Accueillir avec Simplicité

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Homélie pour le 4e dimanche de l’Avent C

 

Michée 5,1-4a  /  Psaume 79  /  Hébreux 10,5-10 / Luc 1,39-45

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Imaginez ce qui se passerait si on nous annonçait, avec certitude, le retour du Messie pour la semaine prochaine…

 

Alors bien sûr, c’est ce que nous dit la liturgie. Mais je vous parle du retour du Messie, son retour à la fin des temps, le retour du Christ en chair et en os… Que se passerait-il si on nous l’annonçait avec certitude pour la semaine prochaine ?

 

On aurait certainement toute une série de rencontres au sommet, vous savez les grands de ce monde, qui essaieraient de préparer cet événement, et en même temps de tirer un peu la couverture à eux.

 

On assisterait à des rencontres improbables : le président Trump rencontrerait à nouveau son homologue nord-coréen, ou plus incroyable le président européen se déciderait enfin à découvrir qu’il existe un pays qui s’appelle la Suisse, et à venir nous rencontrer…

 

Ou plus improbable encore, le chef de Daesh rencontrerait le pape François, pour faire la paix.

 

Ou alors, soyons fous : le président Macron recevrait un gilet jaune à l’Elysée, oui !

 

Ou alors, la rencontre miraculeuse : les présidents des sociétés touristiques de la vallée se mettraient enfin autour d’une même table pour préparer la saison d’hiver, tous !

 

Bon, ça ce serait un miracle, d’accord.

 

Mais on assisterait certainement à des rencontres assez incroyables, et le premier souci de ces messieurs-dames serait sans doute de savoir OÙ recevoir Jésus.

 

On préparerait le meilleur des hôtels – un palais présidentiel ou un palace 5 étoiles – pour accueillir le Messie !

 

On se prendrait la tête pour savoir s’il aime plutôt dormir à la nordique ou dans des draps de soie ! On palabrerait à n’en plus finir sur le menu de son petit déjeuner, continental ou non !

 

On se demanderait qui a le droit d’être dans la chambre d’à côté, qui seront ses gardes du corps! Et on rapatrierait très certainement quelques gardes suisses du Vatican.

 

Ce serait une bataille à n’en plus finir entre les différents « grands » de ce monde, pour savoir qui fera un discours ce jour-là !

 

Et puis, après des semaines de palabre, on parviendrait enfin à un protocole bien établi pour cette rencontre au sommet. On saurait qui aura le droit de recevoir le Messie, on sait où il va dormir, on sait comment il va dormir, ce qu’il va manger, qui va prendre la parole et dans quel ordre.

 

On s’est même bien pris la tête pour rédiger les traditionnelles adresses des discours… Pas les adresses postales, hein ! Les adresses de discours, vous savez : « Madame la Présidente, Monsieur le Conseiller d’Etat, Mesdames et Messieurs les invités d’honneur, Mesdames et Messieurs les invités en second, Mesdames et Messieurs les invités dont je ne sais pas comment ils s’appellent mais j’en parle quand même pour faire bien… «

 

Imaginez ce que ça donnerait avec Dieu, ça !

 

Bref, on y est parvenu, on a tout verrouillé, tout est sous contrôle, et là, à la fin de la toute dernière réunion organisationnelle… il y a quelqu’un qui lève timidement la main, et qui dit :

 

–   Mais… excusez-moi mais… vous avez conscience de qui on reçoit ? Vous vous souvenez où il est né ? Et vous croyez vraiment que c’était dans un palace 5 étoiles ? Vous vous rappelez, avant sa naissance, de la rencontre au sommet entre Marie et d’Elisabeth, sa cousine ? Vous croyez qu’elles se sont pris la tête pareillement en prévision de cette naissance et de cette rencontre ? …‘Croyez pas qu’on devrait simplifier un peu… ?

 

Eh oui, chers Amis. On est en présence d’une rencontre au sommet dans l’Evangile de ce soir. Cette fameuse rencontre entre Marie et sa cousine Elisabeth. Et à travers elles la rencontre entre Jésus et Jean-Baptiste.

 

Et alors étonnement, il n’y a pas de petits fours, il n’y a pas de cocktail dînatoire, il n’y a pas de grands discours, il n’y a pas de président, d’adjoint du président, de secrétaire du président, d’adjoint du secrétaire, de sous-secrétaire de l’adjoint… Il n’y a pas d’attaché de presse… Il n’y a pas de presse du tout, d’ailleurs, pas de médias, pas de photographes… Le bonheur !

 

Il n’y a pas de tapis rouge. Il n’y a pas de voiture officielle à petits drapeaux…

 

Il y a juste deux femmes.

 

… Il y a juste deux femmes…

 

Deux cousines. Deux futures Mamans qui se saluent.

 

Juste deux petits êtres, à l’intérieur de ces deux femmes, qui se reconnaissent et qui tressaillent dans les ventres de leurs Mamans, comme pour se dire bonjour, eux aussi.

 

Il y a juste une pauvre maison, tout là-bas.

 

Très très loin des salons présidentiels, des moquettes feutrées, des palais des gouvernements et des hôtels 5 étoiles.

 

Il y a juste une simple demeure. Pauvrement apprêtée. Il n’y a pas de guirlandes lumineuses clignotantes à n’en plus finir tout autour de la maison, il y a juste une étoile…

 

Il y a juste une étoile. Une seule.

 

Parce que notre Dieu a voulu nous faire comprendre cela. Sa demeure, ce n’est pas le Temple, les sacrifices, l’encens, l’or, les rituels compliqués de l’ancienne Alliance. C’est la 2e lecture qui nous rappelait ça. Dieu, ce n’est pas cela. Sa demeure, ce n’est pas cela. C’est très loin, même, de tout cela.

 

Sa demeure, c’est une femme.

 

Sa demeure, c’est une femme ! Une Maman. Une demeure par laquelle nous sommes tous passés, chers Amis. Notre première demeure, c’était une femme. A moins qu’il y ait un bébé-éprouvette parmi vous mais je ne crois pas.

 

Notre première demeure à tous, c’était le ventre d’une femme. Et cette demeure-là, nous l’avons tous habitée.

 

Alors que je ne sais pas vous, mais moi je n’ai jamais habité de palais présidentiel ou d’hôtel 5 étoiles.

 

Mais un ventre de Maman, oui. Neuf mois, comme la plupart d’entre vous.

 

Notre Dieu a voulu se faire l’un de nous pleinement. Complètement. Et simplement. Il a voulu nous rejoindre dans la paix de notre première demeure, le ventre maternel.

 

Et le prophète Michée, dans la première lecture, annonçait, d’ailleurs, un Dieu de paix. Nous étions en paix dans notre première demeure.

 

Notre Dieu est venu habiter les lieux les plus simples, les gens les plus simples, pour nous montrer que Dieu, c’est tout simple.

 

C’est pas tout ce qu’on a cru pendant si longtemps, c’est juste un enfant.

 

Alors pendant les quelques heures qui nous séparent de Noël, chers Amis, demandons à Dieu la grâce de la simplicité.

 

Demandons-lui de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, pas seulement matériellement mais dans nos cœurs.

 

Demandons-lui d’éloigner de nous toutes nos prises de têtes, aussi. Notamment à l’approche de ces fameux repas de famille.

 

Faisons simple.

 

Ainsi nous pourrons l’accueillir dans la paix de nos cœurs, bien au chaud, comme il fut bien au chaud dans le ventre de sa Maman.

 

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Evolène, dimanche 23 décembre 2018, 10.30

Euseigne, dimanche 23 décembre 2018, 18.00 (version enregistrée)

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