10 x plus qu’une finale de foot !

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Homélie pour le 2e dimanche de Pâques, C

Actes 5,12-16 / Psaume 117 / Apocalypse 1,9-19 / Jean 20,19-31

Dimanche de la Divine Miséricorde

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Vous le savez, donc, pour la plupart d’entre vous, nous étions donc à Rome cette semaine avec 75 personnes incluant les servants de messe des paroisses de notre vallée.

Plusieurs sont là ce soir, encore avec quelques petits yeux dus à la nuit passée en car et au choc thermique que représente le fait de quitter Rome par 30 degrés à l’ombre et d’arriver à Vex avec 3 degrés hier matin… et la neige !

Nous avons vécu une belle semaine à Rome et nous y avons notamment participé à l’audience pontificale, sur la place St Pierre, mercredi matin, avant de visiter la basilique et de rencontrer les gardes suisses.

Or un garde me disait que ces soldats de la plus petite armée du monde ont régulièrement envie de taquiner un peu quand ils entendent tel ou tel touriste, ou tel ou tel média dire : « Ah dimanche dernier à Tourbillon, y avait 10’000 personnes au match… »

10’000, c’est pas mal ! C’est déjà un beau match, une belle affiche pour Tourbillon. La moyenne est un petit peu en-dessous, habituellement autour de 8-9000.

Pourquoi est-ce que nos gardes sont chatouilleux concernant le nombre de spectateurs présents à Tourbillon, alors qu’il s’agit d’un stade qui est à 900 kilomètres de leur caserne du Vatican ?

Eh bien parce que, voyez-vous, chaque semaine, sur la place St Pierre, le mercredi, il y a l’audience pontificale.

C’est-à-dire une simple catéchèse d’une dizaine de minutes de la part de notre pape, répétée ensuite en plusieurs langues.

Ce n’est pas un match, ce n’est pas une compétition nationale ou même internationale, il n’y a aucun enjeu politique ou sportif là-dedans, on vient simplement écouter, pendant une petite heure en tout, un homme en blanc nous parler d’amour, de pardon et de paix.

Or les gens font parfois, comme nous mercredi, plus d’une heure de queue pour simplement entrer sur cette place St Pierre, histoire d’entendre parler cet homme, de ressentir sa présence.

Et combien y avait-il de personnes mercredi, avec nous, à votre avis ?

10’000 comme à Tourbillon ?…

Il y en avait sept fois plus. Nous étions 70’000 mercredi sur la place St Pierre. C’est un peu en-dessus de la moyenne. Habituellement ce sont 50 à 60’000 personnes qui se rassemblent chaque mercredi pour écouter notre Saint Père.

Sans abonnement. Sans carte de membre. Sans place réservée. Sans tribune d’honneur. Gratuitement.

Et sans être les mêmes de semaine en semaine, notez ! Ce sont chaque fois des personnes différentes ! Alors qu’à Tourbillon, y a les habitués !

Donc, si nous sommes logiques chers Amis, nos médias devraient parler sept fois plus d’un tel événement par rapport au dernier match du FC Sion – avec tout le respect que j’ai pour cette équipe que j’apprécie personnellement beaucoup et que je supporte !

Sept fois moins de spectateurs, sept fois moins de place dans le journal. Ce serait logique, n’est-ce pas ?

Sans compter qu’une victoire du FC Sion est un événement cantonal, éventuellement national. Mais que les mots du pape sont à caractère mondial. Ce n’est pas tout à fait la même échelle.

Et pourtant vous ne trouverez pas une ligne, pas une virgule de l’audience pontificale de mercredi matin dans nos médias classiques. Ni cette semaine, ni la semaine prochaine, ni aucune autre semaine, d’ailleurs. Jamais, hein, c’est vite vu, jamais. Pas un mot.

Et c’est bien étonnant puisqu’on dit que les médias s’intéressent d’abord aux événements qui concernent le plus de monde.

Plus y a de monde, plus ils sont là, normalement.

Voilà un lieu où la foule se rassemble chaque semaine, tous les mercredis, sans exception et sans faiblir. Les gens ne viennent pas là pour voir perdre ou gagner une équipe. Il n’y a aucun affrontement entre supporters après la rencontre. Pas de tags, de bouteilles abandonnées, de trains salis, non. L’entrée est rigoureusement gratuite. Et la sécurité y est bien meilleure que dans la plupart de nos stades. Vous pouvez demander aux servants de messe tout ce qu’ils ont dû vérifier dans leurs poches avant de passer les détecteurs qui les amenaient sur la place St Pierre !

Et on vient simplement pour écouter un homme en blanc parler d’amour, de pardon et de paix.

Il me semble que, logiquement, ça devrait être intéressant pour nos journaux… Eh bien non.

Vous me direz que je ne suis pas tout à fait honnête en comparant un stade local, comme Tourbillon avec un événement international. Et vous aurez raison.

Prenons une comparaison internationale alors. La dernière coupe du monde de football, en Russie, a rassemblé, le jour de sa finale, 78’011 spectateurs pour être précis, j’ai vérifié. 78’011 spectateurs ! Voilà ! Là on est au-delà des 70’000 de mercredi sur la place St Pierre !

Mais je le redis, l’audience du mercredi a lieu… TOUS LES MERCREDIS ! Pas tous les 4 ans comme la coupe du monde de football…

Alors pour être honnête, pour être tout à fait honnête, il faudrait comparer avec un événement de l’Eglise qui a lieu, lui aussi, tous les trois-quatre ans… Il y en a un, les Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont lieu tous les trois-quatre ans, ça dépend des cycles.

Et justement, elles avaient lieu cette année au Panama, au mois de janvier. Atteignaient-ils le nombre de 78’000 personnes, à votre avis ?

Non. Ils n’étaient pas 78.000. Ils étaient dix fois plus, 780’000. 780’000 à la messe de clôture des Journées Mondiales de la Jeunesse au Panama, cette année.

Un événement qui a lieu tous les trois-quatre ans. Un événement mondial, exactement comme une finale de foot.

Et c’était une toute petite édition cette année car les précédentes JMJ qui se sont déroulées à Rio, au Brésil, ont rassemblé lors de leur messe finale… 3 millions de jeunes. C’est à dire 40 fois le stade de la finale de la coupe du monde de football. 40 fois.

Et, je ne sais pas pour vous, mais personnellement je n’ai pas souvenir d’avoir vu un cahier spécial JMJ, dans le Nouvelliste, avec les photos, des témoignages par exemple… Alors que les cahiers spéciaux « coupe du monde », on les a à chaque fois… Je le dis avec d’autant plus d’amitié que j’ai un frère photographe officiel de foot, certains d’entre vous le savent, et donc tant mieux, ça fait vivre les photographes… Mais, c’est étrange, tout de même…

Pour comprendre l’importance des foules qui suivent le pape François, il faut comprendre les foules qui suivaient Jésus, un homme de paix, de pardon et d’amour.

La première lecture – notre livre des Actes des Apôtres – nous parlait de ces foules qui suivaient Jésus. Et l’évangile nous rappelait qu’il est difficile de croire sans avoir vu. Comme Thomas par exemple.

Je suis en train de vous parler du fait que nous avons vu 70’000 personnes à Rome mercredi matin mais, au fond, vous n’êtes pas obligés de me croire, vous ne les avez pas vues, vous.

Nous avons applaudi avec ces 70’000 personnes. Nous avons prié le Notre Père en latin avec le Saint Père et avec ces 70’000 personnes. Nous avons été bénis par le pape François avec ces 70’000 personnes. Nous avons entendu les paroles du pape sur le pardon, sur l’amour infini de Dieu qui dépasse tout.

Exactement le thème de ce week-end, le thème du week-end de la miséricorde, ce dimanche voulu par St Jean-Paul II, dont nous avons vu la tombe ce même mercredi dans la basilique St Pierre.

Seulement, ça ne s’arrête pas là.

Une fois qu’on a vu et entendu, comme plusieurs d’entre nous ce mercredi, alors il faut le redire, ou l’écrire. C’était ce que nous suggérait notre deuxième lecture, le livre de l’Apocalypse : « Ecris ce que tu as vu » disait la voix qui s’adressait à Jean.

Et c’est ce qu’il a fait. Il a écrit ce livre de l’Apocalypse pour écrire ce qu’il avait vu.

Et notre devoir de Chrétien – le vôtre à vous aussi – notre devoir de baptisés c’est d’être des journalistes du Christ. D’annoncer la bonne nouvelle – on en a assez, des mauvaises nouvelles, dans nos journaux. Il n’y a pas besoin de les redire, de les colporter.

Mais nous avons à annoncer la bonne nouvelle : la vie éternelle, l’amour, le pardon, la miséricorde infinie de Dieu, voilà de bonnes nouvelles à annoncer autour de nous.

Nos journaux préféreront toujours parler d’une finale de foot ou d’un attentat, même si ces événements ont concerné dix fois ou cent fois moins de personnes qu’une rencontre religieuse qui a lieu chaque semaine à Rome.

Ils n’osent pas parler des Chrétiens, vous avez remarqué ?

C’est à nous de rappeler à l’extérieur ce que nous vivons ici, ce que nous croyons dans notre cœur. C’est à nous de rappeler que nous existons comme Chrétiens, que chaque mercredi, sur la place St Pierre, il y a dix fois plus de spectateurs que dans les plus belles finales à Tourbillon.

C’est à nous de leur rappeler que parler de paix, d’amour, de pardon serait peut-être une bonne idée dans nos médias.

Comme nos médias ne le feront probablement pas, c’est à nous, baptisés, de redire autour de nous, dans nos villages, dans nos familles, les paroles de l’homme en blanc.

Celui d’aujourd’hui, François, tout comme celui dont il est le serviteur sur cette terre, Jésus.

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Vex, samedi 27 avril 2019, 18.30 (version enregistrée)

Hérémence, dimanche 28 avril 2019, 9.00

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