2 manières d’être Roi

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Photo DR : en.wikipedia.org et thehuardian.com

Homélie pour le 34e dimanche TO, année C

2eSamuel 5,1-3 / Psaume 121 / Colossiens 1,12-20 / Luc 23,35-43

Chers Amis,

Avez-vous déjà vu un roi, une reine ? Oh bien sûr nous avons tous en tête le visage de la reine Elisabeth II d’Angleterre par exemple. Bon, elle est assez éloignée des rêves de princesses des petites filles, ce n’est certes pas la Vénus callipyge de Brassens, mais c’est une reine.

J’ai une amie qui est incollable sur les familles royales. Elle est une lectrice assidue de Point de Vue et Images du Monde… Mais son vrai Roi à elle, je le sais, c’est le Christ.

C’est lui que nous fêtons aujourd’hui. Un roi crucifié, comme le redit l’Evangile. C’est incroyable, chers Amis : que diriez-vous si, lors de l’anniversaire de la reine Elisabeth d’Angleterre, on lui passait les images de la princesse Diana sous le tunnel du Pont de l’Alma, des images de souffrance et de mort ? Ce serait choquant, terriblement choquant.

Et pourtant c’est exactement ce que fait la liturgie avec les textes d’aujourd’hui. Au jour où nous célébrons notre roi, on nous sort l’un des textes les plus douloureux de son histoire, sa crucifixion.

Choquant.

Du moins c’est ce que l’on pourrait en comprendre en première lecture. Si nous nous laissions simplement toucher le coeur.

Si l’on essaie maintenant de faire marcher un peu le cerveau – je sais que je vous demande un effort en fin de journée/en ce dimanche matin, mais osons! – et si l’on essaie d’expliquer un peu ces textes, alors vous allez voir combien notre roi est différent des autres rois, combien la croix n’est pas une image de mort ou de souffrance.

Dans la première lecture, le second livre de Samuel, on plantait le décor pour les Hébreux de l’époque, comme je viens de le faire pour vous. « Vous savez ce que c’est qu’un roi ? Mais oui, vous en avez eu un célèbre, le roi David »… Voilà ce qu’on nous rappelle, notamment, dans ce texte.

Et on montre ce que l’on attend d’un roi : « Tu seras le chef d’Israël » disait le texte. Un roi, c’est un chef, dans l’imaginaire populaire.

Et puis vient le psaume, qui nous parle de Jérusalem, le siège de David, la ville royale, autrement dit.

Si on lit ce psaume sans connaître l’hébreu, ce qui est le cas de la plupart d’entre vous j’imagine, on n’y voit rien d’autre qu’une ville royale…

Mais en hébreu, IEROUSHALAYIM – Jérusalem – est un mot qui n’est ni pluriel ni singulier, il est duel. Et ça pose un léger problème…

Le duel, chers amis, existe dans certaines langues mais pas en français. C’est un juste milieu entre le singulier et le pluriel. Le duel ça veut dire qu’il y a deux éléments, ni plus ni moins. En hébreu ce n’est pas encore du pluriel. Les mains, par exemple, sont deux, ni plus ni moins. Ce serait exprimé au duel dans la langue de Jésus.

Et Jérusalem, dans son nom même, indique un double. Comme s’il y avait DEUX Jérusalem.

Et donc deux sièges, deux trônes… deux rois.

Et peut-être bien deux manières d’être roi.

Et comme au verset suivant du psaume on nous dit « Jérusalem, ville où tout ensemble ne fait qu’un », c’est étonnant.

Une ville où les deux ne font qu’un. Où une même notion, celle de royauté, peut avoir deux manières bien différentes d’être exercée.

Celle de David, le brillant chef exerçant son pouvoir et se faisant craindre au sens que nous donnons à ce verbe : on avait peur de lui.

Et puis celle de Jésus, exerçant l’amour et le service, et se faisant craindre aussi, vous aviez le mot dans l’Evangile, mais la crainte au sens biblique c’est le respect. Ça change tout.

Entre ces deux textes, la lettre de Paul aux Colossiens. Qui renverse tout. Souvenez-vous, dans la première lecture on était de la race de David par notre sang. « Nous sommes du même sang que toi » lui disaient les tribus d’Israël. Si vous êtes du sang des Windsor, vous risquez bien un jour d’hériter d’une fonction royale.

Mais ensuite Paul, puis l’Evangile, nous disent que c’est par son sang versé que le Christ nous a rendus héritiers de son Royaume. Nous n’étions pas du même sang que lui, et il a versé ce sang pour nous. Pour qu’aujourd’hui, comme le bandit côtoyant Jésus sur le Golgotha, nous soyons dans son Royaume.

Pour être héritier, il n’est donc pas nécessaire d’être forcément Saviésan, ou forcément de sang royal. Il suffit de prendre conscience que le sang du roi a été versé pour nous. Grâce à Jésus, nous sommes devenus des héritiers d’un Royaume d’Amour, et de non de pouvoir.

En Eglise, on ferait bien de s’en souvenir, que le seul pouvoir c’est l’Amour, autant que nos dirigeants – surtout ceux qui s’étiquettent comme chrétiens – devraient s’en souvenir eux aussi. En Eglise comme en juste exercice de la chose publique, le vrai pouvoir est celui du service, celui qui s’efface devant le besoin d’autrui, celui qui pratique la charité, celui qui veille à la justice, celui qui construit véritablement la cité de Dieu, en édifiant la cité humaine, en cessant de critiquer l’autre mais en cherchant à l’aimer.

Celui qui sait dire PARDON

Sur internet ce matin, je suis tombé sur une image qui présentait les 5 mots les plus difficiles à prononcer. Il y avait Prestidigitateur, Inéligibilité, Phénylalanine, Désoxyribonucléique… mais le plus difficile, accrochez-vous, c’est le mot… PARDON.

Il nous arrache les lèvres, celui-là, des fois. Quand on n’est pas traité de faible lorsqu’on le prononce !

Un Royaume d’Amour, de Pardon, de Paix. Voilà le royaume selon Jésus-Christ, chers Amis ! Voilà comment notre Roi à nous, sur le trône de sa croix, exerce une nouvelle forme de pouvoir.

C’est assez loin de la gloire dorée du papier glacé de nos magazines. C’est assez loin des célébrités de nos écrans de télévision. C’est assez loin des dictats de certains dirigeants. C’est la Bible, tout simplement.

Mon amie lectrice de Point de Vue et Images du Monde avait tout compris lorsqu’elle m’a dit un jour que le Christ, c’était le seul vrai Roi.

Construisons donc ce Royaume-là, avec cette seconde manière d’être des rois et des reines, des héritiers de tout l’Amour qu’Il nous a laissés.

Cela commence dans nos familles, dans nos villages, dans nos communes. Des lieux où nous devons nous aimer les uns les autres.

Et cela commence dans nos coeurs, aussi, bien loin de la raison de nos cerveaux qui s’extasie plus facilement sur la gloire du monde, rationnelle, là où le coeur vénère l’Amour d’un crucifié, totalement irrationnel…

Demandons à Dieu de toucher nos coeurs et nos cerveaux, pour qu’à deux ils ne fassent plus qu’un, pour que la folie de la croix devienne la réalité d’Amour de nos vies.

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Chermignon d’en Haut, sam. 23 novembre, 18.30

Lens, dimanche 24 novembre, 9.30

Montana Village, dimanche 24 novembre, 11.00

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