Aime-toi toi-même… comme tu aimes ton prochain

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Homélie pour le 30e dimanche TO, année A

Exode 22,20-26 / Psaume 17 / 1Thessaloniciens 1,5c-10 / Matthieu 22, 34-40

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Il vous est sûrement déjà arrivé de demander à l’un de vos proches ou à l’un de vos amis quel est son film préféré, ou son livre préféré, ou sa série préférée si on veut être plus actuel encore, bref… de lui demander ce qu’il ou ce qu’elle préfère dans une liste d’éléments.

Et très souvent quand on pense cette question, après un « Pfff, alors là, tu me prends au dépourvu… » on vous donne DEUX réponses.

–      Non mais je t’ai demandé TON film préféré…

–      Oui mais je n’arrive pas à choisir entre ces deux-là…

Et quand il y en a encore deux, vous avez bien de la chance… Parfois on n’arrive pas à choisir entre trois, quatre, cinq, dix…

C’est exactement comme cela que répond Jésus dans notre Evangile d’aujourd’hui.

Alors là, vous êtes en train de vous dire : « Il ne m’a pas semblé qu’on parlait de cinéma dans l’Evangile… » Bien sûr que non !

Mais le docteur de la Loi veut prendre Jésus au piège en lui demandant non pas quel est son livre ou son film préféré mais quel est le commandement le plus important pour lui. Son commandement préféré.

Des commandements, dans l’Ancien Testament, il n’y en a pas dix, comme on le croit trop souvent, il y en a 613 !

Il y en a 613, ou plus exactement il y a 248 commandements et 365 interdictions, une par jour de l’année. Ça rigolait pas, à l’époque, hein !

Et ces 613 commandements et interdictions sont tous plus importants les uns que les autres !

Donc Jésus a le choix !

Le Docteur veut le prendre au piège : « Quel est le plus grand commandements ? »

Et Jésus répond en donnant DEUX commandements. Il ne peut pas choisir, lui non plus. Le premier, vous l’avez entendu :

–      Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit.

…C’est-à-dire de tout ton être ! Tu aimeras le Seigneur plus que tout !

Ça, c’est effectivement l’un des grands commandements, on le trouve au livre du Deutéronome.

Mais Jésus continue en disant :

–      Et voici le second qui lui est semblable…

C’est-à-dire qu’on le pose sur la même marche d’escalier. Ce n’est pas parce que c’est le second, il lui est semblable, il a la même importance.

Et le second, c’est :

–      Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Alors « aimer notre prochain », en général, on sait ce que cela signifie. Si l’on porte des masques, ce n’est pas seulement pour nous protéger nous-mêmes, c’est d’abord et avant tout pour aimer notre prochain, pour le protéger lui ou elle.

Et puis vu le nombre de sollicitations de toutes sortes qu’on reçoit jour après jour dans la boîte aux lettres, ou à l’entrée de l’église, on sait assez bien ce que signifie « essayer d’aimer notre prochain ». Et c’est bien, il faut le faire.

Il faut donner, à la mesure de ce que l’on a, bien sûr.

Mais on oublie trop souvent la deuxième partie de la phrase : « tu aimeras ton prochain COMME TOI-MÊME »…

Est-ce que je m’aime moi-même ?

Bon, attention, j’entends immédiatement l’objection dans nos esprits : il ne s’agit pas de tomber dans le narcissisme, de se planter devant le miroir le matin et de dire : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi si je suis toujours la plus belle ou le plus beau ! »

Me concernant, le miroir va se casser en mille morceaux, si je fais ça, hein !

Non, ce n’est pas ça.

Mais attention à ne pas tomber dans l’extrême inverse : se dénigrer systématiquement, se rabaisser soi-même systématiquement.

–      Quel idiot je fais ! disait un de mes proches encore tout récemment, après une petite bêtise (il avait renversé un verre). Quel idiot je fais !

Ça, c’est typiquement se dénigrer. « Qu’est-ce que je suis nul ! » « Quel imbécile je suis ! »… et je vous passe les gros mots qu’on se sert habituellement aussi dans ce genre de circonstances…

On est assez forts pour ça !

Ça commence ainsi par de petites choses – se traiter de « nul » quand on renverse un verre – mais peu à peu, en nous servant ces insultes (car c’en est !) en nous servant ces insultes à nous-mêmes, c’est ainsi que nous risquons de traiter notre prochain.

Aime ton prochain COMME TOI-MÊME. Si toi, tu t’insultes alors que tu renverses un verre, c’est bien ce que tu risques de faire avec ton prochain. Voilà, je crois, ce qu’essaie de nous enseigner Jésus à travers ce grand commandement.

Aime ton prochain COMME TOI-MÊME, cela veut dire aussi : sois bienveillant aussi envers toi-même… et même d’abord envers toi-même…

Quand je vois des personnes ultra-généreuses – médiatiques ou non – envers des associations de toutes sortes, qui n’hésitent jamais à donner ni de leur temps ni de leur argent, je me dis que c’est magnifique, bien sûr !

Mais on en connaît certaines d’entre elles qui, dans le même temps, se dénigrent complètement elles-mêmes, ne prennent aucun soin de leur corps ou de leur santé.

Ça n’est pas ce que nous demande Jésus, hein !

Aimer notre prochain, ça ne veut pas dire se négliger soi-même. Non ! Aime ton prochain COMME TOI-MÊME.

Fais autant attention à toi-même que tu fais attention à ton prochain. Ne lui fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, mais fais-toi à toi-même ce que tu fais de bien aussi pour ton prochain. On fond, on devrait renverser la phrase pour mieux la comprendre : « Aime-toi toi-même comme tu aimes ton prochain. »

Car prendre soin de soi, c’est soigner le temple de l’Esprit Saint, je vous le rappelle au passage ! Nous sommes le temple de l’Esprit Saint, il habite en nous. D’accord, il ne faut pas tomber dans le narcissisme, mais il faut se souvenir que Dieu habite en nous et prendre soin de cette maison-là.

Et si nous voulons obéir au premier des plus grands commandements – aime le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton ESPRIT – autant soigner la maison de l’Esprit qu’est notre cœur, qu’est notre âme, qu’est notre corps.

Les anciens étaient persuadés – et notre première lecture le disait très bien – que Dieu punirait celui qui ne prendrait pas soin des plus faibles, des plus petits.

Mais la sentence de Jésus est beaucoup plus fine : c’est toi-même qui te punis, si tu n’aimes pas ton prochain. Aime ton prochain comme toi-même !

Et aimer son prochain, c’est aussi savoir reconnaître en lui tout ce qu’il a de beau, de bien avant de vouloir lui reprocher le petit détail qui ne nous revient pas.

C’est un très bel exercice que je vous propose pour terminer, et que nous offrait Paul dans la deuxième lecture.

Vous avez remarqué, il s’adresse aux Thessaloniciens, et il commence par leur dire toutes leurs qualités, tout ce qu’ils ont de beau, de bon.

Eh bien la prochaine fois – et ce sera peut-être aujourd’hui, tout à l’heure sur le parvis ou à la table familiale – la prochaine fois que nous avons un reproche à faire à quelqu’un, dressons d’abord dans notre tête la liste de toutes ses qualités, à cette personne. Vous verrez, ça va nous passer l’envie de la critiquer.

Et pour faire droit au deuxième commandement, faisons exactement la même chose avec nous, Chers Amis ! La prochaine fois qu’on renverse un verre et qu’on a envie de dire « quel imbécile je fais ! », stoppons nos lèvres et dressons la liste des qualités que Dieu a mises en nous.

Ah c’est un exercice difficile, hein ! faire la liste de nos défauts, on sait assez le faire. Mais dressons une fois la liste des qualités, des charismes, des dons que Dieu a mis en nous. Ça va nous passer l’envie de nous critiquer nous-mêmes, vous verrez.

Et du coup, non seulement on aura aimé notre prochain comme nous-mêmes, et nous-mêmes comme notre prochain, mais en plus, en remerciant Dieu pour toutes ces qualités, nous l’aimerons de tout notre cœur, de toute notre âme, et de tout notre esprit. Essayez, vous verrez, ça change la vie !

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Bex, samedi 24 octobre 2020, 17.00

Aigle, dimanche 25 octobre 2020, 10.00 (version enregistrée)

Radio R, dimanche 25 octobre 2020, 9.00

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