Dieu caricaturé

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Homélie pour le 25e dimanche du temps ordinaire

Sg 2,12.17-20 / Psaume 53 / Jc 3,16–4,3 / Marc 9,30-37

Chers Amis,

On se demande souvent s’il n’y avait pas des femmes, avec Jésus… Cette semaine on a même prétendu qu’il était marié…

Or la preuve absolue qu’il n’y avait que des hommes avec lui, comme disciples, est dans l’Evangile d’aujourd’hui. Si, si…

… un temps …

Non? Vous n’avez pas fait attention ? Mais si…

« Ils se disputent pour savoir qui est le plus grand! »

C’est bien les hommes, ça. Se disputer sur des questions de taille ou pour savoir qui est le meilleur, qui boira le plus de verres, qui fera la blague la plus nulle, qui provoquera encore plus que l’autre, qui ira le plus vite… et j’en passe, vous connaissez la suite.

Entre femmes ça n’arrive pas. N’est-ce pas Mesdames ? Une femme ne se demande pas si elle est meilleure que l’autre, elle SAIT qu’elle est meilleure !

Je blague, chers amis… Mais, hélas, c’est très humain – et pas seulement masculin – de vouloir être le meilleur ou le pire du groupe :

– Y en a un qui a réussi à se faire remarquer avec un truc ? On va faire encore plus voyant !

– Un copain roule à 150 à l’heure ? Moi je vais rouler à 200 à l’heure et dépasser les flics, vous verrez…

– Un abruti a sorti une vidéo débile ? Je vais dessiner des caricatures encore plus débiles !

– T’as construit une centrale nucléaire pour avoir la bombe ? Je vais en construire deux ! On verra qui est le plus fort !

Vous voyez qu’en une semaine, on a tristement illustré ce passage d’évangile… Les disciples se disputaient pour savoir qui était le plus grand… on n’a pas tant évolué, finalement !

Et ce genre de choses font des dégâts. On l’a vu aussi cette semaine. Ça tue, même.

Rien de nouveau. Jacques nous le disait dans la deuxième lecture…

… un temps…

Non ? Vous ne voyez plus ? Je vous relis un extrait de ce que nous venons d’entendre :

« D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez. »

Et alors, le sommet absolu, c’est quand on peut se venger sur un juste, évidemment. Parce que la simple existence d’un juste, d’un bon, d’un meilleur que nous, sa simple existence nous est absolument insupportable.

Ça c’était la première lecture, le Livre de la Sagesse…

…un temps…

Bon, je vois que je dois, là aussi, vous relire un extrait :

« Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie. […] Soumettons-le à des outrages, à des tourments, à des caricatures… «

…heu… ah non, il n’y a pas « caricatures » dans le texte. Mais l’idée est là, des outrages, des tourments…

Et la Sagesse enfonce le clou – si j’ose dire – en terminant ainsi : « Condamnons le Juste à une mort infâme. »

Genre… la Croix, par exemple ?

Mais oui, chers Amis ! Pourquoi les Chrétiens réagissent moins durement aux caricatures que nos frères Musulmans ?

Parce qu’on a moins la foi qu’eux ? Mais quelle bêtise ! Bien que ça ait été dit à la radio cette semaine ! C’est pas pour ça !

Pas du tout ! Nous réagissons moins à la caricature de notre Dieu parce que notre Dieu à nous est DEJA caricaturé !

La croix, la mort du juste comme un esclave, les moqueries des soldats : « Descends, si t’es un Dieu ! », « On verra bien si le prophète Elie viendra à son secours ! » Le vinaigre, la couronne d’épines, le manteau de pourpre, l’inscription « Roi des Juifs » au sommet de la croix… Quelles caricatures plus infamantes que celles-ci ?

Notre Dieu est déjà caricaturé. Et nous avons transformé cette caricature en acte de foi. C’est la folie de la croix, comme disait Paul. C’est parce que c’est fou que c’est vrai.

Et le Centurion, au pied de la croix, l’avait parfaitement compris. C’est après avoir vu tout cela, toute cette caricature vivante, qu’il s’écrie : « Vraiment, cet Homme était Fils de Dieu ! »

Oui ! C’est cet homme-ci qui est Dieu, ce juste que l’on bafoue, celui-là même qui n’a pas voulu se comparer aux autres pour savoir qui était le meilleur. Celui qui s’est laissé caricaturer à l’extrême. C’est celui-là qui est Fils de Dieu.

Quand on renverse nos manières de voir, nos instincts humains, on chemine vers Dieu. Et bien sûr, c’est tellement énorme que ça prend l’allure d’une caricature !

« Tu veux être le plus grand ? Prends la place du serviteur ! »

« Tu veux devenir un Homme ? Regarde cet enfant et essaie de lui ressembler davantage ! »

La pédagogie de Jésus est extraordinaire… Et toujours aussi actuelle.

Evidemment, pour appliquer cela il faut une bonne dose de lâcher-prise, une bonne dose d’humilité, et pas mal d’humour aussi.

Lâcher-prise, humour, humilité. Si vous trouvez ces trois-là dans l’actualité de la semaine, je vous paie un verre !

« C’est dans la paix qu’est semée la justice » disait aussi la lettre de Jacques.

Alors chers Amis, demandons simplement à Dieu de nous aider à cheminer vers la paix, avec humour, avec humilité, avec lâcher-prise, en redevenant non pas les gamins que nous sommes, mais les enfants purs, simples et joyeux qui, eux, entreront dans le Royaume !

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Icogne, 22 septembre 2012, 18.30

Montana-Village, 23 septembre 2012, 11.00

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3 Responses

  1. bemelmans emile

    Merci pour tout le sermon.
    Ton numéro d’é-mail a été transmis en Belgique dans la famille.
    Amitiés. Emile

  2. Virginie Santoro

    Toujours un plaisir de lire tes sermons!
    celui ci m a particulierement plu!
    On se voit vite et je m en réjoui
    Bises
    Virg’

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