Dieu et les poignées de portes

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Photo DR : groupe.doctissimo.fr

Homélie pour le 17e dimanche du temps ordinaire, année B

1Rois 4,42-44 / Psaume 144 / Ephésiens 4,1-6 / Jean 6,1-15

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[homélie en plein air pour la journée d’été de l’Equipe Notre-Dame « Martigny 4 »]

…J’ai quand même eu le temps de vous préparer quelque chose ce matin… Et comme très souvent, ce que j’ai à vous dire est venu d’une expérience qui m’est arrivée… CE MATIN ! c’est pas vieux…

Je suis allé prendre un café au Cabanon, en-haut à Champex, et j’ai été témoin d’une scène assez amusante. En voulant rentrer, une femme a tiré un peu trop fort sur la poignée de la porte et est arrivé ce qui devait arriver : la poignée est tombée, à l’extérieur… et celle de l’intérieur est tombée, aussi. Et du coup, depuis l’extérieur, elle me fait des grands signes. Et moi, à l’intérieur, je vois la porte, la poignée par terre. Impossible d’ouvrir d’un côté comme de l’autre. On a dû s’y mettre ensemble, elle depuis l’extérieur à remettre attentivement la poignée et moi de l’autre côté à la mettre exactement au même endroit, pour que l’un rentre bien dans l’autre, et qu’on puisse à nouveau ouvrir la porte.

J’étais en train de lire les lectures d’aujourd’hui quand cette scène m’est arrivée, et à me demander ce que j’allais bien pouvoir vous dire. Et je me suis rendu compte que Dieu est un petit peu comme cette femme qui attendait dehors. Il frappe à la porte de notre cœur, mais il a besoin de nous pour pouvoir ouvrir. Chacun doit y mettre du sien. Alors lui, bien sûr il y met du sien, mais nous aussi il faut qu’on puisse remettre la poignée qui de temps en temps est tombée.

Et dans les lectures d’aujourd’hui, c’est exactement cette collaboration entre Dieu et nous qui est mise en avant.

On a entendu deux récits de multiplication des pains. Dans la première lecture, dans l’Ancien Testament, le livre des Rois que nous a lu Julien, et puis l’autre dans l’évangile de Jean, que je viens de vous relire.

Et à chaque fois, vous l’avez peut-être remarqué, il y a un intermédiaire entre Dieu et la foule. il y a un intermédiaire qui permet le miracle. Dans la première lecture c’est un homme de Baal-Shalisha – [au lecteur] c’était difficile à dire, hein, ça… – c’est un homme de Baal-Shalisha qui apporte à Elie vingt pains d’orge et du grain frais. Elie est appelé « l’homme de Dieu« , c’est un peu le prêtre qui prépare ces pains pour les gens. Dans l’Evangile, vous avez peut-être fait attention, c’est un enfant. C’est un enfant qu’André repère dans la foule, en disant à Dieu : « Il y a, là, un jeune garçon qui a du pain et du poisson !« 

Et c’est pas innocent, dans les deux cas. Les textes montrent que Dieu, pour nous nourrir, a besoin aussi d’intermédiaires. et en l’occurrence il a besoin des gens que la foule mettrait volontiers de côté en disant qu’ils sont un peu inutiles. C’est pas un petit enfant qui va apporter à manger pour toute cette foule – eh ben si ! C’est pas un païen qui va apporter à manger pour la messe – eh ben si !

Vous me direz : comment est-ce qu’on sait que l’homme du livre des Rois, de Baal-Shalisha, est un païen ? C’est pas dit… Mais il y a un jeu de mots en hébreu. Baal-Shalisha ça peut vouloir dire le village d’origine de cet homme (C’est une localité aujourd’hui qui s’appelle Kafr, en Palestine), mais Baal-Shalisha, en hébreu, ça vient d’une racine qui veut dire « celui qui adore trois faux-dieux« … Baal, c’est le faux-dieu, hein, on l’entend dans tout l’Ancien Testament, et puis Shalisha c’est une racine [en] hébreu qui veut dire « trois fois« . Celui qui adore trois fois un faux-dieu, ou bien trois faux-dieux. Il est pas spécialement bien accueilli, normalement, celui-là. Eh bien c’est lui que Dieu choisit pour donner à manger à la foule.

Comme si, là, arrivait maintenant un musulman, un témoin de Jéhovah, un hindouiste, ou bien quelqu’un qui est sans Dieu, et puis que c’est qui nous apportait les hosties pour célébrer la messe, c’est exactement ça !

Intéressant ce que Dieu veut essayer de nous dire là. Dieu a besoin de cet homme, comme il a besoin de l’enfant qu’André a repéré dans la foule, il a besoin de chacun de nous, même les plus petits, même Charline et Danny, il a besoin de chacun de nous pour donner à manger aux autres.

Et personne n’est trop petit, ou trop idiot, ou trop inutile, ou trop éloigné de Dieu… personne ! Il a besoin de tout le monde !

Et ça, pour finir, eh bien c’est la deuxième lecture qui nous l’expliquait. C’est Paul, dans la lettre aux Ephésiens, qui venait couronner cette idée, en faire un beau bouquet comme ces fleurs, ici.

Paul nous disait que chacun a sa vocation. « Dieu vous a tous appelés« , disait Paul. L’important, c’est de vivre, vous l’avez entendu, c’est de vivre sa vocation avec douceur, humilité et patience. C’est ce que disait Paul.

Par l’impatience de Philippe, dans l’Evangile, ben on serait découragés ! Philippe dit à Jésus : « Mais on n’arrivera jamais à nourrir tous ces gens-là, c’est pas possible ! » Eh ben non, faut pas être impatient, faut être patient.

On les connaît bien les « on n’y arrivera jamais » dans nos vies… « J’ai des examens à passer – j’y arriverai jamais ! » Ben si, ça passe, tôt ou tard aussi… même si on doit refaire, des fois.

Notre vocation, quelle qu’elle soit, suppose la patience… La patience de Jésus qui fait asseoir tout le monde, il commence par là. Plutôt que de se demander s’il y aura assez à manger, ben commençons par s’asseoir, on verra bien. La douceur d’André qui remarque le petit garçon dans la foule, qui dit « Tiens, lui… lui il peut nous être utile ! » L’humilité de ce petit garçon qui apporte les pains et les poissons.

Chacun est utile, chacun de nous est utile, chacun a son rôle, et Dieu nous a tous appelés à l’espérance, disait encore Paul.

Douceur, humilité, patience, espérance, c’est ainsi qu’on répare les poignées des portes de nos cœurs pour que Dieu puisse y entrer et y faire des miracles.

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Le Crettet (Vallon de Champex, VS), dimanche 26 juillet, 11.00

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