Dieu et le Chasse-neige…

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Homélie pour le 2e dimanche de l’Avent C

Baruch 5,1-9 / Psaume 125 / Philippiens 1,4-6.8-11 / Luc 3,1-6

C’est l’histoire – véridique – d’une amie. Ces derniers jours, alors qu’il avait bien neigé, elle débouche d’un petit chemin sur une grande route cantonale. Pas de bol, le chasse-neige venait de passer sur la grande route. Et donc il y avait un joli petit tas de neige entre le chemin et la route.

« C’est pas ça qui va m’arrêter », se dit-elle. « Je passe ! ».

La voiture est montée sur le petit tas de neige… et est restée bloquée dessus. Et là, l’amie en question faisait moins la fière.

Dans ce genre de cas on passe Dieu, en général, par tous les noms d’oiseaux possibles. Et au passage on lui demande pourquoi il n’est JAMAIS là au bon moment pour nous aider.

Non, vous pas ? Moi, si, en tout cas, je vous assure que ça m’arrive de l’engueuler, et même sévèrement des fois.

Je ne sais pas si l’amie en question en a eu après Dieu ce jour-là.

Mais toujours est-il que, quand j’ai entendu cette histoire tout récemment, ça m’a bien fait réfléchir. Et notamment en rapport avec les textes d’aujourd’hui…

Et j’en suis venu à la conclusion que nous sommes beaucoup à vouloir passer le petit tas de neige, à l’approche de Noël.

Oh, pas tellement sur nos routes cantonales, même si la neige les envahit ces jours. Mais plutôt sur nos routes spirituelles

Ah ben oui… bien sûr… les histoires de routes que nous avons entendues dans les lectures d’aujourd’hui, vous n’avez tout de même pas imaginé qu’il s’agissait de vraies routes, avec de la vraie neige à aplanir ? Ces textes nous parlent des routes spirituelles de nos coeurs… des routes que nous avons bien du mal à déneiger, à aplanir, à l’approche de la venue du Seigneur…

Le prophète Baruch parlait effectivement de routes aplanies, dans la première lecture. « Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin de cheminer en sécurité… »

Luc, lui aussi, parle de routes à aplanir, dans l’Evangile, pour préparer la venue du Seigneur : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées : les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies… »

Vous avez remarqué, au passage, combien ces deux lectures se répondent

Et on se demande franchement ce que vient faire Paul, là au milieu, avec sa lettre aux Philippiens. Paul qui nous parle d’amour et qui nous demande que notre amour nous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance de ce qui est vraiment important.

Alors, comme souvent, on ne prêche pas sur Paul. Ou alors on vire carrément la deuxième lecture, c’est plus simple.

Alors que Paul, justement, vient nous donner la clé de ces histoires de routes.

Il s’agit, bien sûr, de routes spirituelles, des routes de nos cœurs. Et des petits tas de neige qui se sont accumulés dans le fond de nos coeurs. Nos cœurs pleins d’autosuffisance et qui se disent : « je m’en sortirai tout seul, de ce problème. » ou encore « C’est pas ça qui va m’arrêter, je passe ! »

…et on passe sur le tas de neige de l’Avent en voulant atteindre la route cantonale de Noël, et on reste bloqués…

Paul aussi parle de travaux routiers, mais à sa manière… réécoutez bien : « Puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail… » Dieu, ici, c’est le conducteur du chasse-neige, hein. Il a fait un super travail sur la route cantonale. Seulement, évidemment, il nous a placé un petit mur de neige, du même coup. Comme s’il voulait nous dire : « et toi, tu as pas aussi un tout petit travail à faire ? Moi je viens de racler six kilomètres de route. Je t’ai placé un petit obstacle d’un mètre. C’est faisable, non ? »

C’est faisable, mais pas tout seul. Et on veut s’en sortir TOUT SEULS, sans outils et sans lui ! On n’attend pas qu’il vienne avec la souffleuse nous enlever ce petit mur. On passe ! Et on bloque…

Et Paul continue : « Je demande que votre amour vous fasse PROGRESSER… Ainsi dans la droiture vous marcherez SANS TREBUCHER vers le jour du Christ. »

Progresser sans trébucher, ça vous parle mieux, là ?

L’amour qui nous permet d’avancer, c’est l’humilité de reconnaître que, de temps en temps, plutôt que de dire à Dieu « Qu’est-ce que tu fabriques, t’es où là ? », on pourrait lui dire : « Ecoute, t’es bien sympa d’avoir fait les six kilomètres, mais si tu pouvais m’envoyer quelqu’un pour m’aider parce que, seul, je ne pourrai pas passer ce mur. Ou une pelle, simplement une pelle.»

Deux étapes donc :

1) Voir que la route cantonale est déneigée, donc que Dieu a déjà fait un sacré boulot dans nos cœurs. Le remercier, ça se fait et ça coûte pas grand chose (ça, c’était le psaume qui le disait : « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous ! »).

2) Voir le petit mur de neige, ne pas croire qu’on peut y arriver tout seul, se reconnaître dans le besoin face à Dieu, plutôt que de maudire son absence…

Alors chers Amis, pendant ce temps de l’Avent, débarrassons-nous de nos vieilles habitudes de conducteurs et conductrices

Ne croyons pas que nous allons pouvoir passer tout seuls le petit tas de neige spirituelle qui s’est entassée dans nos cœurs. Demandons un peu d’aide à Dieu, plutôt que de pester parce qu’il n’est jamais là au bon moment. Demandons-lui des outils !

– La pelle à neige – c’est un bon début mais c’est long – s’appelle la prière.

– Les pneus neige – plus efficaces – ça s’appelle le partage, la solidarité, l’amour. C’est ça qui nous fait adhérer au sol de la Foi.

– Les chaînes à neige – encore plus efficaces – s’appellent l’Eucharistie, c’est ce que vous êtes venus chercher ce matin.

– Le chasse-neige – le top du top – s’appelle le sacrement du pardon.

…Et le gars qui est en gilet orange au bord de la route, il est en blanc et violet dans vos assemblées, ça s’appelle un prêtre. Lui, il a le numéro du conducteur du chasse-neige… Et il a une souffleuse avec lui.

Alors, vous tentez le passage jusque vers Noël tout seuls comme des grands, chers Amis ? Libre à vous. Mais si jamais, nous sommes là, mes confrères et moi, au bord de la route.

Alors à bientôt…

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Corin, 9 décembre 2012, 9.00

St Maurice-de-Laques, 9 décembre 2012, 10.30

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