Chamois ou Suzukis…

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Photo DR : www.provins.ch
 

Homélie pour le 26e dimanche TO, année A

Ezéchiel 18,25-28 / Psaume 24 / Philippiens 2,1-11 /Matthieu 21,28-32

Chers Amis,

Imaginons quelques instants que vous demandiez à quelqu’un de vous faire un travail que vous ne pouvez pas faire seul. Vendanger par exemple.

Prudent, l’ami débordé vous dit non.

Et, bonne surprise, il fait tout de même le travail que vous lui avez demandé, il vient aux vendanges ! Vous êtes contents j’imagine ?

NON ???

Ah, si, vous êtes contents ! Et il y a de quoi !

Sauf s’il vient en moto, vous savez pourquoi ? Parce que les Suzuki, dans les vignes, on les aime pas tant, ces jours…

Imaginez maintenant l’inverse. La personne vous promet qu’elle va faire ce que vous lui avez demandé, vous avez pleine confiance, et finalement elle vient vous trouver le lendemain en vous disant qu’elle n’a rien fait, ou alors qu’elle a fait tout autre chose que ce que vous lui avez demandé. Qu’elle est allée chasser au lieu de vendanger, par exemple.

Regarde, je t’apporte un beau chamois c’est sympa, non ?

Oui c’est beau mais ce n’est pas ce dont j’avais besoin !

Déception, non ? Ça m’est arrivé encore tout récemment.

C’est contre ces personnes-là que parle Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui. Ceux qui disent « oui,oui » par devant et finalement ne font pas ensuite. Ou font tout autre chose. Jésus est assez dur avec eux : « Les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu » leur dit-il.

Evidemment, ce n’est pas parce qu’elles sont prostituées. Mais c’est parce que, elles, à l’époque de Jésus, elles ont bien sûr commencé par pécher mais elles se sont repenties, elles ont changé leur regard, elles ont reconnu le Messie en Jésus, leur Sauveur.

Ce que nous dit Jésus c’est qu’il est toujours possible de se convertir, même après les plus grosses erreurs. Même après avoir fait tout le contraire de ce que l’on nous avait demandé. Même après avoir préféré un chamois aux vendanges…

C’est exactement ce que disait Ezéchiel dans la première lecture : « si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie.« 

Et juste avant, Ezéchiel nous rappelle une phrase que nous devons nous ancrer profondément dans le crâne, parce que très souvent on n’en est pas bien persuadés : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, jamais. Il souhaite qu’il reconnaisse son erreur. Dieu souhaite sauver TOUS les hommes. Pas seulement ceux qui sont là ce matin dans cette église. Tous les autres aussi.

Jésus essaie de le faire comprendre aux docteurs de la Loi, arrogants, qui sont aveuglés par leur suffisance et qui n’écoutent même plus les demandes des autres, persuadés d’être les meilleurs.

Ils ne comprennent pas. Et ils n’ont pas, contrairement à nous, l’Apôtre Paul pour leur ouvrir les yeux.

Paul qui, dans la deuxième lecture, nous invite à l’humilité, le fil rouge de toutes nos lectures aujourd’hui. Paul qui nous invite à changer notre regard sur les autres. « Ne soyez jamais intrigants ni vantards » dit Paul. « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. » Peut-être même D’ABORD des autres, on peut rêver…

C’est ainsi qu’après avoir d’abord refusé quelque chose, on peut retourner vers notre prochain – c’est le sens du mot « convertir » en hébreu, vous le savez peut-être : se retourner – et lui rendre tout de même le service qu’il attendait. Et pareil pour le Seigneur : on peut toujours retourner travailler à sa vigne.

C’est à un retournement, à une conversion du cœur que nous sommes invités, chers Amis.

Car ne nous faisons aucune illusion: nous sommes plus souvent docteurs de la loi que prostituées repenties, nous sommes plus souvent à donner des leçons aux autres qu’à revenir vers Dieu avec humilité. Et nous les prêtres les premiers !

Nous sommes plus souvent la mouche Suzuki qui divise la vigne du Seigneur que le vigneron qui fédère ses vendangeurs pour que le meilleur vin réjouisse la communauté !

Changeons de regard, changeons nos cœurs, retournons-nous vers Dieu, convertissons-nous, nous qui allions faire l’inverse de ce que l’on nous demandait, travaillons ensemble au Royaume de Dieu, construisons ensemble un monde où l’on sera plus préoccupé des besoins de notre prochain plutôt que de notre porte-monnaie ou de notre fierté de docteur de la loi.

L’Amour de Dieu est infini, chers Amis, et quelles que soient nos erreurs, il est toujours possible de revenir vers notre ami et de lui dire:

Tu vois, je reviens vers toi comme je reviens vers Dieu. J’avais dit « non » dans mon coeur, mais je suis là. Ensemble, allons vendanger, et trinquons à la santé du Royaume de Dieu !

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Vex, samedi 27 septembre 2014, 19.00

Evolène, dimanche 28 septembre 2014, 9.00

Hérémence, dimanche 28 septembre 2014, 10.30

 

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2 Responses

  1. Monique Vuignier

    Certes, mais une chose m’inquiète: sommes-nous toujours conscients d’être méchants? Il est possible que nous le soyons sans y songer, comme par le passé ceux qui trouvaient normal que l’on massacre les indigènes impies des colonies, ou comme ceux qui allumaient des bûchers. Est-ce qu’une faute ignorée est pardonnable? Ou alors nous sera-t-il reproché d’avoir accepté des horreurs dont nous n’avons pas forcément conscience?

    • Vincent Lafargue

      Eh oui Monique ! D’où mon interpellation dans ce texte : « Ne nous faisons aucune illusion… »

      Merci de votre commentaire !

      Abbé Vincent

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