Brétigny et les Samaritains

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Photo DR : lci.tf1.fr

Homélie pour le 15e dimanche ordinaire, C

Deutéronome 30, 10-14 / Psaume 18(19) / Colossiens 1, 15-20 / Luc 10, 25-37

Chers Amis,

Vous lisez les journaux comme moi, vous êtes au courant du grave accident de chemin de fer en France, tout près de Paris, à Bretigny sur Orge. Un aiguillage défectueux, et voilà des morts et de nombreux blessés.

Ce qui m’a donné la nausée en découvrant les informations relatives à la catastrophe, c’est un entrefilet, comme passant inaperçu dans l’article du Nouvelliste : les secouristes ont été caillassés par des jeunes à leur arrivée.

Et ce que ne vous disait pas le Nouvelliste, parce que l’info est sortie trop tard vendredi soir, c’est que ces jeunes étaient en train de détrousser les morts et les blessés. De leur piquer leurs téléphones portables et leur argent, mais oui. Pas au Far West, non, en France. Vous me direz, notre pauvre voisin n’a plus beaucoup de différence avec le Far West, sinon qu’au Far West, les shérifs avaient encore de l’honneur et le sens de la famille, mais bref.

En lisant cette information sur le site internet d’un grand journal français samedi matin, j’ai vraiment eu la nausée. Piller des morts dont la paix est sacrée, voler des blessés, caillasser les secouristes qui venaient leur prodiguer les premiers soins… Quelle étrange anesthésie des sentiments humains les plus élémentaires à l’égard de notre PROCHAIN !

Et puis j’ai relu l’Evangile d’aujourd’hui… Qui est mon prochain ? Voilà la question que pose le docteur de la Loi à Jésus.

Et Jésus de lui raconter la fameuse parabole du bon samaritain. Qui nous arrive toujours un peu faussée à l’oreille.

Pour nous, un Samaritain, C’EST par définition quelqu’un qui doit s’occuper de ce malheureux blessé dépouillé et cogné par des bandits, dont on nous parle dans l’Evangile. Ces mêmes samaritains qui ont été caillassés par de jeunes voyous à Paris, hier.

Mais si vous avez bien entendu l’évangile, je n’ai pas dit un « Samaritain » comme la plupart de vos Bibles traduisent, mais bien un « homme de Samarie ».

Car ce n’est rien d’autre que cela.

Les Samaritains que nous connaissons, sauveteurs, ont pris ce nom d’après cet évangile.

Mais au départ, et dans ce texte, un Samaritain n’est rien d’autre qu’un homme de Samarie, comme un Sédunois est un habitant de Sion.

Cet homme passe, comme voyageur, sur la route où gît le malheureux blessé. Ce n’est pas son métier de s’occuper de lui. Pourtant il va lui administrer les premier secours, le charger sur sa propre monture, l’emmener dans une auberge et prendre soin de lui, puis l’aider encore financièrement.

De nombreux inconnus se sont portés au secours des malheureux du train parisien d’hier. Ce faisant ils ont repris le geste de l’homme de Samarie.

Ils se sont fait Samaritains, eux aussi.

Qui est notre prochain ? Pas forcément celui que les journées bien réglées de nos métiers nous envoie, mais bien celui que l’IMPREVU met sur notre chemin. Le hasard avec un grand « D »

J’ai honte de rappeler qu’avant l’homme de Samarie, deux prêtres sont passé sur ce chemin, ont vu le blessé et ne se sont pas arrêté. Là aussi le texte est déformé à notre oreille. Si vous avez bien écouté vous avez certainement envie de me corriger : « Mais non, pensez-vous, il n’y avait qu’un prêtre, et puis un autre voyageur, un lévite. »

Oui mais aux oreilles hébraïques, cette parabole de Jésus sonnait de façon bien plus scandaleuse car les lévites sont… les SERVITEURS de la communauté. Ils sont au service de leur prochain.

Il y a donc DEUX de mes semblables qui sont passé près de cet homme sans s’arrêter et en le laissant pour mort. Et même en changeant de trottoir puisque le texte précise dans les deux cas qu’ils passèrent de l’autre côté.

Une expression qui souligne par la même occasion que les deux hommes de Dieu sont passés de l’autre côté du bien et du mal. Du côté obscur de la force, comme on dit dans un célèbre film. Du côté obscur de la force… du même côté que ces jeunes de Brétigny.

Certains de vos jeunes sont peut-être en camp cet été, ou vont y partir. Pour ma part je reviens d’un camp biblique et je pars avec nos jeunes pour la MarchAdos, tôt lundi matin. Par ailleurs je suis, ce week-end, avec l’équipe de préparation d’un autre camp marche, le camp vocation marche en montagne qui emmènera plusieurs jeunes dans deux semaines du côté de Saas-Fee. Pourquoi je vous dis cela ? Parce que le thème des camps voc et de la MarcheAdos, cette année, c’est Moïse.

Moïse que l’on retrouvait dans notre première lecture, le livre du Deutéronome, et qui nous rappelait d’écouter la Loi du Seigneur.

Cette Loi qui est parfaite, disait le Psaume.

Cette Loi qui, comme toute chose, trouve son accomplissement dans le Christ, disait Paul aux Colossiens, dans la seconde lecture.

Cette Loi qui est toute simple, disait Moïse. « Elle est tout près de toi, cette parole, elle est dans ta bouche et dans ton coeur afin que tu la mettes en pratique. »

Et quelle est cette Loi si simple, si proche de nous ?

Aime Dieu de tout coeur, et aime ton prochain comme toi-même, nous disait Jésus dans l’Evangile.

AIME ton prochain, bon sang, c’est quand même pas compliqué ! Il n’a pas dit VOLE ton prochain, surtout quand il est mort comme ça tu ne risques rien ! Il n’a pas dit CAILLASSE ton prochain, notamment le secouriste qui vient ramasser les blessés !

AIME ton prochain… Y en a certains à qui on n’a pas assez enfoncé ça dans le crâne… peut-être qu’il faudrait essayer avec les pierres qu’ils lancent sur les autres, allez savoir, ça marcherait peut-être.

AIME TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME… c’est pourtant tout simple.

Pas besoin d’être secouriste diplômé, d’ailleurs… Aime ton prochain… Souris à ton prochain,… avez-vous souri à votre voisin, dans cette église ? Aime ton prochain… salue-le quand tu le croises dans la rue. Aide-le à porter un sac. Indique-lui le chemin qu’il cherche. Réponds-lui avec gentillesse au téléphone. Même si c’est pour une enquête et que c’est la 50e fois qu’il t’appelle, c’est pas un boulot facile pour lui non plus.

Aime ton prochain…

Demandons à Dieu de nous ouvrir les yeux sur nos prochains, de nous aider à les aimer, de nous aider à être nous-mêmes de bons prochains.

Amen.

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Flanthey, samedi 13 juillet 2013, 17.00

Corin, dimanche 14 juillet 2013, 9.00

St Maurice de Laques, 14 juillet 2013, 10.30

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  1. maman

    et si nous étions tous des bons samaritains!!!!!!! comme le monde serait beau

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