

c. Abraham et Loth tirent au sort pour voir quelle terre reviendra à chacun.

6/ A qui appartient la terre ?

a. A Dieu

b. Aux différents rois.

c. A celui qui a les moyens de l’acheter.

7/ Dans les béatitudes, à qui Jésus promet-il la terre en héritage ? Mt 5, 5

a. Aux doux.

b. Aux pauvres de cœur.

c. Aux affamés et assoiffés de justice.

Réponses :

1-a… et aussi c / 2-b / 3-b / 4-a / 5-b / 6-a / 7-a…et aussi b

Eléments de réponses :

1/ En hébreu le mot Adam qui est le nom du premier homme signifie « être humain ». Il y a aussi un jeu de mot entre Adam et « adamah » la terre.

L’être humain adam est donc façonné à partir de la terre adamah Gn 2, 7. Il a en lui une dimension terrestre : il vit sur la terre et il a besoin de la terre pour vivre. Il reçoit aussi un souffle de vie qui vient de Dieu. A plusieurs reprises la Bible nous dit qu’il y a une communauté de destinée entre l’homme et la terre (lors du déluge en Gn 6, 13 ou dans l’Ap 21, 1ss). L’homme appelle sa femme Eve, ce qui veut dire vivante.

2/ En hébreu le mot cultiver est le même que « servir » Gn 2, 15.

Quand Dieu établit l’homme dans le jardin, il lui donne comme vocation de cultiver et garder la terre. Le verbe qui désigne le travail de la terre est en fait un terme très courant avad que l’on traduit presque toujours par « servir ». La Genèse nous propose un regard étonnamment moderne sur la relation de l’homme à la terre. L’homme est appelé à servir le sol et le garder, on pourrait presque dire « le sauvegarder ». Ne trouvons-nous pas inscrite dans les textes de la création une vision « écologique » avant l’heure ?

3/ Le roi Achab voudrait acheter la vigne de son voisin Naboth pour en faire son jardin potager 1 R 21.

La proposition d’Achab semble honnête : il propose d’échanger la vigne contre une autre vigne meilleure ou alors de payer la vigne en argent. Mais il bute sur le refus de Naboth qui n’est pas prêt à céder l’héritage de ses pères. Achab boude. Sa femme Jézabel complote pour faire condamner Naboth à mort. Naboth est lapidé et Achab descend prendre possession de sa vigne. Voici un épisode bien sombre de l’Ancien Testament qui évoque la réalité de l’accaparement de la terre par les puissants.

4/ La vision de Qohélet est très moderne. Ecoutons-le :

« Si, dans un état, tu vois l’indigent opprimé, le droit et la justice violés, ne sois pas surpris de la chose ; car au-dessus d’un grand personnage, veille un autre grand, et au-dessus d’eux, il y a encore des grands. Et à tous, la terre profite ; le roi est tributaire de l’agriculture… Avec l’abondance des biens abondent ceux qui les consomment. » (Qo 5, 7-8.10)

Il ne suffit pas de changer de roi ou de chef dans le village. Dans la vie, les choses sont bien plus complexes, au-dessus d’un profiteur, il y en a toute une série d’autres. Raison pour laquelle Qohélet dit à la fois que tout est vain… mais qu’il faut profiter de ce que l’on a aujourd’hui.

5/ Au moment où Abraham et Loth se séparent, les deux lèvent les yeux. Loth choisit pour lui la meilleure terre, c’est le district du Jourdain, tout arrosé, comme un jardin. Abraham par contre reçoit la terre comme un don de Dieu.

Le Seigneur lui dit : « Lève les yeux et regarde… Oui, tout le pays que tu vois je te le donne ainsi qu’à ta descendance pour toujours » Gn 13, 10-18. Cette terre promise, Abraham va y séjourner, parfois la quitter, sans jamais vraiment la posséder. Il préfigure ainsi une attitude à avoir à l’égard de la terre.

6/ Les textes de la Bible affirment souvent que la terre appartient à Dieu.

Le Seigneur a créé le ciel et la terre et ceux-ci lui appartiennent. Moïse l’annonce au Pharaon en Ex 9, 29 et les Psaumes le redisent (Ps 24, 1, Ps 89, 12).

Le fait que la terre appartienne à Dieu fait qu’on ne peut pas la vendre sans retour. La loi liée au Jubilé (Lv 25,10.23-24) correspond bien à cet idéal, même si elle n’a peut-être jamais vraiment été mise en pratique. Ce texte rappelle aussi que nous ne sommes que des émigrés, des hôtes sur la terre qui appartient au Seigneur.

7/ Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage Mt 5, 5

Le doux ressemble à l’héritier, au Fils, à Jésus qui est doux et humble de cœur Mt 11, 29 et qui entre à Jérusalem « doux et monté sur une ânesse et sur un ânon » Mt 21, 5.

En hébreu le doux est un anawim, un pauvre. Dans le Ps 37 on découvre que la douceur est une attitude envers Dieu : le doux compte sur le Seigneur, reste calme près de lui, l’attend et espère en lui. Le doux est aussi tourné vers son prochain : il évite le mal et fait le bien, il est juste et ne s’enflamme pas contre celui qui réussit, et surtout, il a pitié et il donne alors que le méchant emprunte et ne rend pas. Il n’est pas étonnant que Dieu fasse hériter la terre à de tels hommes et femmes.

Monique Dorsaz – Vincent Lafargue

Publié dans Ecritures 1/2013, ABC éd., pp.41-44

 

 

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