Camille redouble

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Film français de Noémie Lvovsky (sortie : 12 septembre 2012)

Avec Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, Yolande Moreau, Denis Podalydès

Cannes 2012 : sélection de la quinzaine des réalisateurs

Dans un genre pourtant largement exploré, « Camille redouble » est un petit miracle façon étoile filante. 120 minutes d’émerveillement, de rire, de plongée dans un autre monde et, pour ceux de ma génération, dans le monde de nos 15 ans.

Camille, au début du film, a la quarantaine. Une fille qui tente de freiner la consommation d’alcool de sa mère, des amies qui l’y pousseraient plutôt, et un divorce en route. Mais voilà, un soir de réveillon, Camille s’évanouit et se réveille… en 1985, à l’âge de seize ans, chez ses parents qu’elle sait morts depuis.

Côté « Retour vers le Futur », on aurait pu craindre que soient alors exploités tous les clichés des années 80, ou ceux du retour dans le temps. C’est loin d’être le cas. Les clins-d’oeil présents font beaucoup rire, la plongée dans le monde des ados sonne particulièrement juste, mais il y a surtout tout le reste.

Car « Camille redouble » est avant tout une méditation sur le temps et l’amour/fidélité, le tout symbolisé par une montre et une alliance qui jouent un rôle plus important qu’on ne peut le croire au départ.

Camille s’aperçoit en effet assez rapidement – comme dans d’autres opus sur le voyage dans le temps – qu’elle ne peut rien changer de son passé. Lorsqu’elle tente d’en infléchir le cours, ce dernier la rattrape inexorablement. Avec, en fond, comme un implacable couperet, la mort de sa mère qu’elle sait inéluctable.

Mais si on ne peut pas changer le passé, on peut voir l’avenir différemment. Et le temps passé en 1985 est une leçon pour Camille. Le changement de regard est présent dans plusieurs personnages, dont l’une des meilleures amies qui devient aveugle n’est pas la moins intéressante. Placée dans la bouche du personnage qui représente le pivot de ce changement, la célèbre prière de la sérénité : « Donnez-moi le courage d’accepter ce qui ne peut être changé, de changer ce qui peut l’être, et surtout la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »

Chrétiennement, je retiens – outre cette prière et tout ce qu’elle engendre – la très intéressante réflexion, poursuivie tout au long du film, sur la valeur du mariage, sur l’Amour qu’on ne peut influencer à sa guise – puisqu’il vient de plus Grand que nous – sur la fidélité en Amour tout comme en Amitié

La morale de cette histoire est magnifique et pourrait se résumer ainsi, dans mon regard : « Tu veux casser ton mariage ? Et si tu pouvais revenir au moment où tu as rencontré cette personne, que ferais-tu ? Tu essaierais d’abord de fuir, avant de t’apercevoir que tu ne le peux pas. C’est donc ton regard sur l’autre, sur celui qui partage ta vie, que tu dois changer. »

Et ceci est symbolisé par une photo qui traverse, elle aussi, le film, et qui change le regard de Camille et de son mari, l’un sur l’autre et chacun sur leur histoire commune.

La fin évite aussi – et c’est à relever – le discours moralisateur car on ne sait rien, au final, de ce que Camille décidera. Comme on ne sait d’ailleurs pas ce qui la poussait à vouloir se séparer de son mari.

Tout à fait remarquable. En plus d’être parfaitement bien interprété et filmé… si l’on excepte la neige de la dernière scène faite par des accessoiristes qui, manifestement, ne se sont jamais retrouvés dans nos montagnes…

A voir !

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2 Responses

    • Ab20100

      Ça, ça fait plaisir ! Si mes petits commentaires peuvent servir à ce que l’on aille davantage au cinéma, je suis heureux !

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