De nos petitesses à la force de Dieu

 

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Homélie pour le 11e dimanche TO, année B

Ezékiel 17,22-24 / Psaume 91 / 2Corinthiens 5,6-10 / Marc 4,26-34

 

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Chers Amis,

Hier était une fête importante pour moi.

Voilà 5 ans exactement, le 13 juin 2010, le Seigneur faisait de moi un de ses serviteurs, un prêtre.

Et aujourd’hui tout particulièrement je le remercie de ce qu’il a fait de moi. Et j’ai une pensée émue pour trois personnes qui viennent de décider d’écouter la vocation de Dieu et de devenir prêtres, d’entrer au séminaire. Jean-Bernard, d’Orsières, Simon et Valentin, de Saillon.

Je vous demande de les prendre dans votre prière : Jean-Bernard, Simon, Valentin. Ils ont besoin de votre soutien. Et c’est beau quand des jeunes s’engagent. Peut-être que l’un d’eux sera ici, à ma place, dans quelques années.

Le parcours sur lequel ils cheminent depuis un an déjà, je le connais bien. Il commence par ce que l’on appelle l’année de discernement, où l’on réfléchit, où l’on passe au crible notre vocation. Est-ce celle de prêtre ou en est-ce une autre ?

Et là je vous demande aussi d’avoir une pensée pour ceux qui discernent que non, ce n’est pas au sacerdoce qu’ils sont appelés, mais à autre chose. A une vie de famille par exemple, au mariage. Je pense tout spécialement à un ami de Paris qui vient de discerner cela.

Quoi que l’on discerne, quoi que l’on décide, c’est une fête. Car lorsqu’on sait que Dieu nous accompagne – et c’est cela, le plus important à découvrir – alors on n’est plus jamais seul dans les problèmes qui surgiront, quelle que soit notre vocation.

Mais le plus étonnant reste que, quel que soit notre appel, on a d’abord l’impression d’être beaucoup trop petit, pas du tout préparé. On a envie de dire à Dieu : « C’est pas pour moi, ça… T’es sûr ? mais non… et puis j’y connais rien… »

C’est valable pour tout le monde. Karine et Jonathan dont j’ai béni le mariage hier ont dû, eux aussi, se poser cette question avant de prendre cet engagement. Se demander si c’était bien ça, si leur chemin était bien là, si c’était bien lui, si c’était bien elle.

Au début de toute vocation, on doute, on hésite, on n’est pas sûr. on dit « non », même, des fois. On plaisante avec Dieu : « Quoi, moi ? faire ça ? Mais tu ne me connais pas ! » Eh bien si, justement. Il nous connaît beaucoup mieux que nous-mêmes. Lui sait ce qui est bon pour nous.

Et toute la Bible nous montre que ces hésitations-là, elles sont normales. Les plus grands prophètes ont commencé par douter, par hésiter, par refuser. Même Marie ! Marie qui est Notre-Dame du OUI… eh bien elle a commencé par poser une question à l’ange . « Comment c’est possible ? » Elle aussi.

C’est normal, dans toute vocation. Et la vocation peut venir à n’importe quel âge, on peut en avoir plusieurs dans une vie. Il est normal de commencer par douter quand on se sent appelé ou quand quelqu’un nous appelle à quelque chose.

Les lectures d’aujourd’hui nous montrent cela. Dans la première, le livre d’Ezékiel, Dieu dit qu’il fera surgir une toute petite pousse, à la cime d’un grand cèdre, la plus petite, celle qui, normalement, devrait être balayée par le vent… eh bien non, c’est celle-là que Dieu choisit, la plus improbable petite pousse… et c’est de celle-là qu’il créera un arbre extraordinaire, nous dit Ezékiel.

Se sentir trop petit, trop incapable pour faire quelque chose, notamment en Eglise, c’est souvent bon signe.

L’Evangile est encore plus explicite. Jésus nous parle de la graine de moutarde…

Vous savez tous ce que c’est qu’une graine de moutarde ? C’est minuscule ! Et c’est cela qu’il prend en exemple pour nous dire que Dieu est capable de faire de l’immense avec nos insignifiances.

On ne sait pas comment ça se passe, ça lui appartient. C’est le mystère de Dieu. Comme l’histoire du grain de blé qui germe et qui grandit, même quand le cultivateur dort, il ne sait pas comment… L’Evangile de ce jour.

Quels sont, alors, les grains de blé ou les graines de moutarde qui sont semés dans nos coeurs, Chers Amis ? Posons-nous la question ! Qu’est-ce qui grandit en nous, parfois à notre insu, voulu par Dieu ? Il faut parfois des années pour le découvrir, en projetant le regard en arrière sur le reste de notre vie. Et c’est là qu’on voit le fil rouge que Dieu a voulu.

Prenez moi, par exemple. Si vous saviez l’imbécile que j’étais, jadis. Bourré de défauts, de péchés. Quand je regarde le chemin parcouru depuis que Dieu m’a montré ce qui ferait mon bonheur – vous servir – je suis émerveillé. Emerveillé de tout ce qui a poussé, de tout ce qui a grandi, sans que je le soupçonne une seule seconde…

Alors bon, d’accord, me concernant, Dieu a encore du boulot, je le reconnais humblement.

Mais nous sommes tous un peu comme ça, on se dit que Dieu a du boulot avec chacun de nous. Et c’est le psaume qui vient nous rassurer. Le psaume qui nous disait que, même dans notre vieillesse, même quand semble décliner notre vigueur, disait le psaume, Dieu est capable de nous faire encore porter du fruit.

Cela ne veut pas dire encore avoir des enfants ou des petits enfants, « porter du fruit » c’est beaucoup plus large que ça. Dieu est capable de nous faire porter du fruit, de nous faire faire de grandes choses, quel que soit notre âge, si l’on répond à son appel.

Et la seconde lettre de Paul aux Corinthiens nous rappelait de garder espoir. Notamment si l’on ne s’est pas encore senti appelé, ça va venir ! Peut-être l’avons-nous déjà été et y avons-nous répondu, sans le savoir.

Garder l’espoir, quel que soit aussi le tunnel que nous traversons, les difficultés, les souffrances, les maladies. Dieu a un projet pour nous au travers de tout cela. Nous avons tous une ou plusieurs vocation(s).

Et Dieu est capable, à partir de ce que nous croyons être des défauts ou des petitesses, de réaliser d’immenses choses.

Je vous garantis que j’en sais quelque chose !

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Vex, samedi 13 juin 2015, 19.00

Evolène, dimanche 14 juin 2015, 9.00 (version enregistrée)