Communion et sirop pour la toux

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Photo DR : La Provence.com

 

Homélie pour le 18e dimanche TO, année B

Exode 16,2-4.12-15 / Psaume 77(78) / Ephésiens 4,17.20-24 / Jean 6,24-35

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

J’entends que certains d’entre vous sont dans le même état où j’étais moi-même au début de la semaine, je toussais… Et quand on tousse, eh bien on prend du sirop, du sirop pour la toux.

 

Et je ne sais pas si vous avez remarqué chers Amis, ils n’ont toujours pas réussi, les pharmaciens, avec toute leur science, ils n’ont toujours pas réussi à nous fabriquer un sirop pour la toux qui ait un goût à peu près convenable…

 

Le sirop pour la toux, y a rien à faire, ça a toujours mauvais goût.

 

Peut-être que c’est psychologique, peut-être que c’est simplement parce qu’on est soi-même dans un mauvais état quand on prend du sirop pour la toux, allez savoir…

 

Mais enfin, toujours est-il que c’est pas la chose la plus agréable qu’on puisse ingurgiter.

 

Le sirop pour la toux… pourquoi je vous en parle ?

 

Parce parfois – alors pas ici hein ! – mais parfois, quand je donne la communion, j’ai l’impression, à la grimace de la personne qui la reçoit, de donner un affreux sirop pour la toux.

 

Je ne sais pas s’il y a parmi vous des auxiliaires de l’Eucharistie – mes Sœurs, vous donnez aussi la communion, chacune votre tour – c’est parfois terrible de voir le visage de la personne qui reçoit son Seigneur. On a l’impression que c’est une punition qu’on lui inflige !

 

Alors que c’est la VIE, c’est le pain de vie, c’est même la vie éternelle qu’on reçoit ! Ça devrait se voir !

 

Alors il ne s’agit pas d’avoir un sourire jusqu’aux oreilles ! On sourit avec les yeux, d’abord.

 

Mais ça devrait se voir sur notre visage que nous recevons quelque chose de nourrissant – à tout le moins – quelque chose d’ « extra-ordinaire ».

 

Autre chose qu’un affreux sirop pour la toux, en tout cas !

 

Avons-nous conscience, Chers Amis, avons-nous conscience de ce que nous recevons quand nous venons communier à cette table ?

 

Avons-nous conscience de recevoir le « pain de vie » comme se nommait Jésus dans l’Evangile que nous venons de ré-entendre, l’Evangile de Jean ?

 

Avons-nous conscience de recevoir cette « manne » dont nous parlait la première lecture, et qui tire son nom, vous l’avez entendu, de l’hébreu « mann Hou ? » qui veut dire « qu’est-ce que c’est ? »…

 

Avons-nous conscience, Chers Amis, mes Sœurs, avons-nous conscience de ce que Dieu nous donne gratuitement, chaque jour ?

 

C’est gratuit, la messe hein ! Quand on paie pour donner une intention de messe, on n’achète pas la messe, hein ! ça vous savez ! Notre intention, elle va à des personnes qui en ont besoin, c’est cela que l’on donne lorsqu’on donne une intention de messe, mais la messe elle-même, elle est gratuite, évidemment ! –

 

Avons-nous conscience que Dieu se donne gratuitement chaque jour ? Qu’est-ce qui est gratuit tous les jours aujourd’hui dans notre monde ? Pas grand-chose ! Mais la vie éternelle que nous recevons, nous la recevons gratuitement…

 

Alors recevons cette petite hostie avec respect, et non « comme des païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée » disait St Paul dans la deuxième lecture, la lettre aux Ephésiens

 

Et le respect avec lequel nous recevons la communion, Chers Amis, au passage, n’a rien à voir avec le fait de la recevoir dans la bouche ou dans la main. Il n’y a pas une attitude plus respectueuse que l’autre, mmh ? Qu’on soit bien d’accord !

 

Parce que tout est dans la manière.

 

Je vois des gens qui reçoivent la communion dans la bouche avec un immense respect, et puis des gens qui arrivent en tirant une langue de trois mètres de long… je suis pas sûr que ce soit une attitude respectueuse ! Moi, on m’a appris à ne pas tirer la langue aux gens, hein ! A fortiori à Dieu !

 

Mais inversément : je vois des gens qui reçoivent la communion dans la main avec une infinie gratitude, une attitude de respect intérieur magnifique… et des gens, au contraire qui prennent ça comme si c’était le pique-nique de midi. Quand ils ne s’en saisissent pas eux-mêmes, ce qui est pire.

 

On reçoit Dieu, on ne le prend pas.

 

Si vous avez choisi de le recevoir dans la bouche grand bien vous fasse ! Faites-le avec respect.

 

Si vous avez choisi de le recevoir dans la main, comme le faisaient les premiers chrétiens, alors appliquons ce que nous disait St Cyrille de Jérusalem à ce sujet : « Ne t’avance pas les paumes des mains étendues ou les doigts écartés mais, disait St Cyrille, fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, pour qu’elle puisse elle-même recevoir ton Roi. Et dans le creux de ta main, reçois le Corps du Christ en disant ‘Amen’… »

 

Alors ça aussi, Chers Amis, le mot « Amen », il y aurait à dire quelque chose là-dessus.

 

Parce que « Amen », vous le savez, en hébreu, ça veut dire « J’y crois », « C’est du solide », « Je suis d’accord avec ça »…

 

Nous l’avons entendu quatre fois dans l’Evangile d’aujourd’hui, ce terme. « Amen, amen, je vous le dis… » J’y crois, c’est solide.

 

On dit « Amen » en recevant la communion… On ne dit pas « Merci » comme je l’entends parfois.

 

C’est un très beau mot, « Merci », c’est magnifique… Et il faut savoir dire « Merci »…

 

Mais quelle pauvreté par rapport à « Amen » qui veut dire « J’y crois » ! C’est un acte de foi que de dire « Amen », c’est autre chose que « Merci »…

 

J’y crois ! Il y a d’ailleurs des gens qui disent « J’y crois » plutôt que de dire « Amen », et c’est très bien, ça va aussi…

 

On dit « Amen » avec joie ! Quand on nous dit « Le Corps du Christ »… « Amen ! » « Je suis d’accord avec ça ! » « J’y crois ! »

 

Il y a des « Amen » d’une tristesse absolue… « Le Corps du Christ » – « Ameeeen ». C’est terrible, vous savez !

 

J’y crois ! ça doit se sentir dans notre « Amen ». Ça doit se sentir…

 

Quand on le dit pas la bouche pleine ! Ceux qui reçoivent la communion dans la bouche, on dit « Amen » avant de recevoir l’hostie, je vous le rappelle au passage, hein… !

 

« Amen… j’y crois… tu es le pain de la vie et c’est la vie éternelle que je reçois ! » Voilà ce qu’on a dans le cœur en venant communier. Voilà ce qui devrait transparaître dans nos yeux, transfigurer de nos visages ! Cette belle fête que nous allons célébrer demain…

 

Nous devrions avoir des visages de transfigurés au moment de communier, la lumière devrait traverser notre visage…

 

Mais bien sûr, Chers Amis, nous ne sommes que des êtres humains, vous et moi, et on n’a pas toujours la tête du vainqueur, que ce soit à la messe ou que ce soit ailleurs dans nos journées. C’est normal c’est humain.

 

Essayons alors, au minimum, de ressentir dans le cœur ce respect pour notre Dieu.

 

De ressentir dans notre cœur cet amour que nous avons pour le pain de vie que nous recevons.

 

Essayons d’avoir dans notre bouche autre chose que le goût du sirop pour la toux.

 

Amen.

 

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Carmel de Bayonne, dimanche 5 août 2018, 8.30

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  1. Pralong

    Merci Vincent pour ce rappel dans cette homélie,j’y repenserai bien souvent.

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