Co-pain ou amant merveilleux ?

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Photo DR : cpsainttugdual.catholique.fr
 

Homélie pour la solennité de la FÊTE DIEU, année A

Deutéronome 8,2-16a / Psaume 147 / 1Corinthiens 10,16-17 / Jean 6,51-58

 

(sur une base de François-Xavier Amherdt)
 

Chers Amis,

Un « copain », est-ce plus proche ou moins proche qu’un « ami » à votre avis ?

Moins proche, dans notre langage courant. Si je dis de telle personne que c’est un bon copain, c’est moins fort que si je dis de cette personne que c’est un ami.

Sauf si vous dites « mon » ou « ma » devant « copain » ou « copine ». Parce que là, si vous dites de quelqu’un « c’est ma copine », on comprendra que vous êtes amoureux, que vous sortez ensemble comme on dit. Et bien souvent que vous vivez ensemble. Que vous partagez le même appartement. La même table. Le même pain.

Or c’est justement ce que veut dire le mot « copain », à la base, d’après le latin. Un « co-pain » c’est celui avec on partage le même pain.

Et nous, alors ? Nous partageons le même pain, à cette table. Nous sommes tous copains.

Mais l’expression sonne un peu « mai 68 », vous ne trouvez pas ? Tous copains ! Magnifique ! Dieu est mon copain !

…ça fait un peu léger, quand même ! Il faut sans doute aller un cran plus loin. Car Jésus ne nous dit pas « Je suis le pain », dans l’Evangile d’aujourd’hui. Il dit qu’il est le « pain de vie ».

Le pain de vie… qu’est-ce que c’est ? Curieuse expression! Ça doit sûrement vouloir dire que ce pain-là est beaucoup plus important. Voire même qu’il donne la vie.

Ce n’est pas un simple pain que nous partageons à cette table, c’est le pain de vie.

Dans la première lecture, on rappelait aussi l’expérience étrange de Moïse et du peuple hébreu, dans le désert, quand ils ont reçu du ciel la manne. Et ce mot, manne, vient de l’hébreu « mân-hou », qui veut dire « qu’est-ce que c’est ? ». Eux aussi se sont demandé ce que c’était que cette nourriture.

Alors qu’est-ce que c’est ce pain de vie ? C’est la deuxième lecture qui nous aide à comprendre. St Paul dit que le pain que nous rompons à cette table est COMMUNION au Corps du Christ.

On a un peu tendance à l’oublier, ça. Ce n’est pas seulement le Corps du Christ, c’est un pain de communion. Il faut donc être en communion les uns avec les autres, et en communion avec Dieu, pour s’approcher de cette table. C’est bien pour cela que ce geste s’appelle la Communion, d’ailleurs. Et ce n’est pas toujours simple.

Et Paul ajoute à notre sujet, que nous sommes un seul corps, puisqu’il n’y a qu’un seul pain et qu’il est lui-même Corps du Christ.

Enfin, dans l’Evangile, Jésus nous rappelle qu’il a donné ce pain « pour que le monde ait la vie. »

Nous sommes donc non seulement des copains, mais des copains de vie. C’est la vie que nous partageons.

Alors cette petite hostie qui donne la vie, cette nourriture céleste, combien de fois doit-on la manger ? Une fois par année à Noël ? A Pâques aussi ? Allez, on rajoute la Fête-Dieu ??

Est-il indiqué quelque part que nous devions le prendre tous les jours, ce pain de vie ? Vous ne trouverez pas cela dans l’Evangile.

Mais Jésus se donne dans ce repas, il se donne à nous en véritable amoureux de nous qu’il est. « Je t’aime tellement que je te mangerais ! » se disent parfois les amoureux. Et dans leur intimité ils vont beaucoup plus loin encore : « Prends-mon corps, disent-ils, ceci est mon corps donné pour toi ! »

Ça ne vous rappelle rien, « ceci est mon corps donné pour toi » ? Ce sont les paroles de Jésus que nous redisons à chaque eucharistie : « Ceci est mon corps livré pour vous. » Jésus est notre merveilleux amant, même si cela peut choquer, il est l’amoureux le plus fou de nous, il va jusqu’à nous donner son corps.

Et nous, on prend cette petite hostie parfois sans réfléchir. Alors que Jésus nous dit « Je t’aime », par ce don qu’il nous fait de son corps.

Alors, combien de fois ? Eh bjen demandez donc à des jeunes mariés combien de fois ils doivent se dire « je t’aime »… Une fois par an à Noël ? Aussi à Pâques ? Et soyons fous, une troisième fois à la Fête-Dieu ?? … Pas sûr qu’ils soient d’accord…

A chaque Eucharistie, Jésus revient nous dire « Je t’aime ! ». Quand, au moment de communier, vous entendez l’expression « Le Corps du Christ », c’est « Je t’aime » que vous pouvez y entendre de la part du Christ.

Du coup le « Amen ! » que vous répondez, un mot hébreu qui veut dire « C’est vrai ! », c’est comme si vous lui disiez « J’y crois Seigneur ! Je sais que tu m’aimes ! »

Je connais d’ailleurs des personnes qui, parfois, plutôt que de répondre Amen un peu machinalement, répondent « J’y crois ! ».

– Le Corps du Christ !

– Amen !

ça pourrait se traduire ainsi :

– Je t’aime !

– J’y crois, Seigneur !

J’ai même un ami qui, lorsque je lui ai dit « Le Corps du Christ » m’a répondu une fois « J’espère bien ! ». Ce n’est pas si bête !

– Je t’aime !

– J’espère bien que tu m’aimes !

Les amoureux, ça ne vous rappelle rien, ce dialogue ? Mais oui, vous vous l’êtes dit jadis. Et j’espère que vous vous le dites encore aujourd’hui, tous les jours.

Mais il manque quelque chose.

– Je t’aime.

– J’espère bien… Moi aussi je t’aime !

Ce moi aussi je t’aime, Seigneur, c’est dans le temps d’adoration qui suit la communion que nous le disons.

Adoration extérieure, prostrés devant l’hostie comme nous le ferons tout à l’heure, mais aussi et surtout, comme à chaque Eucharistie, adoration intérieure. Quand nous revenons dans ces bancs, avec Jésus au plus profond de nous, nous lui disons « Moi aussi, je t’aime, Seigneur !« .

Le Christ est venu jusqu’au fond de nous et nous prenons quelques instants de silence pour l’adorer dans notre cœur. Voilà ce qu’à chaque Eucharistie nous devrions nous remémorer, pour que ce Saint Sacrement retrouve tout le sens qu’il doit avoir, toute la dignité qu’il possède, tout l’Amour qu’il signifie, tout ce qui nous relie, nous, les copains de vie éternelle.

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Chermignon d’en Haut, jeudi 18 juin 2014, 10.00

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2 Responses

  1. André Abbet

    Bien ton Homélie
    Une petite histoire vraie: Un pretre à genève avait dit au cardianl Journet: le première partie du Sermon je lai préparée, la deuxième je laisse au S-Esprit parler pour moi.
    Après la messe le cardinal lui dit. Je trouve que vous parlez bien mieux que le St-Esprit. Salut André

  2. Antille Sylvie

    Merci Vincent et surtout on oublie souvent ce MOMENT DE SILENCE car soit un chant vient direct, donc impossible d’apprécier ce merveilleux  » Je t’aime moi aussi Seigneur, bel été, amitié Sylvie

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