Chasseur ou Vendangeur ?

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Photo sous licence Creative Common de Flickr : vendanges

 

Homélie pour le 26e dimanche TO, année A

Ezékiel 18,25-28 / Psaume 24 / Philippiens 2,1-11 / Matthieu 21,28-32

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Imaginons quelques instants que vous demandiez à quelqu’un de vous faire un travail pour vous, de vous aider dans un travail que vous ne pouvez pas faire tout seul. Vendanger par exemple. C’est de saison, n’est-ce pas ? malgré la neige de ce soir.

Prudent, cet ami à qui vous avez demandé de l’aide pour les jours à venir, prudent cet ami vous dit non. Il est trop débordé, il n’arrivera pas à être présent pour vous aider.

Le jour des vendanges arrive, vous voyez arriver toutes les autres personnes auxquelles vous avez demandé de l’aide, et, bonne surprise, vous voyez aussi arriver cet ami, qui vous avait pourtant dit : « Je n’y arriverai pas. » Il vient vous aider alors qu’il avait dit « non » d’abord.

Voilà une raison de se réjouir, n’est-ce pas ?

Imaginez maintenant l’inverse. La personne vous promet qu’elle va venir, que vous pouvez lui faire confiance, qu’elle va faire ce que vous lui avez demandé…

« Pas de souci, je serai là, tu peux compter sur moi ! » vous dit-elle. Vous avez pleine confiance.

Mais le jour en question, vous ne voyez pas arriver cette personne, et finalement elle vient vous trouver quelques jours plus tard, un grand sourire aux lèvres, en vous disant : « Oh, finalement, je suis allé à la chasse ! » – c’est d’actualité aussi ! – « J’ai ramené un beau chamois ! »

Et vous de lui dire : « Ben… oui c’est sympa – si on aime la chasse – mais enfin moi c’est de l’aide aux vendanges dont j’avais besoin ! Et tu m’as manqué ce jour-là. »

Déception…

On aurait presque préféré qu’il nous dise « non » dès le début, finalement.

Et c’est un peu de ces personnes-là dont parle Jésus dans l’Evangile de ce soir. Ceux qui disent « oui, oui » par devant et qui, finalement, ne font pas, ensuite, ce qu’on leur avait demandé. Ou qui font tout autre chose.

Jésus est assez vache avec eux, vous l’avez entendu : « Les prostituées vous précèdent dans le Royaume des Cieux » leur dit-il.

Evidemment, ce n’est pas parce qu’elles sont prostituées, ce n’est pas en tant que telles qu’elles les précèdent dans le Royaume. Mais c’est bien parce que, elles, à l’époque de Jésus, elles ont bien sûr commencé par pécher, par dire « non » à Dieu, mais elles se sont repenties, elles ont reconnu en Jésus le Messie, leur Sauveur, elles ont changé leur regard, leur « non » s’est changé en « oui ».

Ce que nous dit Jésus c’est qu’il est toujours possible de se convertir, même après les plus grosses erreurs. Même après avoir fait tout le contraire de ce que l’on avait promis que l’on ferait, de ce qu’il nous avait demandé. Même après avoir préféré la chasse aux vendanges…

C’est exactement aussi ce que disait le prophète Ezéchiel dans la première lecture : « si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. »

Et juste avant, Ezéchiel nous rappelait que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, jamais. Il souhaite que le pécheur se convertisse, reconnaisse son erreur.

Dieu souhaite sauver TOUS les hommes. Tous. Y compris les plus pécheurs.

Jésus essaie de le faire comprendre aux docteurs de la Loi, arrogants, qui se sont aveuglés par leur suffisance et qui n’écoutent même plus les demandes des autres, persuadés d’être les meilleurs.

Ils ne comprennent pas. Et ils n’ont pas, contrairement à nous, d’autres textes de la Bible pour nous aider : l’Apôtre Paul, par exemple, qui disait : « Ne soyez jamais intrigants ni vantards… Que chacun de vous ne soit pas préoccupé par ses propres intérêts, mais pense aussi à ceux des autres. »

C’est ainsi qu’après avoir d’abord refusé d’aider notre prochain, on peut retourner vers lui et se convertir en lui disant « oui » après lui avoir dit « non » dans un premier temps.

La conversion, vous savez, ce n’est pas qu’une petite bourgade proche de Lausanne ! Ce n’est pas non plus qu’une figure, à skis, qui nous aide à changer de sens sur une pente trop raide !

La conversion, c’est aussi quelque chose auquel notre cœur est appelé, changer notre cœur, c’est ça, aussi, se convertir.

Commencer peut-être par dire « non » mais rendre tout de même le service qu’on attendait de nous, c’est une conversion. Et pareil pour le Seigneur : on peut toujours retourner travailler à sa vigne, même après lui avoir dit « non » dans un premier temps.

Parce que – ne nous faisons aucune illusion Chers Amis ! – nous sommes plus souvent docteurs de la loi que prostituées repenties, nous sommes plus souvent à donner des leçons aux autres plutôt qu’à revenir vers Dieu avec humilité.

Pour ma part, j’ai toujours du mal à dire « non ». C’est un de mes défauts. Je dis trop souvent « oui »… mais il m’arrive de dire « non » ensuite.

Et je me place dans le cas de celui qui dit : « Oui, oui, je vais venir t’aider ! »… et qui finalement ne le fait pas. J’ai bien du mal à dire « non » d’abord.

Mais peut-être que c’est une bonne chose.

Essayons de plus souvent tenir ce que nous disons – si nous disons « oui » d’abord – et essayons, pourquoi pas, de dire « non » d’abord quitte à venir, ensuite, aider la personne. Ça, c’est une vraie conversion !

Il est toujours temps de dire « oui », même après avoir dit « non ».

Alors changeons de regard et changeons nos cœurs, comme nous y invite le Seigneur.

Retournons vers Dieu, convertissons-nous, nous qui allions faire l’inverse de ce que l’on nous demandait, travaillons ensemble au Royaume de Dieu, construisons ensemble un monde d’après CoVid où l’on sera davantage préoccupé des besoins de notre prochain plutôt que de notre propre intérêt.

L’Amour de Dieu est infini, chers Amis, et quelles que soient nos erreurs, il est toujours possible de revenir vers lui et de lui dire:

–       Tu vois, Seigneur, je reviens vers toi. Je t’ai dit « non » dans mon cœur, mais aujourd’hui je te dis « oui » !

C’est ce que vous avez fait en venant ce soir ici, à cette Eucharistie !

C’est une manière dire au Seigneur :

–      Vois… je t’avais dit « non », mais je reviens travailler, vendanger avec toi les vignes de ton Royaume !

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Les Diablerets, samedi 26 septembre 2020, 18.00 (version enregistrée)

Et dans une version différente jadis :

Vex, samedi 27 septembre 2014, 19.00

Evolène, dimanche 28 septembre 2014, 9.00

Hérémence, dimanche 28 septembre 2014, 10.30

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