3 cadeaux, 3 mystères, 3 vertus

Classé dans : Bible, Fêtes, Homélies, Noël | 2
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Homélie pour la solennité de l’Epiphanie

Isaïe 60,1-6 / Psaume 71 / Ephésiens 3,2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Nous fêtons donc les Mages… et non pas les Rois – le seul Roi de l’Epiphanie, il est là dans la crèche… c’est Jésus. Nous fêtons les Mages et savez-vous qu’avec les fameux trois mages, il y avait UNE femme ? Ça vous étonne, Mesdames, n’est-ce pas ? Eh oui ! Il y avait Gaspard, Melchior, Balthasar … et pis Fanny (Epiphanie) !

Non, je blague bien sûr… Mais je ne blague qu’à moitié, en fait. Parce qu’on sait bien que les mages, leurs prénoms, leurs prétendus titres de rois, leur nombre, tout cela appartient au folklore. Peut-être y en avait-il douze, cinq, vingt-sept. Peu importe ! Il y en avait, la Bible nous le dit, et ils étaient venus de toutes les nations, c’est ça qui est important. Pas leur nombre ou leurs noms…

Il y a dans tout cet épisode quelque chose d’autre, quelque chose de symbolique qu’on veut nous faire comprendre. Quelque chose de caché au départ qu’on veut nous révéler, un Dieu qui apparaîtrait tout à coup clairement, qui se révèle. Un Dieu qui se manifeste.

C’est d’ailleurs le sens, vous le savez bien, du mot « Epiphanie » : un mot grec qui veut signifier précisément « manifestation de ce qui était caché, apparition »… On nous révèle quelque chose de caché, exactement comme le disait Paul dans notre deuxième lecture : « Par révélation, il m’a fait connaître le mystère… »

Alors quel est ce mystère caché dans les textes que nous avons entendus et dans cette fête des mages ?

Eh bien on va regarder ça ensemble, si vous le voulez bien… Et vous verrez, ce n’est pas bien compliqué à comprendre, l’Epiphanie. On ne va pas s’y casser les dents… contrairement à ce qui peut arriver avec la galette, n’est-ce pas, si vous trouvez la fève de manière un peu douloureuse… ce sont des choses qui arrivent le jour de l’Epiphanie !

Dans nos textes de ce matin, trois éléments sont cachés. Trois découvertes que nous avons à faire ou à refaire chaque année en lien – justement – avec les trois cadeaux qu’apportent les mages. Et cela l’Evangile nous le disait. Vous l’avez entendu et vous le savez par cœur : l’or, l’encens et la myrrhe. Et si on nous le dit dans l’Evangile c’est précisément parce que là se trouve quelque chose d’important.

Première chose cachée à comprendre : Jésus est Dieu.

Vous allez me dire : « on le sait, hein ! On ne va pas tomber de notre banc en entendant cela ! » Oui, vous, vous le savez. Mais pour celui qui découvre cette histoire, qui découvre notre foi, c’est le premier mystère de Noël et peut-être l’un des plus importants : Dieu s’est fait petit bébé, petit enfant. On attendait un Superman avec des éclairs dans tous les sens, et c’est un tout petit bébé fragile, notre Dieu.

Premier mystère révélé dans l’Epiphanie : Jésus est Dieu.

Et c’est avec notre première lecture, le prophète Isaïe, que nous le comprenons. Isaïe, des siècles avant Jésus annonçait le Messie. Et grâce à lui, nous comprenons que c’est Dieu que nous accueillons dans le petit bébé de la crèche. Mêmes les chefs de toutes les nations se prosterneront devant lui, disait Isaïe. C’est donc bien de lui qu’il s’agit. On viendra de partout pour reconnaître ce Dieu, disait-il. C’est donc bien lui, Jésus, ce Dieu que les prophètes annonçaient.

On vient de partout… Voilà pourquoi, d’ailleurs et vous le savez bien, on représente toujours les mages avec trois couleurs de peau différentes : blanche, jaune ou hâlée et noire. Pour montrer que Jésus est venu pour toutes les nations, pour tous, pas seulement pour une race qui serait l’élite mais pour le monde entier de manière égale. Il y aurait eu un mage à la peau rouge si, à l’époque où on a défini cela, on connaissait l’Amérique. Mais ce n’était pas le cas.

Vous le savez sans doute aussi – et sinon c’est l’occasion de le réapprendre : Balthasar a la peau noire et représente le continent Africain, Gaspard a la peau halée et représente le continent asiatique, Melchior a la peau blanche – et très souvent une longue barbe blanche, et représente le vieux continent, l’Europe.

Jésus est donc le Dieu de toute la terre. Et il vient effacer les inégalités de race ou d’origine.

La deuxième lecture nous le disait aussi d’ailleurs : toutes les nations sont associées au même héritage. D’où que nous soyons, nous avons le droit à la même chose en Jésus. Paul le disait aux Ephésiens en parlant du Christ. Nous sommes tous héritiers du Christ, qui que nous soyons.

Et puis Isaïe nous disait aussi qu’on proclamera les louanges du Seigneur et… qu’on apportera de l’encens, ah-ah, premier cadeau, l’encens.

L’encens, ce cadeau dont la fumée monte vers le ciel, c’est-à-dire vers Dieu. L’encens symbolise donc Dieu en Jésus.

Comme l’encens est très utilisé dans les religions orientales – déjà à l’époque du Christ, il est apporté traditionnellement par le mage venu d’Orient, Gaspard.

Premier élément, donc : Jésus est DIEU. Ça va jusque-là ? Oui…

Deuxième élément correspondant au deuxième cadeau : Jésus est ROI. Ce ne sont pas les mages qui sont rois, c’est bien Jésus qui est roi.

Jésus est Roi et il est même le Roi des rois. C’est le psaume qui nous le disait : « Dieu, donne à ce fils de roi ta justice ! Qu’il gouverne, qu’il domine de la mer à la mer, jusqu’au bout de la terre ! » Jésus est Roi de toute la terre.

C’est un Roi divin mais c’est également un roi qui s’est fait homme, tout petit enfant… un roi terrestre. Et le psaume parle de toutes les richesses de la terre qui affluent vers ce roi. Et donc la richesse des richesses aussi : l’or. L’une des plus grandes richesses matérielles de la terre.

L’or symbolise le « continent des riches » – on peut le regretter ! – il est donc apporté par l’Européen, Melchior.

Il y a un petit moyen mnémotechnique pour s’en souvenir : MelchiOR – OR.

Le psaume et l’Or symbolisent donc en Jésus un Roi. Un roi terrestre, le roi de toute la terre. Vrai Dieu avec l’encens, vrai Homme et Roi avec l’or.

Ça va toujours ?… Mais je vois que vous êtes éveillés, c’est merveilleux !

Troisième élément, alors !

Ce Dieu, ce Roi, ce Jésus va vaincre la mort. Là encore vous allez me dire : « Bah… on le sait, hein ! »

Bien sûr, nous, nous le savons. Mais encore une fois, si on se met à la place de ces mages qui sont là, à la place des gens qui découvrent cette histoire, ce n’est pas du tout évident !

Puisque Dieu s’est fait homme, il va mourir, comme nous. C’est impensable pour bien du monde : Dieu ne peut pas mourir. Mais non seulement il va mourir mais il va ressusciter, il va vaincre la mort. C’est une partie essentielle du mystère de Noël qui nous est révélé.

C’est l’évangile qui nous fait pressentir cela. A peine né, ce petit roi de l’univers est menacé par un autre roi, jaloux : le roi Hérode qui veut le faire tuer.

Et on connaît la suite : il a essayé de se renseigner auprès des mages mais… pas de bol, les mages ne sont pas revenus vers Hérode. Alors, si on avait lu la suite de l’Evangile ce matin, vous savez bien ce qui se passe : Hérode rentre dans une fureur épouvantable et va faire tuer tous les nouveau-nés pour être certain que Jésus soit dans le lot… ce qui n’arrivera pas car Jésus – saint patron des réfugiés quelque part – Jésus se réfugie en Egypte pour échapper à la mort.

Il se trouve que la myrrhe, troisième cadeau, était le parfum des morts, le parfum qui servait à embaumer les morts… c’est-à-dire à les conserver, pour leur faire passer la mort, pour les rendre victorieux de la mort.

Être victorieux de la mort, c’est bien le troisième mystère de l’Epiphanie en Jésus. Et c’est donc la myrrhe qui le symbolise.

La myrrhe qui est apportée par l’homme à la peau noire, pourquoi ? Parce que la myrrhe provient de l’arbre à myrrhe, un arbre qui pousse précisément en Afrique et en Arabie.

Jésus est Dieu – d’où l’encens. Jésus est Roi, d’où l’or. Jésus est vainqueur de la mort, d’où la myrrhe.

Ça va toujours ?… Vous êtes formidables !

Vous voyez combien cette fête de l’Epiphanie a beaucoup à nous révéler à travers ses symboles tout simples ! Beaucoup plus qu’une fève dans une galette !

Mais ce n’est pas tout !

Car pour terminer, on peut ajouter que ces trois symboles, ces trois cadeaux viennent nous parler dans notre vie d’aujourd’hui ! Sans quoi ça n’aurait qu’un sens historique, ce serait dommage !

Mais la Bible nous parle toujours de l’aujourd’hui de notre vie ! Si on ne la lit pas comme ça, il faut la laisser prendre la poussière sur une étagère, ça n’a aucun sens.

Alors que viennent nous dire ces trois cadeaux dans notre vie, dans notre foi chrétienne d’aujourd’hui ? Eh bien ces trois symboles nous rappellent les trois vertus théologales que nous devons pratiquer non seulement ici dans ces murs mais aussi à l’extérieur ! Les trois vertus théologales, vous connaissez ça par cœur : la Foi, l’Espérance, la Charité.

L’encens, Isaïe, Dieu : c’est la Foi bien sûr. Nous croyons en Dieu. Nous croyons que ce Jésus est Dieu. C’est donc la Foi que ce premier cadeau vient soutenir grâce à la première lecture.

L’Or, le Psaume, les richesses… c’est la Charité bien sûr : les trésors de cette terre n’ont de valeur que s’ils sont partagés. Si on garde tout pour soi… on n’emporte pas ça avec nous. Par contre, si on partage les trésors de cette terre, alors on pratique la charité. Une charité qu’il nous faut pratiquer, pas seulement à Noël !

Enfin, la myrrhe, le parfum des morts, la mort vue comme un passage vers une vie éternelle… eh bien c’est l’Espérance, évidemment ! C’est l’espérance que nous avons de nous retrouver nous aussi auprès de Jésus dans la vie éternelle.

Voilà Chers Amis ! Mais bien sûr, la galette des rois va venir ajouter à nos estomacs déjà un peu fatigués par ces fêtes, vous voudrez vous souvenir de tout cela tout à l’heure et vous allez tout mélanger, je vous connais !

Mais oui ! Déjà à peine sortis sur le parvis vous allez dire : « Alors attends, c’est Gaspard qui est l’Africain ?… non… et puis la myrrhe, qui c’est qui la porte déjà ? ça révélait quoi, l’or ? Je ne me souviens plus… »

Donc vous trouverez tout à l’heure à la sortie un petit feuillet avec tout ce que je viens de vous raconter pour que vous puissiez vous en souvenir, pour que vous puissiez vous rappeler de toute la révélation de l’Epiphanie… et pourquoi pas déguster ce feuillet en même temps que la galette… La galette des… MAGES, donc, puisque le seul roi de l’Epiphanie c’est Jésus.

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Bex, samedi 2 janvier 2021, 18.00

Aigle, dimanche 3 janvier 2021, 10.00 (version enregistrée)

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Feuillet distribué :

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2 Responses

  1. Caroline Cohen Reuver

    Joli, joli!
    Mais il y avait aussi un 4me roi, tout petit, si petit qu’il n’avait pas pu venir adorer Jésus avec les 3 Mages officiels. Trop petit, toujours et partout en retard! Pendant toute sa vie, le petit roi, qui s’appelait Néhum, a suivi Jésus. Mais partout où il arrivait, Jésus venait de partir… Et pourtant, ce petit roi a continué à Le suivre fidèlement.

  2. Seth Baraka

    J’aime bien votre approche avec les noms de ces 3 mages , je suis tellement benis

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